Critique du film Rock the Casbah réalisé par Yariv Horowitz avec Yon Tomarkin, Roy Nik, Angel Bonami, Lavi Zytner, Adel Abou-Raya, Iftach Rave

[critique] Rock the Casbah

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Affiche du film ROCK THE CASBAH

Au début de la 1ère Intifada, quatre jeunes Israéliens, Tomer, Aki, Iliya, et Isaac, sont envoyés à Gaza afin de « rétablir l’ordre », comme le leur assure leur commandant. La guerre semble alors être un jeu qui touche à sa fin. Mais, alors qu’il poursuit un jeune Palestinien, un des soldats de la troupe est tué. Assignés sur le toit d’une maison palestinienne pour surveiller le village, retrouver le responsable de la mort de leur camarade et prévenir tout nouveau trouble, les quatre infortunés se trouvent confrontés à la réalité d’une famille qui ne veut pas passer pour collaboratrice des forces occupantes. Face à une situation ingérable, leur vie de jeune soldat se complique de jour en jour.

Note de l’Auteur

[rating:7/10]

Date de sortie : 8 Mai 2013
Réalisé par Yariv Horowitz
Avec Yon Tomarkin, Roy Nik, Angel Bonami, Lavi Zytner, Adel Abou-Raya, Iftach Rave
Film israélien
Durée : 1h30min
Titre original : Rock the Casbah
Bande-annonce :

Première surprise, Yariv Horowitz nous livre un film de guerre sans véritable image de guerre. Alors que le conflit israélo-palestinien est présent dans chaque séquence, chaque action, ce n’est pas le centre du film. C’est surement la force du film. Le cinéaste ne cherche pas une seule fois à montrer l’horreur de la guerre, il ne cherche pas l’émotion et la compassion facile. Au contraire, Yariv Horowitz ne tient pas à filmer de grosses scènes d’action, à filmer un bain de sang, à filmer les balles qui foisonnent (à noter la présence de cartouches de balles blanches).

Derrière ses nombreuses références du genre (on ne citera que Apocalypse Now et Full Metal Jacket), le film fait preuve d’une écriture forte et dure. Yariv Horowitz nous livre avant tout le récit d’une perte, celle de l’innocence chez de jeunes soldats pensant que leur période d’armée sera vite passée et sans conséquence. Un film où chaque réplique sonne comme une bombe à l’oreille. Rien n’est laissé au hasard, aucune pitié ne sera accordée pour les personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires.

La preuve, c’est un film sans héros ni idéalisation de qui que ce soit. Sinon de la vie dans ce qu’elle peut avoir de plus basique. L’héroïsme est décrit de façon comme le lot de la seule population civile. On y découvre la mort, la peur, la haine et la violence. Yariv Horowitz nous filme un passage de l’occupation d’une terre qui n’est pas la sienne de la façon la plus humaine qui soit. On pourra tout de même reprocher le fait que le film ne repose que sur un fil.

Photo du film ROCK THE CASBAH

Un film qui veut braquer son genre mais dont la lecture est trop vieille pour revenir sans être timide. La guerre comme théâtre burlesque.

En effet, le fil conducteur est sagement bien respecté tout au long du film. Ayant parfaitement sa scène d’exposition, son climax et son dénouement (bien que très prévisible). Le grand problème, c’est qu’une fois passé un bon vingt minutes après le climax, le film enchaîne les répétitions. Plus de surprise, le spectateur est donné maintenant à simplement visualiser les conséquences et la suite des évènements, qui se ressemblent tous aussi bien les uns que les autres.

Et on retrouve la même chose avec la mise en scène. Yariv Horowitz débute son film et continue très bien dans la volonté d’impliquer le spectateur. La caméra est le témoin d’une immersion dans l’action et dans les rapports entre chaque personnage (que ce soit dans la famille ou dans le corps de soldats). Mais une fois passé ces vingt fameuses minutes après le climax, Yariv Horowitz a épuisé son idée et nous offre une chronique toute bête de soldats qui doivent camper en haut d’un toit, espérant retrouver le coupable d’un acte que je spoilerais pas.

Mais cette chronique ne tombera pas complètement à l’eau. Passé la description magistrale de l’horreur que vivent les civils, Yariv Horowitz passe dans le burlesque. Enfin, on pourra dire un burlesque limité. Car le procédé ne sera pas tellement abouti, mais les tentatives sont là. Peut-être pas assez abouti par crainte d’en faire trop ou de passer totalement à côté de son sujet. Bref, le cinéaste nous montre cette occupation comme un théâtre absurde. Avec tous ces joints, mouvements d’attraction-répulsion, ces musiques pop, …

Qui aurait cru entendre du ABBA dans un film de guerre ? Et pourtant, cela ne fait que marquer la volonté de Yariv Horowitz de peindre le conflit israélo-palestinien comme une supercherie quotidienne. Tout à fait à l’image de l’âne ou de la scène des cerfs-volants. Le système de répétition vient également de là. Même si la vision de ce conflit est très satisfaisante dans le fond et assez agréable dans la forme (le cinéaste ne sera jamais radical ni violent avec sa caméra, il préfère la clarté), c’est une mauvaise pièce de théâtre tragique qui ne finit plus de recommencer.

Photo du film ROCK THE CASBAH

Finalement, Rock the Casbah est un film qui veut braquer son genre mais dont la lecture est bien trop vieille pour revenir sans être timide. Ce n’est pas facile de surfer sur l’héritage de Full Metal Jacket. Bien que le conflit israélo-palestinien est décrit ici comme du théâtre burlesque, c’est une mauvaise pièce de théâtre qui n’en finit plus de recommencer. Les répétitions s’enchaînent après avoir fait une belle immersion au sein d’un film sans héros ni idéalisation de qui que ce soit. A découvrir pour les idées de Yariv Horowitz, que ce soit dans le fond ou la forme, mais qui se révèle être un film pas assez abouti et un peu trop lisse.

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