The Cut
© Pyramide Distribution

[critique] THE CUT

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Mise en Scène / Rythme
4.5
Scénario
5
Casting
6
Photographie
8.5
Musique / son
4
Note des lecteurs0 Note
0
5.6
Note du rédacteur

[dropcap size=small]A[/dropcap]natolie, 1915. Nazareth Manoogian artisan forgeron vit avec sa femme et ses deux filles Arsinée et Lucinée. Déporté de son village natal (Mardin) pendant le génocide arménien, il apprend des années plus tard que ses deux filles pourraient être encore en vie. Nazareth entame, porté par un espoir invincible, un périple à travers le monde pour retrouver leur trace, jusqu’en 1923. Avec The Cut, Fatih Akin est l’un des rares artistes à mêler politique et sentiments.

Lorsque la salle de cinéma devient sombre et que la lumière se projette sur le grand écran, il y a cette voix off qui ouvre The Cut : « Il y a bien longtemps… ». Tels un conte, une épopée, l’histoire devient témoignage historique. Enfin, c’est ce que le cinéaste essaie de faire. Le réalisateur allemand d’origine turque Fatih Akin, nous embarque dès l’ouverture, vers une œuvre qui se veut réaliste. Manque irrémédiablement, ce supplément d’âme, cette patte subjective.

Ce film est le plus ambitieux, le plus audacieux, mais aussi le plus cher de sa carrière. Le réalisateur ose parler d’un sujet aussi délicat qu’est le génocide arménien et lui donne une dimension moderne, faisant écho aux événements actuels. Malgré l’élégance des images, The Cut manque cruellement d’épaisseur. Troisième film d’une trilogie ayant pour thème l’amour (Head On), la mort (De l’autre côté), ce long-métrage invoque le diable. Allusive, l’allégorie au démon se dévoile sous des apparitions au héros, des cauchemars, des penchants légers vers le mal. Règne, tout au long de la projection, cette peur de succomber, de pécher, de perdre foi en Dieu et la vie.

© Gordon Muehle Bombero International
© Gordon Muehle Bombero International

The Cut, c’est l’histoire d’un survivant sur le point de mourir à chaque fois, tiraillé par cette « faim d’amour », affaibli par la famine, la douleur et l’épuisement. Celui qui porte le nom de la ville sainte, se bat sans relâche pour ne pas céder au désespoir.  Fatih Akin filme la cruauté insoutenable. Sur ce territoire impitoyable, parfois, la fraternité existe face à l’horreur. Le récit est d’ailleurs fondé sur cet amour de l’autre, cette générosité. Cette humanité. Si Nazareth n’avait pas rencontré Mehmet, un soldat turc, il serait déjà mort. The Cut, c’est aussi une succession de rencontres (plus ou moins bonnes) menant le personnage principal vers son but.

Côté casting, Tahar Rahim interprète Nazareth Manoogian avec beaucoup de contraintes. Blessé dès le début du film à la gorge, il devient muet et s’exprime que peu par des gestes et mimiques. Incarnation du silence, de cette impossibilité à manifester, l’acteur joue avec adresse dans un monde on l’on n’a pas son mot à dire. Lors d’une projection d’un Chaplin dans le film, il y a d’ailleurs cette symbolique autour du muet qui traverse l’écran dans l’écran, et filme le cinéma dans le cinéma. A travers ses personnages, Fatih Akin parle d’un de ses thèmes de prédilection, l’exil. Si les dialogues sont absents ou peu important, la bande-son est ultra-présente, jouant la surenchère, façon western moderne hollywoodien.

« De l’actuelle Syrie à la Turquie, du Liban à Cuba, jusqu’au Dakota, la beauté des paysages et du cadre sauve un film plein de bonnes intentions. »

De l’actuelle Syrie à la Turquie, du Liban à Cuba, jusqu’au Dakota, la beauté des paysages et du cadre sauve un film plein de bonnes intentions. Admiratif du talent de Sergio Leone, le réalisateur s’inspire de ses plans larges et précis. La caméra, dont les intentions sont peu présentes (mis à part les plans volontairement de travers), suscite le manque d’émotion, si ce n’est montrer la souffrance d’un peuple : on laisse voir la cruauté, comme lorsque l’on ne peux échapper aux scènes de viol ou de décapitation.

Bien que le scénario ai été coécrit avec Mardik Martin, auteur de Mean Street et Raging Bull, le récit est lassant. Le rythme irrégulier provoque des successions de séquences mal enchaînées. Au bout de deux heures nous sommes face à la mer, dans des paysages colorés cubains, complètement déroutés face à ce nouvel environnement. Nous étions habitués au soleil aveuglant, baignant les plaines désertiques, escarpées et poussiéreuses du Moyen-Orient. Véritable force de ce film, la lumière, maîtrisée à merveille évoque celle de Terrence Malick donnant à The Cut, à de brèves instants, une allure céleste.

Par Anna OUTY
Les autres sorties du 14 janvier 2015

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© Pandora Filmverleih
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• Titre original : The Cut
• Réalisation : Fatih Akın
• Scénario : Fatih Akın et Mardik Martin
• Acteurs principaux : Tahar Rahim, Simon Abkarian, Makram Khoury
• Pays d’origine : Allemagne, France
• Sortie : 14 janvier 2015
• Durée : 2h18
• Distributeur : Pyramide Distribution
• Synopsis : Pendant le génocide arménien, Nazareth Manoogian est déporté de son village natal de Mardin, en Turquie. Après les déportations, il apprend que ses filles pourraient être encore vivantes et parcourt le monde pour les retrouver.

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