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[critique] LES PROMESSES DE L’OMBRE

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Affiche du film LES PROMESSES DE L'OMBRE

Bouleversée par la mort d’une jeune fille qu’elle aidait à accoucher, Anna tente de retrouver la famille du nouveau-né en s’aidant du journal intime de la disparue, écrit en russe. En remontant la piste de l’ouvrage qu’elle tente de faire décrypter, la sage-femme rencontre Semyon. Elle ignore que ce paisible propriétaire du luxueux restaurant Trans-Siberian est en fait un redoutable chef de gang et que le document qu’elle possède va lui attirer de sérieux problèmes…
Pour Nikolai, chauffeur et homme de main de la toute-puissante famille criminelle de l’Est, c’est le début d’une remise en cause. Entre Semyon et son fils Kirill, prêts à tout pour récupérer le journal, et l’innocente Anna, sa loyauté va être mise à rude épreuve. Autour d’un document qui se révèle de plus en plus explosif, plusieurs vies sont en jeu, dont la sienne, alors que se déchaînent les meurtres et les trahisons dans la famille comme dans la ville…

Note de l’Auteur

[rating:10/10]

Date de sortie : 7 novembre 2007
Réalisé par David Cronenberg
Film Canadien, Américain, Britannique
Avec Viggo Mortensen, Naomi Watts, Vincent Cassel
Durée : 1h40min
Titre original : Eastern Promises
Bande-Annonce :

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J’ai pour habitude d’aller au cinéma tout seul. Pour ne pas être dérangé. Enfin, il y a bien les gens qui sont dans la salle qui sont une possible source de nuisance me direz vous. C’est indéniable. Mais disons que si j’arrive à limiter les interférences en évitant de ramener quelques compères devant le film, je m’estime satisfait et me dis que c’est déjà pas mal. Le verre est à moitié plein.
Mais quand je n’étais pas en âge de conduire et de vadrouiller vers un cinéma passant un film m’intéressant, mon père me faisait la joie de me conduire. J’ai bien dit joie. Car oui, mon père est un compère agréable. Il ne dit rien pendant un film. C’est donc une qualité fort appréciable. Il ne dit même rien après le film. Ni avant. Ni souvent en fait. M’enfin, on s’égare ! Le mutisme de mon paternel, bien qu’intéressant, n’est pas le sujet. Mais la remarque a tout de même son importance puisque,après la séance, prolixement, il me dit : « La scène du Hammam était bien. ». Oui, il n’est pas très emphatique non plus finalement.

Mais rendons à César (etc etc) puisque cette fine remarque concise a le mérite de mettre en lumière une caractéristique du film : une continuité et une cohérence parfaite, saupoudrées d’éclats de moments de génie. Le film se construit ainsi tel un manège à sensations fortes généralement titré d’après un relief montagnard et la nationalité russe. Les montées d’adrénaline sont sporadiques, toutes bien pensées et franchement radicales. Cronenberg n’attend d’ailleurs que la deuxième minute pour lancer la première poussée de sensation. Car oui, dans la lignée de A HISTORY OF VIOLENCE, le réalisateur se complait dans le rouge. Ames sensibles… Vous pouvez regarder mais vous vous cacherez les yeux assez souvent. Ce qui est dommageable, puisque la violence est ici esthétisée et érotisée. Elle est polymorphe même : crue, radicale, verbale, physique, sexuelle, glacée, morale…

Le film possède une certaine force : être dur et classe. Rugueux mais pas dépourvu de finition. Il combine plusieurs éléments antithétiques qui finalement donnent un mélange cohérent. Une ambiance sèche, poisseuse, tendue et étouffante dans laquelle, par opposition, brille Naomie Watts. Perdue dans un milieu hostile dont elle ignore tout, sa candeur rayonne et contraste puis décline jusqu’à se transformer en une admirable force de caractère de résistance.

Photo du film LES PROMESSES DE L'OMBRE

Le film combine plusieurs éléments antithétiques qui, finalement, donnent un mélange cohérent.

La métamorphose des personnages et l’influence du milieu est un élément central avec lequel David Cronenberg se délecte. On suit avec passion une histoire dans laquelle chaque caractère est inscrit et évolue de façon réaliste au fil du temps. Une véritable plongée dans l’univers de la mafia russe est mise en place et l’influence de la hiérarchie de l’organisation se voit progressivement mise à jour. Un aspect documentaire pourrait alors être dégagé du film pour sa précision meurtrière. Le film possède donc un côté très réaliste qui renforce alors l’impact de chacune des scènes.

Les scènes justement, ces moments d’éclats que nous avons définis plus haut, sont toutes très bien, mais par honnêteté, il faut bien reconnaitre que ce sont celles avec Viggo Mortensen qui happent les spectateurs. Aimant viril érotique, calme impassible, froideur glaçante, il joue simplement à la perfection et chaque apparition est alors attendue et satisfaisante. Il rend le personnage du simple chauffeur, qui devrait n’être simplement qu’un second rôle par son statut de sous-fifre, absolument convaincant et fascinant. Mystérieux, calme et lent, il est une énigme vivante qui nous empêche de lever les yeux du film.

Mais Viggo Mortensen n’est pas le seul ingrédient qui permet au film de décoller. Il faut féliciter aussi bien entendu la réalisation. Les accès de violence fulgurante sont tous très bien sentis et « nécessaires ». Le film est violent, cru et dur, mais on ne bascule pas dans le voyeurisme et la violence gratuite. Cronenberg est maitre de l’espace du timing et du plan juste. Il adapte la réalisation à la nécessité de la situation présente. On ajoute, comme d’habitude, une qualité de la photo juste renversante et une tonalité colorée unie qui traverse tout le film pour donner une réalisation impeccable.

Finalement, le seul problème, c’est qu’avec d’excellents films comme ça, on pourrait passer des heures et des mots sur chaque scène pour dire à quel point tout est parfait. Alors je pense qu’il vaut peut être mieux s’en tenir au style de mon père. Parce que je pense que tout ça, c’est tout ce qu’il voulait dire avec sa remarque. Non ?

Photo du film LES PROMESSES DE L'OMBRE

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Rédacteur depuis le 17.02.2013

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