SACRIFICES OF WAR
© Beijing New Picture Film Co.

[CRITIQUE DVD] SACRIFICES OF WAR

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Mise en scène
8
Scénario
8
Casting
8
Photographie
7
Musique
7
DVD
6
Note des lecteurs1 Note
2.1
7.4
Note du rédacteur

[dropcap size=small]L[/dropcap]e 17 décembre 2014 le public français découvrait sur grand écran Coming Home, dernière œuvre du réalisateur chinois Zhang Yimou. Désormais c’est directement en DVD qu’arrive (enfin) son film précédent, Sacrifices of War (un temps titré The Flowers of War) réalisé en 2011. Tandis que Coming Home était un mélodrame touchant situé durant la période de la Révolution culturelle (1966-1976), cette fois Zhang Yimou nous plonge au cœur de la guerre lors du conflit sino-japonais (1937-1945). Deux films avec une approche et un traitement assez similaires, proche du huis clos (une maison dans Coming Home, une église dans Sacrifices of War) et focalisé davantage sur la relation des personnages que sur l’histoire. Ainsi Sacrifices of War porte son regard sur le monde adulte, focalisé sur lui-même et oubliant de protéger les premières victimes : les enfants.

En 1937 la Chine est envahie par le Japon. A Nankin, la ville est en ruines et aux mains de l’armée japonaise. Plusieurs films récents avaient rappelé cet épisode dramatique du conflit sino-japonais, dont la majorité des victimes furent chinoises, un autre film chinois, en 2009, City of Life and Death, de Chuan Lu, et John Rabe, production franco-germano-chinoise de Florian Gallenberger, en 2011. Avec dans John Rabe comme dans Sacrifices of War, un personnage occidental impliqué dans le conflit. Ici il s’agit de John (Christian Bale), un croque-mort américain qui trouve refuge dans un couvent catholique où il doit enterrer un prêtre. Un lieu dans lequel seront réunis les jeunes orphelines du couvent ainsi qu’un groupe de prostituées qui espèrent échapper aux exactions de l’armée impériale japonaise. Tombant sous le charme de la belle Yu Mo (Ni Ni), porte parole des prostituées, et inspiré par Shu Juan (Zhang Xinyi), l’une des orphelines, John va devenir malgré lui leur protecteur.

© Ascot Elite Home Entertainment GmbH
© Ascot Elite Home Entertainment GmbH

On connaît avant tout Zhang Yimou pour ses films de sabres grandioses, colorés et magnifiquement chorégraphiés, La Cité interdite ou Hero pour ne citer qu’eux. Bien moins tape à l’œil en dépit d’un budget colossal (plus de 90 millions de dollars) qui en fait à ce jour le film chinois le plus cher de l’histoire, Sacrifices of War aborde un événement majeur de l’histoire de manière intimiste. Car si la guerre est bien présente, l’essentiel du film aura lieu dans l’église catholique, où se réunissent les protagonistes, dans le but de suivre l’évolution de ces derniers. Malgré la bonne présence de Christian Bale, premier acteur américain dans une production chinoise, ouvrant éventuellement une porte (voir notre article sur Dragon Blade ici), et qui retrouve le conflit sino-japonais après avoir été révélé dans Empire du soleil (1987, Bale alors âgé de 13 ans) de Steven Spielberg, le film est surtout portée par la jeune Zhang Xinyi dont le personnage observe et commente en voix off l’attitude des adultes, particulièrement critiqués dans le film. Entre la violence des soldats japonais prêts à se jeter sur les (trop) jeunes filles, la lâcheté d’un John ivrogne dont l’unique préoccupation est de récupérer sa paye avant de fuir le pays, et la traîtrise du père de Shu Juan passé dans le camps japonais pour sauver sa vie, la jeunesse est à l’abandon. L’exception viendra de l’armée chinoise, présentée comme héroïque et contrastant avec les monstres japonais, en phase avec la position nationaliste du réalisateur (souvent évoquée mais jamais confirmée par celui-ci), mais surtout avec une réalité historique. Plusieurs dizaine de milliers de soldats désarmés, de femmes et d’enfants ont été massacrés et violés par les soldats de l’armée impériale japonaise durant le conflit.

”Sans être l’œuvre la plus marquante de Zhang Yimou, Sacrifices of War reste très intéressant dans son approche.”

Si dans l’ensemble du film la mise en scène reste classique, Zhang Yimou s’avère original et impressionnant dans ses scènes de guerre. Comme la poursuite magistrale en plan séquence caméra à l’épaule de prostituées par un groupe de soldats japonais dans les ruines de la ville. Une scène de tension impressionnante, à la manière du film d’Alfonso Cuaron Les Fils de l’homme (2007), qui laisse par la suite place à un moment d’horreur poussé à l’extrême. Car le réalisateur chinois n’a pas peur de choquer et de dévoiler les crimes monstrueux qui ont été orchestrés. Montrant ou évoquant les viols des femmes, qu’importe leur âge. Une vision écœurante pour le spectateur, élément déclencheur pour John puis pour Yu Mo qui, dans une fin riche en rebondissements (bien qu’un peu prévisible), assumeront enfin leurs responsabilités.

© Beijing New Picture Film Co.
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Sans être l’œuvre la plus marquante de Zhang Yimou, Sacrifices of War reste très intéressant dans son approche. A la manière d’un film de guerre hollywoodien on retrouve un aspect patriotique tout en se focalisant sur les crimes de guerre et les viols dans la ville de Nankin (d’où sont d’ailleurs originaires, et ce n’est probablement pas un hasard, les actrices Zhang Xinyi et Ni Ni). Il faut néanmoins y voir autre chose qu’un film de propagande comme l’ont définit certaines critiques assassines américaines lors de la présentation du film en festival, comme le rapportait en 2011 le site Rue89 dans un article sur “les travers du cinéma chinois”. L’émergence du héros occidental fait par exemple de Sacrifices of War un film moins nationaliste et pro gouvernemental que pouvait l’être Hero. C’est un film sur l’horreur de la guerre comme les américains ont l’habitude de produire. Le dernier en date, Fury, montrait d’ailleurs à outrance le patriotisme américain. Avec cela il n’y a pas de procès à faire à Sacrifices of War. Les réserves éventuelles pourraient à la limite se pencher sur sa production et sur le système chinois dont le gouvernement favorise en grande partie des œuvres vouées à promouvoir le pays. Cette édition DVD offerte par TF1 Vidéo satisfait donc pour le film en soit (distribué jusque là uniquement en Chine et montré dans une poignée de festivals), avec un interview du réalisateur et de Christian Bale et un making of en guise de bonus.

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Sacrifices of war

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Titre original : Jin líng shí san chai
Réalisation : Zhang Yimou
Scénario : Heng Liu, Yan liu
Acteurs principaux : Christian Bale, Xinyi Zhang, Ni Ni, Tianyuan Huang
Pays d’origine : Chinois
Sortie DVD : 18 mars 2015
Editeur : TF1 Vidéo
Nombre de disque(s) :
Format image : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.40, Format DVD-9
Format son : Français Dolby Digital 2.0, Français Dolby Digital 5.1, VOST Dolby Digital 2.0, VOST Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 2h26
Compléments : Making of / Interview de Christian Bale et Zhang Yimou
Synopsis : Réfugiés dans une église à Nanjing (Chine), pendant la guerre sino-japonaise, un groupe de soldats risque sa vie pour sauver des écoliers.

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