[critique] Omagh (TV)

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Samedi 15 août 1998, ville d’Omagh en Irlande du Nord. A 15h10, lorsque la bombe de 250 kg explose dans le quartier commerçant de Market Street, elle tue 29 personnes et en blesse plus de 250 autres. Cet attentat, le plus meurtrier du conflit nord-irlandais, est revendiqué par le Real IRA, groupe dissident de l’Armée républicaine irlandaise. Un mois plus tard, en dépit des engagements solennels de Londres et de Dublin, les responsables de l’attentat continuent à échapper aux policiers des deux Irlande. Certaines sources affirment que la police connaît l’identité des coupables, mais ne les attrapera jamais, faute d’éléments à charge. En colère, les habitants d’Omagh décident de constituer une association d’aide aux victimes. Un homme, Michael Gallagher, dont le fils, Aiden, est mort lors dans cet attentat, devient le porte-parole des familles.

Note de l’Auteur

[rating:9/10]

Date de sortie : 25 mars 2005
Réalisé par Pete Travis
Film irlandais/britannique
Avec Gerard McSorley, Michele Forbes, Stuart Graham
Durée : 1h46min
Bande-Annonce :

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x8da3f_omagh-bande-annonce-vost-fr_shortfilms[/dailymotion]

Il y a eu Bloody Sunday, puis Omagh, entre les deux, vingt-six années de luttes intestines et ses lots de victimes innocentes. Paul Greengrass (co-scénariste avec Guy Hibbert) laisse le soin de la réalisation à Pete Travis. Omagh sonne le glas de l’infamie humaine ! 15 aout 1998, par un samedi après-midi ensoleillé, une bombe explose dans la rue commerçante de Market Street.
Vingt-neuf personnes y trouveront la mort, et deux cent vingt autres seront blessées. L’attentat sera revendiqué par une branche dissidente de l’IRA, l’IRA Véritable. Cette journée signée du sceau de l’infamie marquera à jamais la conscience irlandaise au fer rouge et servira quelque part de catalyseur pour enfin définir une véritable politique de paix entre protestants et catholiques.

Pour son film, Pete Travis opte pour une réalisation des plus sobres, quasi documentaire. L’approche cinématographique récupère tous les canevas du fameux Dogme 95 : le film est entièrement tourné caméra à l’épaule, les scènes tournées en lumière directe, l’absence de bande originale, d’effets digitaux et de scènes de comédie. L’intrigue et les effets se dévoilent au travers de l’unique prisme de l’objectif. Le spectateur est directement plongé dans les strates émotionnelles de l’événement : l’innocence puis la soudaine cruauté de l’acte terroriste, le désarroi d’une population sous le choc, l’injustice au travers d’une enquête bâclée ‘intentionnellement’, l’isolement des victimes.
Le style visuel peut désarçonner au premier regard, puis l’accoutumance affective fonctionne dans toute sa splendeur, ne laissant aucune place pour les figures de style bon marché.
La deuxième partie du film se temporise d’un rythme plus lénifié, mais garde le spectateur en haleine par le développement d’une procédure en justice, ses imbrications, et apporte au personnage central, Michael Gallagher, plus de profondeur, plus de relief. Le facies s’assombrit, le regard s’émascule des joies quotidiennes, l’homme est atteint dans sa chair la plus profonde, avec ce souci constant de ‘savoir’ : comment, qui et pourquoi, triolisme psychique absolu pour s’’absoudre’ de la mort prématuré d’un fils.

A la différence de Bloody Sunday (réalisé par Paul Greengrass), qui stigmatise les dimensions religio-politique et ‘militantiste’ de l’époque, Omagh se penche davantage sur les conséquences humaines, brosse un portrait peu flatteur de certains hauts-responsables, et dresse une situation peu reluisante des institutions politiques et judiciaires inféodées au système étatique thatchérien.
Omagh réussit là où tous les médias traditionnels ont échoué : transposer à l’écran les motifs affectifs qui interagissent lors d’un conflit civil, le rôle prépondérant des sphères influentes et les conséquences humaines catastrophiques qui ont marqué plusieurs générations d’irlandais !

Nous avons tout juste assez de religion pour nous haïr, mais pas assez pour nous aimer les uns les autres.’ A cette diatribe de Jonathan Swift, irlandais de passion et de raison, l’histoire de ce petit coin de terre s’est écrite jour après jour, faisant souvent fi des espérances de ces femmes et ces hommes – fi donc, oubliez de pareils misérables, dans Ivanhoé de Walter Scott.
Mais aujourd’hui ces irlandais peuvent être fiers de leur culture, de leur langue, de leur tradition et de leur Histoire…

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