The Place Beyond The Pines

THE PLACE BEYOND THE PINES, Gosling en bad boy – Critique

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The Place Beyond The Pines est un film qui semble se construire au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire, donnant à l’esthétique un réalisme fulgurant et cette part documentaire qui n’abâtardit pas néanmoins son côté spectaculaire dans les séquences d’action. Il se construit aussi sur ses personnages en ce sens, Derek Cianfrance voulu métamorphoser Ryan Gosling en bad boy tatoué tout en lui laissant ce côté taiseux qui n’est pas sans nous rappeler le personnage qu’il incarne dans Drive de Nicolas Winding Refn.

Le film scindé en trois parties (trois vies) exploite parfaitement le rapport qu’elles tiennent entre elles. Et quand Luke (Ryan Gosling), cascadeur devenu braqueur de banque pour subvenir aux besoins de sa famille est tué (presque) de sang-froid par Avery Cross (Bradley Cooper), ce dernier lui prend la vie mais aussi et surtout son histoire et sa place au sein du film ; tel un homme venu de nulle part qui renverse un souverain, il opère un véritable « coup d’état ». Pourtant nous spectateurs incrédules que nous sommes, qui s’identifiaient par la compassion peut être, d’autant plus à Luke resterons avares de ce sentiment envers Cross hanté par son passé (le meurtre de Luke lors de la course-poursuite) et ce qui peut être considéré comme l’avenir de Luke, son fils Jason (Dane DeHaan). La clef du film est donc évidente (peut-être trop), le lourd secret autour de Luke et de cette journée fatidique. D’abord pour Romina (Eva Mendes) qui avait promis à Luke de ne jamais révéler à leur fils qui il était vraiment, ce que Jason apprendra, peut-être au dépend de sa mère. Il y a également le secret de Luke, qu’Avery Cross utilisera dans sa quête de montée dans la hiérarchie policière, faisant de plus en plus face à la corruption, le moyen facile d’obtenir ce qu’il veut.

Nous voilà donc devant un nouveau thème essentiel du film, la figure du flic pourri qui plane sur chacun des policiers. La deuxième moitié du film se rythme donc à coup de méthodes hors-la-loi, de coups bas et de corruption. A.C. est sans cesse mis sous pression par sa faute inavouée d’abord et par ses collègues ensuite, qu’il n’hésitera pas à dénoncer pour assouvir son ambition. Un jeu mesquin s’installe, qui est le plus diabolique, la réponse est Cross, menteur, manipulateur et opportuniste à toutes occasions. Comme dans beaucoup de films noirs, il s’agit donc de gangsters contre flics pourris et c’est souvent les gangsters qui triomphent en héros. The Place Beyond The Pines contre toute attente ne déroge pas à cette règle.

Un film qui semble se construire au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire.

The Place Beyond The Pines étale donc trois vies en les plaçant sous les thèmes de la vengeance, de l’ambition et de la succession, thème récurrents des films noirs. C’est sûrement Robin Van Der Zee (Ben Mendelsohn) qui crée le mieux ce basculement dans le genre film de gangster, à l’image de l’ancien braqueur de banque qui veut remettre ça. Son plan est original et semble sans faille, jusqu’au moment où il veut arrêter et cette fois-ci Luke n’est pas d’accord, le cercle vicieux, l’appât du gain l’a emporté. La séquence la plus forte du film est donc celle de la course poursuite tenant toutes ses promesses à mi-chemin entre le réalisme et le spectaculaire. Les plans à l’intérieur de la voiture font penser aux poursuites dans les documentaires, les cascades en moto rejoignent le côté tête brulée de Luke et sa troupe de spectacle itinérante qu’il a quitté. Et c’est quand Luke se réfugie dans la maison, que Cross intervient et tire le premier que l’histoire bascule, Luke est littéralement effacé et c’est Jason qui perpétuera son souvenir.

La confrontation entre Luke et Avery Cross s’opère donc d’abord par le rapprochement de leurs descendances respectives à savoir Jason et AJ (Emory Cohen). A première vue, c’est d’ailleurs AJ qui pose problème à son père, personnage plutôt figuratif mais qui stéréotype énormément le gosse de flic rebelle est bien la cause de l’immersion de Jason dans leur vie, considéré comme l’élément perturbateur. Cross aurait pu se débarrasser de Jason pour faire vite mais ce n’est pas un criminel et même s’il a tué une fois, il n’en est pas capable ici. De l’autre côté, Jason remplit de haine semble être prêt à éliminer n’importe qui, c’est la psychologie accentué de son père, en d’autres termes Luke en pire.

Tous ces personnages mis en valeur par le récit devraient métamorphoser le film en véritable chef-d’œuvre. Et pourtant il manque quelque chose, ou plutôt il y a quelque chose en trop ; c’est ça la tare qui nous fait apprécier pas totalement l’œuvre que l’on voit. Je ne déconseille pas néanmoins de voir ce film, mais je constate qu’à un moment donné il s’essouffle laissant une bonne trentaine de minutes en trop. Et régulièrement on tombe dans le cliché, dans un film qui est loin de les utiliser pour les dénoncer à l’image d’Harmony Korine dans Spring Breakers. Ainsi on peut constater que ce casting de luxe conforte et appui le film quand il plonge dans l’« évident », « déjà-vu » dans une histoire pourtant originale.

Alexis

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