[critique] London

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London est un film sur le déclin d’une ville, sur ses causes culturelles et politiques. La forme est celle d’un journal imaginaire de l’année 1992, l’année qui vit la réélection surprise de l’infortuné John Major en tant que Premier ministre, la reprise des attentats de l’IRA en Grande-Bretagne, la chute de la maison Windsor, la dévaluation ratée de la livre et son retrait soudain du SME, ainsi que divers autres scandales et faillites…
Le narrateur du film est le compagnon de Robinson, personnage solitaire qui l’a assisté dans ses recherches sur le problème de Londres.

Note de l’Auteur

[rating:7/10]

Date de sortie : 13 août 2003
Réalisé par Patrick Keiller
Film britannique
Avec Paul Scofield
Durée : 1h20min
Titre original : London
Bande-Annonce :

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Étrange œuvre qu’est London. Elle peut nous rendre perplexe dans un premier temps car nous sommes (malheureusement) trop habitués aux films qui mettent simplement en scène des personnages se révélant simplement au travers d’actions. Ici, il n’en sera rien. Patrick Keiller prend le temps de nous raconter une histoire, son histoire, à travers laquelle un regard acerbe est porté sur Londres. Pourtant, de ce film, se dégage une certaine poésie, Londres est présentée comme un rêve, comme une ville indépendante qui ignore ses habitants.
En effet, le film présente Londres à travers une succession de plans fixes mettant en valeur les lignes architecturales de la ville. La voix off du narrateur raconte plus qu’elle ne commente les images. Ces dernières ont leur propre autonomie ; elles ne semblent pas toujours correspondre à ce que raconte le narrateur. De cette rencontre, naît l’émotion.

Ainsi, le film peut surprendre dans un premier temps : le narrateur évoque sa relation avec son ami Robinson. Pourtant les plans évitent toute présence humaine : la ville semble parfois seule. Keiller nous montre donc, à sa manière, comment nous pouvons nous perdre dans cette solitude.
Ce qu’il nous raconte est bel et bien un souvenir : il n’en reste plus aucune trace, le Londres actuel ne correspond plus à leur passé. Cette voix seule, sortant du néant, nous témoigne de cette époque résolue.

Il est alors étrange d’admirer Londres : sommes-nous en proie à la même nostalgie que celle du narrateur et de Robinson? Sans même connaître cette ville, nous sommes touchés par cet instant de vie.
Le metteur-en-scène arrive à animer des souvenirs (qui sembleraient parfois nous appartenir), voire la vie, grâce à son regard porté sur l’architecture londonienne.

Les nombreux plans fixes peuvent paraître ennuyants dans un premier temps, pourtant ces plans surgissent de l’écran pour investir notre quotidien : nous l’écoutons, nous respectons son immobilité et son silence, parfois absolu. Ne nous sommes pas, dès lors, projetés à Londres, immobiles et contemplant un paysage, à la fois beau et désolant ? Nous y abandonnons nos propres rêves et nos inquiétudes. Le film ne nous impose pas une série d’émotions : au contraire, nous avons l’opportunité de l’investir de nous-mêmes.

Ce n’est pas un documentaire touristique sur Londres, ni un film d’action, mais plutôt un véritable regard porté sur une ville mystérieuse malgré sa renommée.

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