CITIZENFOUR

[critique] CITIZENFOUR

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Mise en "scène"
5
Portée pédagogique
8
Portée empathique
9.5
Portée politique
6
Note des lecteurs0 Note
0
7.1

[dropcap size=small]U[/dropcap]n nouvel angle se profile (partiellement) dans l’étude du cinéma post 11/09, grâce au documentaire CITIZENFOUR:
la prise de conscience de la manipulation, et la réaction.

Nous sommes tous au courant depuis 2013: la NSA a élaboré un système de surveillance particulièrement pernicieux, capable d’examiner les données privées de toute personne connectée, américaine ou non. Le documentaire CITIZENFOUR revient ainsi sur deux choses:

De façon très pédagogique, et preuves a l’appui (fournies par Snowden), il dénonce la paranoïa extrême de l’état américain et la dérive de ses actions, réalisées au nom de la sécurité du citoyen américain.

D’un autre coté, il dévoile qui est véritablement Edward Snowden, cet analyste travaillant indirectement pour la NSA, et ayant eu accès aux dossiers les plus confidentiels de l’état.
Un simple homme qui prit une décision incroyable: rendre ces documents publics, et dénoncer ce passe-droit très totalitaire, très « Big Brother ».

Ainsi, le climax du film est clairement ce moment de 45 minutes qu’est la rencontre de Glenn Greenwald et Ewen MacAskill avec Ed Snowden, dans sa chambre d’hôtel d’Honk-Kong. Il s’agit selon le film, de l’exact moment ou les fameuses révélations ont été faites au monde, par cette même équipe de journalistes.
Laura Poitras fixe ainsi sa caméra dans cette chambre ou se déroule un drame, une prise de conscience et un acte politique.
Suffisamment longtemps pour permettre au spectateur de bien comprendre les enjeux de ce geste, à la fois terroriste et juste; les risques encourus, humains comme politiques, pour chaque parti impliqué. Ed Snowden y est par conséquent présenté comme un homme très intelligent, conscient, et accessoirement, non dénué de recul et de second degré… Un homme drivé par l’idée d’une quête de justice et de vérité, sincère et incontestable. Ce climax évidemment, relève plus du domaine de l’empathie que de l’information. C’est pour cela qu’il est si puissant, et par extension, marque le spectateur.

CitizenFour (2)

Conformément à ses propres déclarations, ce film ne pouvait pas exister avant que la prise de conscience n’ait lieu. Il ne fallait surtout pas dévier l’attention du véritable sujet – la dérive totalitaire de la NSA.
L’évènement étant digéré, CITIZENFOUR se propose de réhabiliter le charismatique Ed Snowden en tant qu’héros de l’ombre… Un true American, un Dark Knight prêt à endosser tout le fardeau de ses actes, au nom de son peuple.
On peut ainsi se demander si CITIZENFOUR n’est pas influencé par une certaine glorification d’Edward Snowden… S’il n’est pas lui également, objet de manipulation et de propagande… En faveur de son propre sujet.

Surtout que question mise-en-scène, le film n’est pas exempt de défauts. Comme tout documentaire dénonciateur, si l’on extrait les informations brûlantes, que reste t-il ?
Laura Poitras prépare l’avant et l’après climax en étoffant le discours dénonciateur de façon peu subtile, par quelques évènements forts mais vains (interventions publiques de journalistes); en filigrane, elle trace une charge relativement agressive contre l’administration Obama, comme seul responsable du mensonge fait au peuple américain.
« Being the mayor… It’s like dealing with a large cup of shit« , pour citer The Wire
S
ans vouloir développer ce sujet, il m’a semblé que le problème était un tout petit peu plus complexe… Que cette digression visait surtout à renforcer la puissance et le courage du geste d’Ed Snowden.
L’état est grand, fort, indestructible et menteur. Un homme seul ose se dresser contre lui…
Une mise-en-situation me rappelant celle des films de super-héros contemporains. Si cela tend clairement à rendre le film plus cinématographique, plus accessible, ce cinéma documentaire n’est il pas au final, qu’une « mise-en-scène du réel » ?

« mise-en-scène pédagogue et empathique d’un Edward Snowden personnifiant l’idée d’une quête de justice et de vérité, sincère et incontestable »

Quoiqu’il en soit, je prends le parti d’y croire, et d’assimiler cet altruisme hardcore à une personnification de la conscience américaine.
Edward Snowden représente ainsi pour moi, un ras-le-bol de la manipulation et du contrôle inhérent;
Cette décision très pragmatique de faire passer l’intérêt du peuple avant le sien est en tous cas très mise-en-avant par le documentaire, autant sinon plus, que l’acte d’atteinte à la vie privée en lui-même.

CITIZEN FOUR constitue au final, un développement particulièrement intéressant dans le processus cathartique et inconscient qu’effectue le cinéma américain vis-à-vis du 11/09.

Les autres sorties du 4 mars 2015

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CitizenFour

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notre dossier consacré au cinéma post 11/09

Titre original : CitizenFour (documentaire)
Réalisation : Laura Poitras
Acteurs principaux : Glenn Greenwald, Kevin Bankston, Edward Snowden
Pays d’origine : Allemagne, U.S.A.
Sortie : 4 mars 2015
Durée :  1h54min
Distributeur : Haut et Court
Synopsis : En 2013, Edward Snowden déclenche l’un des plus grands séismes politiques aux Etats-Unis en révélant des documents secret-défense de la NSA. Sous le nom le code « CITIZENFOUR », il contacte la documentariste américaine Laura Poitras. Elle part le rejoindre à Hong Kong et réalise en temps réel CITIZENFOUR, un document historique unique et un portrait intime d’Edward Snowden.

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