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LE HÉRISSON – Critique

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Le Hérisson possède un souffle d’une rare poésie cinématographique. Une fable peut-être ou un regard sur un temps qui ne s’écoule plus. L’instant semble figé à l’endroit même où le spectateur et ce long-métrage se rencontrent. La bêtise, la superficialité et le mal-être de quelques personnages annexes sont seuls instances de vie parmi cette respiration retenue. Mais par qui ?

Initialement, par cette petite fille, Paloma ( Garance Le Guillermic ), trop intelligente et lucide pour son âge, qui décide avec un aplomb extraordinaire de mourir lors son prochain anniversaire : 12 ans.
Nous n’en sommes pratiquement pas choqués car elle argumente ses propos. Aurait-elle raison ? Non pas de souhaiter mourir, mais de ne plus vivre. Une différence majeure pour cette fille, qui est tout, sauf dépressive.

Dans son immeuble, deux rencontres l’attendent. Tout d’abord, une concierge ( interprétée par Josiane Balasko ), tout aussi lucide mais qui n’a pas choisit la mort pour s’échapper de cette société ridicule. Elle se « cache » sous ce déguisement de concierge, légèrement antipathique, que personne ne cherche à connaître, ni à voir. Et pour seconde rencontre, un nouvel arrivant, Karuko Ozu ( Togo Igawa ). A la différence des autres propriétaires, Ozu n’a aucune prétention sur personne et s’avère plutôt curieux de son voisin.

De subtils et intenses liens se nouent entre ces trois protagonistes. Ainsi une douceur infinie se propage autour de ces personnages. Le film plane toujours au dessus d’un temps devenue instant.

Le film est né de la lecture de L’Elégance Du Hérisson de Muriel Barbery. C’est avec finesse que l’adaptation a été effectuée. En effet, Mona Achache évite le piège de la simple voix-off pour transcrire un roman. Elle utilise des médias plus visuels : vidéos de Paloma, dessins, etc.

La force de ce film, malgré cette description d’un quotidien triste, silencieux, dessinés de regards et de pensées, se construit sur l’empathie et la magie qu’ont su provoquer nos trois personnages. Mais cet humble voyage n’est pas un thème grave et délicat : il nous marque aussi par son humour raffiné. Dans cette œuvre tout a été minutieusement dosé. Un régal quand on pense à ces films américains qui ne savent fonctionner que sur une palette d’effets spéciaux et un scénario creux. Mona Hachache nous démontre que nous pouvons savourer chaque seconde d’un long-métrage sans la présence obligatoire d’un « beau-gosse » ou son équivalent féminin.

Un regard particulier à présent que je porte sur l’interprétation admirable de Josiane Balasko. Loin de toute excentricité agaçante ou humour grossier, ici, la concierge à l’apparence froide regorge d’une réelle profondeur. Un personnage très bien mis en scène mais aussi porté avec finesse par cette comédienne qui continue de nous surprendre par sa maturité.
Un film qui finit trop tôt, autant pour le spectateur que pour ses personnages.

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