[critique] Outsiders

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En 1966, dans la petite ville de Tulsa en Oklahoma. Ponyboy, Sodapop et Darrel appartiennent à la bande des Greasers, des jeunes délinquants issus des quartiers défavorisés. Leurs rivaux sont les Socs, des fils de bourgeois.
Suite à une bagarre violente, Ponyboy et Johnny tentent d’échapper à la police.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 07 Septembre 1983
Réalisé par Francis Ford Coppola, Susan E. Hinton
Film américain.
Avec Matt Dillon, Patrick Swayze, C. Thomas Howell…
Durée: 1h 31 min
Bande-Annonce:
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=doKfBmjIOMA[/youtube]

Trois ans après sa palme d’or avec son chef-d’œuvre Apocalypse Now, Francis Ford Coppola revient avec une nouvelle œuvre moins spectaculaire mais plus intimiste. Réalisé dans la foulée avec Rumble Fish (le film qui a fait connaître Mickey Rourke, rien que ça, au grand public), Outsiders, moins psychédélique que son petit frère, n’en est pas moins saisissant.
Francis Ford Coppola
réalise une histoire de rivalité entre « Greasers » et « Socs » à laquelle il faut comprendre affrontement entre « jeunesse dorée » et « jeunesse des bas quartiers ».
Lors d’une banale rixe entre ces deux bandes rivales (à cause d’une fille bien entendue : Diane Lane se lie d’amitié avec deux de ces jeunes voyous pour le plus grands déshonneur des petits bourgeois du quartier d’à côté), le destin de deux jeunes « Greasers » changera à tout jamais. Commencera dès lors un long et douloureux périple jusqu’aux portes de l’enfer pour ces deux jeunes.

La force du film réside dans sa mise en scène constamment sur le fil du rasoir qui lui confère une dimension brute, sauvage (situation que l’on retrouve également dans Rumble Fish) mais également sur le tour de force réalisé par Coppola : les têtes d’affiches, à savoir le rebelle Matt Dillon (une nouvelle fois très bon dans ce genre qui lui est propre et qui l’a fait connaitre auprès du grand public), Patrick Swayze (la gueule d’ange par excellence qui avant d’endosser ses chaussons de danse pour les besoins de Dirty Dancing, avait commencé par des rôles plus musclés) et Tom Cruise (qui nous prouve que la chirurgie esthétique peut faire des miracles!) sont relégués au simple rang de second rôle.
Les véritables acteurs principaux de Outsiders ne sont autres que Johnny et Ponyboy, alias les méconnus Ralph Macchio et C. Thomas Howell. Tous deux nous livrent une très belle prestation pour ce qui semble être leur seul et unique « vrai » rôle au cinéma : leur personnage respectif, à la fois inquiétant et attachant, détonne par sa complexité psychologique.

L’intrigue palpitante avec ses pics de tensions et d’émotions dont seul Coppola a le secret (la scène finale, qui n’est pas sans rappeler un affrontement au couteau dans La Fureur De Vivre avec James Dean, est tout simplement jubilatoire), l’engrenage scénaristique efficace et solidement charpenté, le rythme infernal, confèrent à ce film un charme vénéneux auquel on a bien du mal à décrocher.
Mais Outsiders est avant tout une profonde réflexion sur la jeunesse américaine, cette jeunesse perdue, un brin naïve, en quête d’identité et de repère qui vit au jour le jour, ne se souciant pas des conséquences de leur acte.
Coppola
la met littéralement à nue sous nos yeux à la fois séduit et inquiet devant un tel spectacle sans jamais prendre partis ni même juger leurs actes : il fait un véritable travail de documentaliste, n’exposant que des faits, ne les expliquant en aucun cas, laissant le spectateur créer sa propre opinion.

Enfin, l’élégance stylistique de ce virtuose de la réalisation et sa caméra qui colle au plus près des visages pour capter dans les moindres détails les émotions achèvent de toucher le cœur du spectateur.
Outsiders est un film prenant, captivant, émouvant, passionnant, d’une rare intensité. Incontestablement l’un des petits bijoux du réalisateur malheureusement passé inaperçu en France mais indissociable de sa brillante filmographie.

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