★★★★★★★★★★ Critique du film LES INFILTRÉS (The Departed) réalisé par Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Jack Nicholson, Mark Wahlberg, Martin Sheen et Alec Baldwin.

[critique] LES INFILTRÉS

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Affiche du film LES INFILTRÉS

A Boston, une lutte sans merci oppose la police à la pègre irlandaise.
Pour mettre fin au règne du parrain Frank Costello, la police infiltre son gang avec « un bleu » issu des bas quartiers, Billy Costigan.
Tandis que Billy s’efforce de gagner la confiance du malfrat vieillissant, Colin Sullivan entre dans la police au sein de l’Unité des Enquêtes Spéciales, chargée d’éliminer Costello. Mais Colin fonctionne en « sous-marin » et informe Costello des opérations qui se trament contre lui.
Risquant à tout moment d’être démasqués, Billy et Colin sont contraints de mener une double vie qui leur fait perdre leurs repères et leur identité.
Traquenards et contre-offensives s’enchaînent jusqu’au jour où chaque camp réalise qu’il héberge une taupe. Une course contre la montre s’engage entre les deux hommes avec un seul objectif : découvrir l’identité de l’autre sous peine d’y laisser sa peau…

Note de l’Auteur

[rating:10/10]

Titre original : The Departed
Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : William Monahan
Acteurs principaux : Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Jack Nicholson, Mark Wahlberg, Martin Sheen, Alec Baldwin
Pays d’origine : Etats-Unis
Sortie : 29 novembre 2006
Durée : 2h30min
Bande-Annonce :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=IL9uFwB6yjc[/youtube]

J’ai eu l’idée (je ne dis pas qu’elle est bonne, loin de là, elle est plutôt mauvaise même) de mon introduction en rentrant du travail. Il faisait chaud. Mais ce n’est pas ça l’important. Le point essentiel est la musique que j’écoutais : Wet Sand des Red Hot Chili Peppers. Magnifique chanson ponctuée d’un solo final tout simplement orgasmique, je me disais, tout en mimant le solo par d’innombrables sons gutturaux tous plus ignobles les uns que les autres, qu’à la millième réécoute, la force de ce passage était intacte. Voire même encore plus délicieuse. Mais je me disais aussi (en fait je me disais plusieurs trucs) que j’étais triste. Mais triste, non pas parce que je l’écoutais, bien au contraire, mais parce que j’aurais aimé retrouver cet instant où je l’ai entendu pour la première fois. Je n’ai malheureusement plus aucune idée de ma sensation lors de la découverte. Comment avais-je ressenti ce plaisir ? Que m’étais-je dit ? Et pour LES INFILTRÉS, il en est de même. Que j’aimerais le voir à nouveau pour la première fois ! Et quelle force il dégage encore au vingtième visionnage !

Car oui, LES INFILTRÉS fait partie de ces films instantanément cultes dont le potentiel de jouissance livré aux spectateurs ne s’use pas avec le temps et les innombrables visionnages. Il se bonifie même. Oui, Martin Scorsese s’est fait sommelier et nous a débouché son meilleur millésime. Alors bon, comment critiquer un chef d’œuvre de genre ? Un simple « c’est excellent en tout point, que voulez vous que je dise de plus ? » en critique me parait le plus adapté, mais j’ai bien peur que notre Rédac’ Chef n’accepte pas une critique de 13 mots.

Photo du film LES INFILTRÉS

Leonardo DiCaprio atteint des sommets et devient un monstre de jeu.

Alors allons-y et, au pif, commençons par les acteurs. Leonardo DiCaprio, Mark Wahlberg, Matt Damon, Jack Nicholson, Martin Sheen, Alec Baldwin… Bref, que voulez vous que je dise de plus ? Non, mais plus sérieusement, rien à redire. Tout est impeccable. Chacun est en place et livre une performance juste et maitrisée. Mention spéciale tout de même à Leonardo DiCaprio qui atteint des sommets et devient un monstre de jeu à mesure que le film avance. Sa crispation, son angoisse et sa tension, se font plus ample lors de la progression de l’intrigue et son jeu en devient alors de plus en plus minutieux et méticuleux.

Si DiCaprio livre un jeu puissant, c’est notamment grâce à scénario en apparence simpliste mais qui s’avère être au final plus profond qu’une simple histoire d’infiltration policière : honneur, justice, faux-semblants, filiation, respect… L’étendue des ramifications de l’histoire est ample et nous offre un spectacle policier, criminel et tragique excellent pour le genre. La mafia, les flingues, l’Irlande, tout y est.

Et cette histoire permet alors une étude poussée et profondément viscérale de l’homme et de son fond. Jusqu’où est-on prêt d’aller ? Pour quelles raisons ? Qu’est ce qui nous pousse à être ce que l’on est ? Et surtout, la question des limites : la limite entre le bien et le mal, la limite entre la justice et la criminalité, la limite entre la vérité et le mensonge, la limite entre les apparences et la loyauté… Tout est remis en cause et chamboulé. Moralement, l’histoire nous emmène flirter avec ces limites et pose quelques remises en question. On est constamment sur un fil et, comme le scénario basique de faux semblants, l’histoire joue sur les croyances toutes faites et prend à revers toute morale habituelle.

Photo du film LES INFILTRÉS

L’histoire, c’est aussi une ville. Boston. Magnifiée, ici, elle devient un réel personnage. C’est elle qui transforme et engloutit les individus. Chaque destin est intimement lié à la ville. Sans elle, personne ne serait là où il est. C’est cette ville qui a forgé les destins des protagonistes et qui leur permet d’y exercer leurs activités, aussi bien criminelles que policières. Véritable catalyseur invisible mais bien présent, Boston est l’horloge qui permet à l’histoire d’avancer. La force de la mise en scène est de réussir à l’intégrer en filigrane et d’indirectement la placer inconsciemment au cœur de toutes les tourmentes et de toutes les situations.

Martin Scorsese s’est fait sommelier et nous a débouché son meilleur millésime.

La mise en scène justement, car il est temps d’en parler, est un bijou de précision, de légèreté, de rapidité, de fluidité, de ce que vous voulez ! Le mouvement est permanent, comme l’histoire. Le fond et la forme s’accouplent alors parfaitement. La mise en place de l’action est rapide, concise et efficace. De même au milieu du film, la progression de l’histoire suivra le même schéma. Scorsese réussit bien entendu son coup puisque les moments clés ont droit à plusieurs longues minutes et là, tout le talent du réalisateur transpire alors, donnant au spectateur un recueil de scènes travaillées et habitées par une empreinte et un style inégalable.
Cette mise en scène en suspension est relevée par un sens aigu de l’utilisation de la musique et du son. Moments franchement hard grâce aux Dropkick Murphys, déroulement de l’histoire en toute fluidité accompagné des Rolling Stones, moment sentimental magnifié par Comfortably Numb des Pink Floyd… Mais Scorsese sait aussi utiliser le silence. Et très bien. Les moments choisis (parfaitement) où la musique disparait, et que seul les sons de l’environnement subsistent, sont alors encore plus fort. Le réalisateur nous laisse, comme les protagonistes, seuls avec les bruits de l’environnement proche. Une technique donnant alors un côté réel franc et donnant alors une puissance supplémentaire à certaines scènes.

La maitrise est donc totale, de bout en bout, de séquences en séquences. Je ne vais donc pas m’attarder plus sur ce chef d’œuvre. Tout est très bien alors pourquoi tenter de le dire encore et encore ? Je risque de tourner en rond, déjà que je pense que, pour cet article, la répétition a été ma figure de style la plus utilisée. Donc oui, c’est un excellent film. Point. Un monument de genre, un chef d’œuvre criminel, un grand film noir, un très bon policier… En fait, juste, si vous ne l’avez pas vu, regardez-le !

Photo du film LES INFILTRÉS

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Rédacteur depuis le 17.02.2013

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