Les Evadés

LES ÉVADÉS, entre lutte intérieure et amitié – Critique

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Les Évadés n’est rien de moins que le film préféré des internautes du site IMDb (voir le top 250). Déception assurée se dit-on avant de visionner un classique d’autant plus lorsqu’on lui colle une prétention pareille, « je m’en vais regarder le plus grand chef d’œuvre de l’histoire cinématographique. Adieu candeur, à bientôt frustration … ».

La pression retombe rapidement tant le film fait le choix de l’intimité plutôt que de la grandiloquence. Le scénario, adapté du roman de Stephen King (Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank), est tellement solide que le film se permet de s’étaler sur 142 minutes sans pour autant se perdre en longueur.

Ce film, bien au-delà d’un film d’évasion (le titre français semble assez mal trouvé), traite de la rédemption, du conditionnement et de la culpabilité. La réalisation, mélange de romantisme et de pudeur (cela tranche avec les préférences actuelles de la réalité crue à la lumière des néons) est pour le moins en empathie avec les personnages. Nous ne savons rien des crimes commis par les protagonistes, ainsi le spectateur est dépossédé de sa qualité de juge et devient une machine à compatir.

La mise en scène est simple mais pleine de trouvailles. Certains cadres, accompagnés d’une photo très soignée aux couleurs du passé, nous plonge à cœur perdu dans ce milieu carcéral.  Son horreur ordinaire, celle des premières années constituées de viols et de passages à tabac. Mais aussi son confort relatif et les petites victoires qui deviennent de grands triomphes.

Photo du film LES ÉVADÉS

Voici le combat intérieur des protagonistes : oser ou non porter le regard par-delà les enceintes de la prison.

Détail fondamental, nous suivons le destin de prisonniers condamnées à perpétuité. Les détenus sont pris dans un étau. D’une part, la probabilité infime de pouvoir sortir et celle immense de se découvrir « institutionnalisé » (être devenu incompatible avec la société). Le prisonnier appartient, au fil des ans, aux murs qui le retiennent. Lorsque la liberté n’est plus elle-même un horizon de projection, le détenu finit par étouffer tout espoir. Voici le combat intérieur des protagonistes : oser ou non porter le regard par-delà les enceintes de la prison.

Une mention particulière doit être faite au rendu du temps carcéral. Comment rendre cinématographiquement des décennies de vies passées entre les murs ? Franck Darabont ne nous donne quasiment aucun moyen de nous situer temporellement (pas de gros écrans noirs « 10 ans plus tard »). Il sélectionne quelques journées parsemées dans cette suite monotone de quotidiens. Les audiences décennales décidant de la libération conditionnelle des détenus sont nos seuls repères. Le spectateur découvre alors, avec la même stupeur que le personnage, les 10 années venant de s’évanouir.

En conclusion, le film, en prenant ses distances avec la morale, détaille admirablement deux personnages, leur lutte intérieure et leur amitié. Seul bémol, la vision du réalisateur nous est imposée et nous compatissons sans autre choix (mais avec délectation).

Je lance un pari : cette fois-ci vous ne décollerez pas de votre siège avant la fin du générique !

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4.5
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Rédacteur depuis le 22.04.2011
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