Critique du film 4h44 Dernier Jour Sur Terre de Abel Ferrara

[critique] 4h44 Dernier Jour Sur Terre

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Affiche du film 4H44 DERNIER JOUR SUR TERRE

New York. Cisco et Skye s’apprêtent à passer leur dernier après-midi ensemble. C’est l’heure des adieux, l’occasion d’une ultime étreinte. Comme la majorité des hommes et des femmes, ils ont accepté leur destin. Demain, à 4h44, le monde disparaîtra.

Note de l’Auteur

[rating:9/10]

Date de sortie : 19 décembre 2012
Réalisé par Abel Ferrara
Film Américain
Avec Willem Dafoe, Shanyn Leigh
Durée : 2h22min
Titre original : 4:44 Last Day on Earth
Bande-Annonce :

La fin du monde selon Abel Ferrara : New York évidemment, un loft, un couple (Willem Dafoe et Shanyn Leigh, compagne du réalisateur), des écrans. Le dispositif est épuré sans être minimal. Beaucoup de professionnels de la critique cinématographique ont reproché la pauvreté du film, dans l’écriture comme dans la mise en scène (cf. Le masque et la Plume du 30.12.2012). Ici, nous pensons tout le contraire. Le spectateur se doit d’être actif, partie prenante d’un film fourmillant d’idées, bien qu’inégales.

Photo (1) du film 4H44 DERNIER JOUR SUR TERRE

La force principale de l’œuvre est son idée de l’apocalypse. Oubliez, si ce n’est pas déjà fait, 2012, sa grandiloquence et son sensationnalisme. Dans 4h44. Dernier jour sur Terre, la fin est programmée, pas de lutte pour la survie. L’issue est scellée dès les premières minutes du film, la fin est factuelle, scientifique. Pourtant, rien ne change. Les livreurs livrent, les voitures roulent et respectent le code de la route, les piétons marchent et ne courent pas. Le monde va, sans soubresaut, vers sa fin. La fatigue de soi à son paroxysme. Calmement, Abel Ferrara prend à contre-pied un certain fantasme de fin du monde (que représenterait 2012) pour en filmer une réalité bien morne. Nous ne sommes pas si loin de la phrase d’Albert Camus : « L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ». L’idée inconvenante que ma mort (et celle du monde accessoirement) peut advenir une journée tout à fait ordinaire.

Photo (2) du film 4H44 DERNIER JOUR SUR TERRE

Abel Ferrara est cinglant, face à une mort imminente et certaine, les hommes demeurent très exactement les mêmes. Aucune spiritualité ne leur tombe dessus, nulle révélation ni épiphanie ; les personnages restent au chaud dans leur amertume, leurs regrets, leur culpabilité. Les vieilles rancunes d’ex-amoureux rejouent une ultime partition, les démons de l’addiction ressurgissent et ainsi de suite.

Si le constat est âpre, le réalisateur conserve un ton moqueur et ironique (cf. la conversation déphasée et hallucinée entre Willem Dafoe et le Dalaïlama ou lorsque le présentateur du JT rend définitivement l’antenne).

Abel Ferrara est cinglant, face à une mort imminente et certaine, les hommes demeurent très exactement les mêmes.

Les écrans, le film en est rempli. Tous différents, ils sont partout car adaptés à chaque usage, le smartphone dans le canapé, la tablette sur la table de la cuisine, l’ordinateur baladé et enfin la télé trône. La bande sonore est sans cesse saturée d’une ou plusieurs sources d’informations. Brouhaha. Toute information est ainsi au même niveau, sans hiérarchie, imperceptible. Une profonde angoisse nait ici, quelque chose que nous ressentons tous et qu’Abel Ferrara met en images et en sons. Dans cette cacophonie, quelque chose d’essentiel se joue. Sur-sollicité émotionnellement et intellectuellement, l’information véritable devient inaccessible. Tout est là mais indiscernable.

Nous pourrions pousser plus loin la critique tant le film, loin d’être parfait, est original et dévoile beaucoup de pistes de réflexion. La mise en scène est inventive et pédagogue, Willem Dafoe est parfait (alors que Shanyn Leigh en est loin).

A voir et à prolonger…

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Rédacteur depuis le 22.04.2011

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