LE LABYRINTHE DU SILENCE
© Sophie Dulac Distribution

LE LABYRINTHE DU SILENCE, intéressant et pédagogique – Critique

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C’est presque un rituel annuel que de devoir se rappeler, en réponse à un devoir de mémoire quasi-sacré, les événements qui ont rythmé la première moitié du XXème siècle.

Guerres mondiales, génocides, dictatures… L’Europe a souffert, et elle s’en souvient : une routine cinématographique étonnante nous fait effectivement découvrir un nouveau film gravitant autour de ces thématiques tous les mois. Quand ce n’est pas le décodage du code Enigma, ce sont les mésaventures d’un coureur olympique prisonnier de guerre, les coulisses du génocide estonien, la version Shoah du Colonel Chabert, ou encore l’histoire d’un enfant polonais fugitif. Évoquer la seconde guerre mondiale et ses conséquences n’a donc plus grand-chose de très original : mis à part découvrir une nouvelle figure ou fait historique que même Wikipedia a oublié, le cinéma semble – malheureusement – avoir déjà plus ou moins fait le tour de la question.
LE LABYRINTHE DU SILENCE n’est en tout cas pas pas un modèle d’ingéniosité, tant dans la forme que dans le fond. En traitant les enquêtes qui menèrent au Procès de Francfort – où la justice allemande jugea, pour la première fois, ses criminels de guerre – dans une fiction-historique aux frontières du procédural, on ne peut cependant pas renier que Giulio Ricciarelli a trouvé un point de vue intéressant sur l’état d’esprit allemand des années 50.

Dans une société où les lois mémorielles sont plus que jamais remises en question, LE LABYRINTHE DU SILENCE dépeint avec une certaine intelligence un monde où le silence et le déni substituent l’hommage et la mémoire. C’est cet engagement à la portée actuelle qui donne au film de Ricciarelli un socle solide et assez fascinant. En tout cas, il s’agit là du principal intérêt du long-métrage : oublier n’est-il pas une forme d’approbation ? Doit-on forcément mentir pour tourner la page ? La question est bien entendu bien plus houleuse que cela, mais LE LABYRINTHE DU SILENCE a le mérite de s’aventurer sur des terrains épineux à l’heure où l’Allemagne – et le monde occidental de manière générale – répète dangereusement les prémices du schéma macabre qui avait mené à la plus grande tragédie de notre époque.

Intéressant, pédagogique et ouvrant le passage à des pistes de réflexion nécessaires.

Au-delà de ça, si LE LABYRINTHE DU SILENCE possède d’évidentes qualités cinématographiques, ce n’est rien de plus qu’une maîtrise technique agréable et académique. Quelques plans – notamment ceux d’intérieur qui bénéficient d’une très jolie photographie – sont admirables, mais à part cela, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ni du génie formel, ni une inventivité hors du commun : Ricciarelli fait le boulot, ne prend pas de risques, traite cet ensemble sans jamais le sublimer.

C’est la limite du film : intéressant, pédagogique et ouvrant le passage à des pistes de réflexion nécessaires, ce n’est pas la direction d’acteurs gentillette, cette romance parasite assez niaise ou ce parti-pris visuel tout juste digne d’un téléfilm qui en feront un objet filmique indispensable. Le cinéma allemand prouve tout de même qu’il n’est jamais aussi passionnant que lorsqu’il s’intéresse à sa propre histoire : il ne reste plus qu’à donner ce genre de projets à des auteurs de talents, comme Von Donnersmarck ou Hirschbiegel.

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