Photo du film YEMA

[critique] YEMA

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Affiche du film YEMA

Yema est un film de Djamila Sahraoui. Présenté au Festival International du Film d’Amiens 2012, il met en scène Djamila Sahraoui, Samir Yahia et Ali Zarif. Une petite maison abandonnée, isolée dans la campagne algérienne. Ouardia y a enterré son fils Tarik, militaire peut-être tué par son propre frère Ali, dirigeant d’un maquis islamiste. Elle est surveillée par un des hommes d’Ali, amputé d’un bras suite à une explosion. Dans cet univers crispé par la douleur et figé par la sécheresse, la vie va peu à peu reprendre ses droits. Grâce au jardin que Ouardia fera refleurir à force de courage, de travail et d’obstination. Grâce au gardien, victime lui aussi, finalement adopté par Ouardia. Grâce surtout à l’arrivée entre eux de l’enfant de Malia, une femme aimée des deux frères, morte en accouchant. Mais Ouardia n’est pas au bout de ses épreuves. Ali, le fils maudit, revient, grièvement blessé…

Note de l’Auteur

[rating:7/10]

Date de sortie : 28 août 2013
Réalisé par Djamila Sahraoui
Film algérien
Avec Djamila Sahraoui, Samir Yahia, Ali Zarif
Durée : 1h30min
Titre original : Yema

Djamila Sahraoui a écrit, mis en scène et jouer dans ce film. YEMA est un terme signifiant « mère » en français. Avec seulement deux acteurs plus elle dans le film, elle a réussit à nous livrer une belle histoire et un très beau film à découvrir dès que possible. Même si c’est le genre de film qui ne contient pas beaucoup de dialogues et fait tout passer par le jeu d’acteur et les situations.

Mais justement, le peu de dialogues présents dans le film font preuve d’une grande force. A la fois violents et naturels, ces répliques nous font entrer encore dans l’enfer qui est vécu dans cette maison. Et c’est alors en filmant l’intimité du personnage principal que Djamila Sahraoui arrive à mieux encadrer le spectateur dans l’histoire qu’elle raconte.

C’est aussi bien plus que cela de filmer l’intimité. C’est aussi une preuve que la cinéaste met du coeur à son récit et qu’elle souhaite que le spectateur se sente aussi proche qu’elle de ses personnages. Et au grand plaisir de nous l’annoncer, ça fonctionne parfaitement bien. On est contenu dans l’angoisse et la colère simultanés de la mère.

Au fond, ce film raconte l’histoire d’une mère. C’est le sujet de la maternité, avec toutes les blessures qui vont avec. Une bagarre entre les enfants, le fait d’être seule, devoir s’occuper de toute la maison. Mais quand on ajoute à cela un portrait social, religieux et politique de l’Algérie, ça renforce l’intensité de l’histoire et du caractère de la mère vis-à-vis des situations dans lesquelles elle est mise.

Photo du film YEMA

Avec une esthétique qui embellit le drame, Djamila Sahraoui filme l’intimité et le quotidien pour montrer les efforts d’une mère qui ne veut qu’être heureuse et faire son deuil.

Des situations caractérisant tout à fait une ambiance à la fois tendue et frustrante. On se demande ce qu’il va encore arrivé à cette femme qui ne demande que vivre paisiblement. Et ajoutez à ceci des enfants qui n’arrangent pas les problèmes et qui ne font que les empirer. Enfin, je dis « les » enfant(s) mais la perte d’un enfant est une catastrophe pour une mère, où elle a l’impression que le monde autour d’elle s’écroule (ceci n’est pas un spoiler, c’est la scène qui amène le reste du film : donc le tout début).

A noter également que dans ce genre de cinéma, celui où ce sont des petits films indépendants sans grand budget et qu’on ne voit généralement qu’une fois lors d’un festival, on est surtout imprégné par la narration et le scénario. Mais le cinéma d’auteur ne sait pas non plus faire que ça. Il n’y a pas que les excellents scénarios.

La mise en scène est ici à souligner obligatoirement. Tant un rythme est presque absent, tant l’esthétique du film adoucie le tout. Avec des couleurs vives et très loin du sombre (la coloration habituelle de l’ambiance dans un drame), ici on a le droit à une grande lumière qui jaillit pour redonner un peu de couleur à cette situation. A relever aussi l’absence (sauf pour le final) de musique, choix judicieux compte tenu du film.

Finalement, YEMA est un film d’une très grande beauté autant qu’il est cruel et tendu. Parlant de maternité avec ses blessures, il ne faut pas oublier le portrait social, politique et religieux de l’Algérie. Avec une esthétique qui embellit le drame, Djamila Sahraoui filme l’intimité et le quotidien pour montrer les efforts d’une mère qui ne veut qu’être heureuse et faire son deuil.

Photo (2) du film YEMA

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