[critique] La Journée De La Jupe

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Un jour, un professeur de collège à bout prend ses élèves en otage…

Note de l’Auteur

[rating:7/10]


Date de sortie : 25 mars 2009
Réalisé par Jean-Paul Lilienfeld
Film français, belge
Avec Isabelle Adjani, Denis Podalydès, Yann Collette
Durée : 1h 28min
Bande-Annonce :

Jean-Paul Lilienfeld. Ce réalisateur ne vous dit peut-être rien et pour cause : sa dernière réalisation remonte à 2001 avec le médiocre H.S Hors Service avec François Berléand et Dieudonné.

L’année 2009 marque donc son grand retour sur nos écrans avec un film qui a beaucoup fait parler de lui pour diverses raisons : La Journée De La Jupe.

Ces raisons ne sont autres que son sujet principal qui ne cesse de défrayer la chronique, être professeur dans des lycées et des collèges à risques, et la présence d’une icône du cinéma français. Le réalisateur se paie le luxe d’avoir à son bord Isabelle Adjani en personne qui revient après 6 années d’absence sur les plateaux et le film Bon Voyage de Jean-Paul Rappeneau.

Alors, au final, La Journée De La Jupe, avec ces deux piliers beaucoup trop absents de nos écrans : coup de publicité ou réel projet ambitieux ?

Dès les premières minutes, on est dans le bain avec ce professeur de français insulté, bousculé, humilié par des élèves sans scrupules qui n’ont visiblement rien apprit du respect. Une atmosphère stressante se met immédiatement en place, témoignant de la difficulté pour cette enseignante de faire face à une telle situation.

Isabelle Adjani est parfaite en tous points dans ce rôle de femme qui aime son métier mais qui finit par le vomir peu à peu. A bout de nerfs, elle devient par un enchainement de circonstances bourreau après avoir été victime depuis bien trop longtemps lorsqu’une arme atterrit dans ses mains.

Le film devient alors très noir, en gardant néanmoins une pointe d’humour, basculant dans un semi huit-clos servant de pilier à une remise en cause poignante, cinglante, de la complexité sociale, du danger des religions dans un pays laïque, des différences garçons/filles dans des banlieues où l’harmonie a prit des vacances prolongées et a laissé place à une colère inconnue et profonde.

Commence alors une longue prise d’otages qui se transformera en un débat ouvert sur les conditions de la Femme, sur le travail des enseignants…

Ici, pas de poésie ou de sentiments en demi-teintes à la Entre Les Murs, juste des portraits de personnes piégées au sein de cet engrenage diabolique.

Mais la véritable force du film réside dans son approche du problème : La Journée De La Jupe repose sur un énorme quiproquo où les autres membres de l’école et de la police qui sont à l’extérieur ne savent pas que c’est Isabelle Adjani la preneuse d’otage mais pensent qu’il s’agit de l’un de ses élèves. Commence alors un jeu du chat et de la souris assez surprenant mais parfaitement orchestré qui confère au film la sensation d’être une pièce de théâtre.

En témoignera la multitude de retournements de situations dont l’un qui fera basculer une nouvelle fois le film dans un débat. Peu à peu les langues se délient et la prise d’otages devient un règlement de compte et une exposition au grand jour des problèmes du quotidien.

Ainsi, la détresse d’une seule enseignante devient le cri de détresse des femmes, des filles de cités, de leur situation au sein d’une société d’hommes plus que machiste où il ne fait pas bon d’avoir une opinion et où le silence et les regrets intérieurs sont quotidiens.

En conclusion, La Journée De La Jupe est un projet ambitieux, coup de poing, qui donne à réagir et à réfléchir.

Un projet ambitieux qui n’aurait certainement pas été poignant sans la maîtrise quasi inconcevable de son réalisateur (quand on connait ses autres réalisations) au niveau de la direction des acteurs, de la mise en scène d’une rare justesse, des dialogues souvent gras mais témoignant d’un réel travail.

La Journée De La Jupe nous a réconcilié avec ce réalisateur qui n’a pas froid aux yeux en exposant de manière crue, sans œillères ni faux semblants, ces problèmes de société croissants, et qui se révèle par la même occasion un fin dramaturge.

On attend désormais avec impatience son prochain projet, en espérant que l’on ne devra pas attendre 8 ans.

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licensedmadness
licensedmadness
Invité.e
10 décembre 2009 14 h 19 min

oui et non.

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