Critique du film Amour réalisé par Michael Haneke avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert.

[critique] Amour

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Affiche du film AMOUR

Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d’une petite attaque cérébrale. Lorsqu’elle sort de l’hôpital et revient chez elle, elle est paralysée d’un côté. L’amour qui unit ce vieux couple va être mis à rude épreuve.

Note de l’Auteur

[rating:2/10]

Date de sortie : 24 octobre 2012
Réalisé par Michael Haneke
Film Français, Allemand, Autrichien
Avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert
Durée : 2h07min
Titre original : Amour
Bande-Annonce :

ATTENTION : le texte qui suit dévoile des passages clés de l’intrigue du film. Ne lire la critique que si vous avez vu le film.

Haneke drape son film d’une objectivité apparente. Il rejette tout sensationnalisme et tombe dans le piège qui stipule que le naturalisme épuré est la meilleure représentation du réel. Il tue dans l’œuf les larmes, les cris, les grands élans émotionnels pour aboutir à la moelle dramatique d’une situation : la décrépitude d’une femme, l’isolement d’un couple, l’amour face à la mort. Haneke en réalisateur sévère nous refuse, ou plutôt nous complique, l’empathie en distançant autant que possible ses personnages. Cela passe notamment par des dialogues qui sont assurément l’une des énormes lacunes du film. Si littéraires qu’ils perdent toute vraisemblance (certes il n’écrit pas dans sa langue maternelle mais l’émotion du spectateur n’est pas corrélée à l’effort du réalisateur).

Photo (1) du film AMOUR

Haneke a confiance en son cinéma et ose. Le montage, l’utilisation répétée de plan-séquences, le mouvement lent et laborieux des personnages dans l’espace donnent toute la dimension de la vie du couple octogénaire. Mais cela confère finalement des angoisses au spectateur : Quand va-t-il couper cette scène ? Non, mais tu vas voir qu’elle va lire le bouquin jusqu’au bout ? Et là, il va le filmer longtemps couper les fleurs d’une plante ou capturer un pigeon ? Coupez M. Haneke ! … s’il vous plait.

Si, comme vous commencez à le comprendre, le film a rebuté votre serviteur, il l’a subjugué sur un point, sa mise en scène du son. Le réalisateur qui avait pensé titrer son film « Quand la musique s’arrête » utilise, comme il en a l’habitude, la musique « en situation ». Le son est à la fois moteur vital et lien : d’abord la musique (comme sonorité la plus noble) puis la parole puis l’ultime onomatopée. Le ciment du couple est avant tout la musique classique. Lorsque l’un des deux ou les deux disparaissent du champ, la parole demeure et continue de faire le liant. Le son est le support d’une continuité spatiale comme temporelle. La musique est le vecteur du souvenir, cf. cette très belle scène de remémoration d’Anne en train de jouer au piano. Le silence (donc la mort) encadre le film, les deux génériques étant complètement muets. Ainsi, c’est à la disparition de toute possibilité de dialogue sonore entre les deux personnages que la vie s’évanouira également. C’est un énorme travail sur le son hors-champ que propose Haneke.

Michael Haneke, à qui l’on a tellement reproché la caméra clinique et froide, doit probablement se penser « désillusionné mais tendre » avec Amour. Il est sadique et sans étincelle.

Plusieurs critiques ont applaudi la prise de position politique de Michael Haneke pro euthanasie. Quelque soit la conviction du réalisateur autrichien, il ne filme pas l’amour mais l’adversité. Comme la claque le laisse supposer, le geste final n’est pas un acte d’amour mais celui d’un égoïste excédé, épuisé. Ce n’est pas une euthanasie mais un meurtre. Georges aurait pu laisser s’évanouir sa femme dans la douceur d’un cocktail chimique, elle partira dans les soubresauts d’un étouffement. Michael Haneke, à qui l’on a tellement reproché la caméra clinique et froide, doit probablement se penser « désillusionné mais tendre » avec Amour. Il est sadique et sans étincelle. Haneke condamne d’une main (l’horreur de la fin de vie) et de l’autre, par « supplément d’âme » soulage et euthanasie. C’est un cinéaste tyrannique, certes virtuose incontestable mais à l’esprit lourd et marécageux. Note positive finale oblige, Jean-Louis Trintignant est immense, il sublime des dialogues pourtant si peu gracieux.

Photo (2) du film AMOUR

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Rédacteur depuis le 22.04.2011

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  1. J’ai un bémol sur cette critique, malgré que je partage quelques réserves, c’est sur la fin, l’acte d' »amour » final. Je l’ai pas ressenti de la même manière, j’ai justement aimé le fait que la scène soit totalement ambigue. Le fait-il par amour ou par lassitude, par dépit? Il y a un vrai doute dans la scène qui en fait sa force, là où un cocktail de médicaments aurait donné une indication trop évidente pour le spectateur.

    Pour une fois qu’Haneke ne donne pas des coups de baton sur son spectateur avec une leçon de morale ou d’histoire.

    1. C’est intéressant ce que tu dis. Pour moi, la claque enlève toute ambiguïté.

      Je trouve que, quelque soient ses intentions, il y a une complaisance à la lourdeur, à la souffrance. Il supprime toute possibilité de grâce et de légèreté à la fin de vie. S’il cherche à nous dire que « la fin de vie, c’est dur » alors ce film est vraiment creux…

      1. Mais quelle erreur dans l’interprétatiuon, mais quelle lourdeur dans la critique, Enfin Mathieu ne soyez pas si condescendant.

        Cette homme n’agit pas horriblement, il est remplit de désillusion et en prois au désespoir. L’auteur tentais évidemment de transcrire la lassitude, la souffrance et la désillusion de Trintignant abandonné, ésseulé et sans aucun repère (ainsi il se voit obligé d’engagé des infirmières).

        Hannek nous montre l’homme dans sa nudité et son dénuement le plus complet, il va jusqu’à mettre en scène une altercation entre une infirmière et Trintignant dans laquelle sont mis en lumière les mauvais traitements et le peu de dignité accordées aux malades.
        Permettez moi donc mon cher Matthieu de mettre en doute votre interprétation, totalement érronée qui, lors d’une épreuve de bac serait qualifiée de hors sujet sans doute aucun. Une analyse fausse donc, et un raisonnement bien trop subjectif pour etre posté sur la toile.

        1. Je vous signale, mon cher Aymeric, que je parle bien d’ambiguité, d’un doute par rapport à la scène. Mais vous préférez, mon cher Aymeric, des analyses toutes blanches ou toutes noires, sans nuances.

          Donc, je présume, mon cher Aymeric, que je dois m’en remettre à votre parole d’évangile, que vous avez probablement accès à la vision d’Haneke et que vous me retirez, là encore avec raison, ma liberté de questionnement et de ressenti par rapport à un œuvre d’art. Peut être à l’Art en général?

          Vous jugez, mon cher Aymeric, mon interprétation erronée, digne d’un hors sujet. Votre commentaire lui, est un exemple typique de condescendance. J’aurais aimé avoir une discussion, des points de vue, une analyse sur ce film brillant, vous préférez le dogme. Amen.

  2. J’ai un bémol sur cette critique, malgré que je partage quelques réserves, c’est sur la fin, l’acte d' »amour » final. Je l’ai pas ressenti de la même manière, j’ai justement aimé le fait que la scène soit totalement ambigue. Le fait-il par amour ou par lassitude, par dépit? Il y a un vrai doute dans la scène qui en fait sa force, là où un cocktail de médicaments aurait donné une indication trop évidente pour le spectateur.

    Pour une fois qu’Haneke ne donne pas des coups de baton sur son spectateur avec une leçon de morale ou d’histoire.

    1. C’est intéressant ce que tu dis. Pour moi, la claque enlève toute ambiguïté.

      Je trouve que, quelque soient ses intentions, il y a une complaisance à la lourdeur, à la souffrance. Il supprime toute possibilité de grâce et de légèreté à la fin de vie. S’il cherche à nous dire que « la fin de vie, c’est dur » alors ce film est vraiment creux…

      1. Mais quelle erreur dans l’interprétatiuon, mais quelle lourdeur dans la critique, Enfin Mathieu ne soyez pas si condescendant.

        Cette homme n’agit pas horriblement, il est remplit de désillusion et en prois au désespoir. L’auteur tentais évidemment de transcrire la lassitude, la souffrance et la désillusion de Trintignant abandonné, ésseulé et sans aucun repère (ainsi il se voit obligé d’engagé des infirmières).

        Hannek nous montre l’homme dans sa nudité et son dénuement le plus complet, il va jusqu’à mettre en scène une altercation entre une infirmière et Trintignant dans laquelle sont mis en lumière les mauvais traitements et le peu de dignité accordées aux malades.
        Permettez moi donc mon cher Matthieu de mettre en doute votre interprétation, totalement érronée qui, lors d’une épreuve de bac serait qualifiée de hors sujet sans doute aucun. Une analyse fausse donc, et un raisonnement bien trop subjectif pour etre posté sur la toile.

        1. Je vous signale, mon cher Aymeric, que je parle bien d’ambiguité, d’un doute par rapport à la scène. Mais vous préférez, mon cher Aymeric, des analyses toutes blanches ou toutes noires, sans nuances.

          Donc, je présume, mon cher Aymeric, que je dois m’en remettre à votre parole d’évangile, que vous avez probablement accès à la vision d’Haneke et que vous me retirez, là encore avec raison, ma liberté de questionnement et de ressenti par rapport à un œuvre d’art. Peut être à l’Art en général?

          Vous jugez, mon cher Aymeric, mon interprétation erronée, digne d’un hors sujet. Votre commentaire lui, est un exemple typique de condescendance. J’aurais aimé avoir une discussion, des points de vue, une analyse sur ce film brillant, vous préférez le dogme. Amen.