Critique du film L'Antisémite de et avec Dieudonné

[critique] L’Antisémite

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Affiche du film L'ANTISÉMITE

Une femme atteinte du cancer et se voyant mourir demande à son mari qu’il se fasse psychanalyser par un psy juif afin de soigner son antisémitisme. La rencontre entre ces deux personnages va donner lieu à une sorte de situation comique.

Note de l’Auteur

[rating:1/10]

Date de sortie : Prochainement
Réalisé par Dieudonné
Film Français , iranien
Avec Dieudonné
Durée : 1h35min
Bande-Annonce :

Très populaire dans les années 90 en tant qu’humoriste avec son compère de scène Elie, Dieudonné aurait pu filer des jours heureux en continuant sagement dans le même registre qui lui assurait un certain confort matériel, sans aucune prise de risque ni remise en question. Il aurait même pu finir dans une pub SFR. Le sommet de la reconnaissance dans le métier, somme toute, si on en juge par toutes les « célébrités » sur le retour qui font la queue pour apparaitre dans les pubs LCL. Parallèlement, il fait aussi ses débuts au cinéma en apparaissant coup sur coup dans Didier, Le déménagement et Le clone (par ordre chronologique mais aussi par ordre décroissant de qualité…)

Fils d’un Camerounais, il entreprend alors de défendre la cause des Noirs, arguant (non sans raison) que toutes les souffrances doivent être rappelées et que, puisqu’on commémore la Shoah, on devrait en faire autant pour les victimes de l’esclavage et de « la traite des Noirs ». Flanqué de cette noble cause, il poussera l’idée plus/trop loin (rayer la mention inutile) en prétendant que si les exactions commises sur les Noirs sont si souvent passées sous silence, c’est parce que celles commises sur les Juifs sont trop présentes. Il réalise alors le fameux sketch du « rabbin fasciste » dans une émission de Fogiel qui le mettra au ban du show-biz. Amusé, ou énervé, par les réactions outrées qui ont suivi, toujours en argumentant qu’on peut rire des Noirs mais pas des Juifs, Dieudonné se radicalisera en cherchant à devenir le plus infréquentable des comédiens, fricotant avec Le Pen, des négationnistes ou le président iranien. Sans toujours partager leurs idées mais dans le but de voir les journalistes faire leurs vierges effarouchées.

Photo (1) du film L'ANTISÉMITE

Le film aggrave « le cas Dieudo », n’explique rien, se contente paresseusement d’enfiler les provocations et sent furieusement le réchauffé.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela marche, puisqu’on ne l’a plus jamais revu sur un plateau télé et que les arrêtés municipaux pleuvent pour l’interdire de jouer ses spectacles. Il en est réduit à jouer quasi uniquement au théâtre de la Main d’or, dont il est propriétaire. N’ayant pas abandonné ses espoirs de cinéma, il entreprend, toujours dans l’esprit autodidacte, de réaliser « un film en huit jours et avec un budget de moins de 100.000 euros », qui sera visible seulement à la Main d’or. Suite à une première présentation du film, la LICRA demande l’interdiction de sa diffusion, demande qui sera déboutée par le juge, notamment en raison de « son aspect parodique ».

C’est donc auréolé d’une petite réputation de film interdit, dont les copies s’échangent sous le manteau, qu’on découvre ce film. De plus, le jugement rendu devrait nous absoudre de toute accusation de nazisme pour le simple fait d’avoir vu le film. Mieux vaut se faire une idée par soi-même, comme j’ai pu le faire pour ses spectacles où on se rend compte, loin de l’agitation médiatique qui les présente souvent comme des incitations à la haine raciale, que Dieudonné est un excellent comédien et qu’il tape autant sur toutes les religions ou sur l’Afrique que sur Israël.

Le film le voit interpréter un antisémite qui cherche à se faire soigner. L’occasion était belle de tordre définitivement le cou à toutes ces accusations et de livrer une farce sur le thème « on peut rire de tout » en démontrant à tout le monde la différence entre un antisémite et un antisioniste (ce dont il se réclame et qui n’est pas illégal). Las, le film aggrave « le cas Dieudo », n’explique rien, se contente paresseusement d’enfiler les provocations et sent furieusement le réchauffé: la scène d’ouverture tourne en dérision la libération des camps en sous-entendant que ce n’était pas si grave qu’on veut bien nous le faire croire, on nous ressert Faurisson, etc… Pour cacher le manque de moyens, le tout est montré sous le procédé facile du making-of du film dans le film. Pas forcément une mauvaise idée en soi (Les clefs de bagnole, de Baffie, injustement oublié, savait être drôle avec la même structure) mais ici on se rend vite compte que cela sert à masquer l’amateurisme général du projet. C’est pas écrit, mal joué, mal filmé et surtout jamais drôle. On en vient à souhaiter qu’un juge l’interdise, non pas pour négationnisme des chambres à gaz, mais pour négationnisme du cinéma: il faut vraiment croire que le spectateur n’a vu aucun film avant pour oser lui montrer une pareille bouse.

Je mets 1/10 quand même (ou une étoile jaune, c’est selon…) pour le jeu de Dieudonné qui, comme tous les grands, sait faire rire avec une mimique, un regard. Mais c’est plus visible sur scène qu’ici, comme Gad Elmaleh l’avait déjà montré avec Chouchou: ce qui peut être drôle dans un sketch de 3 minutes l’est beaucoup moins dans un film d’1h30.

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Rédacteur depuis le 16.02.2011

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  1. Pour ma part je ne m’attendais pas à voir un film de cinéma, mais un truc potache, et c’est ce qu’est le film. Ça me fait penser a des délires des Inconnus à l’époque.
    Apres c’est du Dieudonné, toutes les confessions et origines sont dans le film, tous les clichés y passent avec evidement une insistance sur les cliches juifs. Il y a du drôle et du pas spécialement drôle, des petits moment limite de malaise, probablement voulus.

    Je ne vois pas ce que ça a de mal réalisé ou de mal filmé, j’ai même plutôt trouve ça pas mal foutu.
    Les acteurs ne sont pas mauvais, je ne vois pas ce qu’on aurait pu attendre de plus, compte tenu du ton du film.
    Et de toutes façon il faut pas avoir l’intention de faire carrière pour jouer dans un film de Dieudonné lol
    Sur l’histoire il n’y a rien a dire puisqu’elle n’est qu’un prétexte pour aborder les sujets récurrents chez Dieudonné.

    Peut être que certains auraient aimé que ce film soit un joyaux d’intelligence qui aurait buzzé et touché positivement un public plus large, mais il est clair que c’est plutôt adressé à ceux qui comprennent le délire déjà ou du moins qui n’en n’ont pas peur.

    Moi je m’en fou. En tout cas je mettrais plutôt genre 5, déjà par ce que j’ai rigolé, et que j’avais peur de ne pas rire du tout.

  2. Pour ma part je ne m’attendais pas à voir un film de cinéma, mais un truc potache, et c’est ce qu’est le film. Ça me fait penser a des délires des Inconnus à l’époque.
    Apres c’est du Dieudonné, toutes les confessions et origines sont dans le film, tous les clichés y passent avec evidement une insistance sur les cliches juifs. Il y a du drôle et du pas spécialement drôle, des petits moment limite de malaise, probablement voulus.

    Je ne vois pas ce que ça a de mal réalisé ou de mal filmé, j’ai même plutôt trouve ça pas mal foutu.
    Les acteurs ne sont pas mauvais, je ne vois pas ce qu’on aurait pu attendre de plus, compte tenu du ton du film.
    Et de toutes façon il faut pas avoir l’intention de faire carrière pour jouer dans un film de Dieudonné lol
    Sur l’histoire il n’y a rien a dire puisqu’elle n’est qu’un prétexte pour aborder les sujets récurrents chez Dieudonné.

    Peut être que certains auraient aimé que ce film soit un joyaux d’intelligence qui aurait buzzé et touché positivement un public plus large, mais il est clair que c’est plutôt adressé à ceux qui comprennent le délire déjà ou du moins qui n’en n’ont pas peur.

    Moi je m’en fou. En tout cas je mettrais plutôt genre 5, déjà par ce que j’ai rigolé, et que j’avais peur de ne pas rire du tout.

  3. Eh oui, c’est compliqué de faire un film, encore plus quand on n’a pas les moyens. Mais personne ne l’y oblige.
    En plus, il récidive, avec Métastases, dont 2 extraits circulent sur la toile.
    L’un des deux (le docteur M’Foudi) est même très drôle, ce qui fait déjà une scène drôle de plus que pour son premier essai.
    Peut-être qu’un jour on rira autant à ses films qu’à ses spectacles…

  4. Eh oui, c’est compliqué de faire un film, encore plus quand on n’a pas les moyens. Mais personne ne l’y oblige.
    En plus, il récidive, avec Métastases, dont 2 extraits circulent sur la toile.
    L’un des deux (le docteur M’Foudi) est même très drôle, ce qui fait déjà une scène drôle de plus que pour son premier essai.
    Peut-être qu’un jour on rira autant à ses films qu’à ses spectacles…

  5. Excellente critique, plutot juste et impartiale (de meme que votre récapitulatif sur « l’affaire dieudonné »). Vous évitez bien les ecueils et la diffamation, contrairement à votre « confrère » de Première. J’adore Dieudonné, mais c’est vrai que pour le coup, c’est dommage que ce film n’ait pas été interdit, pour les memes raisons que vous citez^^ Ayant adoré ses spectacles, j’ai été « un peu » déçu…

    En meme temps, c’est compliqué de faire un bon film sans l’expérience adéquate (ce n’est pas une excuse qui rendra ce film meilleur), c’est vraiment un autre format, une autre discipline qu’un spectacle (discipline qu’il maitrise parfaitement, avec grand talent).

    S’il reste regardable, il vaut mieux ne pas s’attendre à un chef-d’oeuvre, sous peine d’etre décu. Pour un public averti.

  6. Excellente critique, plutot juste et impartiale (de meme que votre récapitulatif sur « l’affaire dieudonné »). Vous évitez bien les ecueils et la diffamation, contrairement à votre « confrère » de Première. J’adore Dieudonné, mais c’est vrai que pour le coup, c’est dommage que ce film n’ait pas été interdit, pour les memes raisons que vous citez^^ Ayant adoré ses spectacles, j’ai été « un peu » déçu…

    En meme temps, c’est compliqué de faire un bon film sans l’expérience adéquate (ce n’est pas une excuse qui rendra ce film meilleur), c’est vraiment un autre format, une autre discipline qu’un spectacle (discipline qu’il maitrise parfaitement, avec grand talent).

    S’il reste regardable, il vaut mieux ne pas s’attendre à un chef-d’oeuvre, sous peine d’etre décu. Pour un public averti.