MONUMENTS MEN

MONUMENTS MEN, un gâchis de talents et d’énergie – Critique

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Pendant la seconde guerre mondiale, un historien souhaite récupérer des œuvres volées par les nazis, et embauche une équipe de vieux bras cassés mais spécialistes en arts, pour aller sur le terrain récupérer « what’s ours » and « give it back to its owner (…) ’cause it’s IMPORTANT « … Mouais.

The Monuments Men était pour moi un film raté, bien avant que sa production commence, dès le moment ou l’idée de faire un film à partir de cette histoire est sortie de la tête des scénaristes. Ce que George Clooney tente de nous raconter, c’est le genre d’histoires qu’on transmet de générations en générations, sur l’héroïsme des hommes, leur courage, etc. Sauf qu’il se trompe de médium : par définition, le Cinéma est un art qui montre, puis raconte. Or, l’histoire des Monuments Men est un récit qui doit rester oral, prendre de l’ampleur chaque fois qu’on le raconte. Laisser de la place à l’imagination et aux mystères du non-dit. Le genre de récit trop improbable pour être raconté par l’image, trop misanthrope pour être illustré de manière empathique. Car comment impliquer le spectateur dans le combat d’hommes qui privilégient l’objet à l’être humain, si prestigieux soit cet objet? Cela aurait pu être acceptable si George Clooney avait su prendre du recul, réaliser son film avec plusieurs niveau de lecture, ou même juste du second degré. Ce n’est pas le cas.

Le premier écueil de Monuments Men, selon moi, est que George Clooney échoue à représenter les œuvres d’art comme un personnage à part entière. La mise en scène, à qui l’on ne demande pas d’égaler Terrence Malick ou Steven Spielberg, se devait au moins d’être en adéquation avec son sujet. Or, George Clooney n’arrive jamais à les représenter (les œuvres d’art), par l’image ou le dialogue. En résulte le manque d’intérêt cinématographique de la quête, à la différence d’un Anneau ou d’une Arche d’Alliance par exemple.

De plus, le film suit un cours d’une prévisibilité navrante qui repose sur une esthétique cliché du film de guerre : la reconstitution historique semble fidèle mais possède un coté déjà vu, en plus d’être sous exploitée : la majorité des scènes se passe en décors intérieur plutôt vides, ou simplement ternes, ce qui est dommage vu l’ampleur et la précision des décors extérieurs – villes détruites, camps de rassemblement etc. La photo du film est tantôt trop sombre, tantôt quelconque, et peine à mettre en valeur acteurs, décors, ou quoi que ce soit…

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les dialogues naviguent entre speechs revigorants sur l’intérêt de « la mission », blagues de vieux, histoires personnelles déjà entendues et une morale exagérément patriotique. Seuls les délicats moments entre Matt Damon et Cate Blanchett sortent un peu de l’ordinaire.

Les situations, en plus d’être parfois ridicules, manquent d’originalité. Leur enchainement se fait sans rythme, sans réel liant narratif.  Trois idées ont néanmoins retenu mon attention, pendant à peu près 8 minutes : des Monuments Men pris entre deux feux, l’éclatement de l’équipe, multipliant les points de vue sur l’Europe dévastée par la guerre, et une pseudo enquête pour suivre « l’art », entamée par Matt Damon et Cate Blanchett. Voila.

Un film dans lequel les acteurs s’impliquent au minimum et où le manque d’ambition artistique illustre un gâchis de talents et d’énergie.

Les acteurs n’apportent pas l’énergie qui pourrait cimenter des matériaux aussi pauvres : George et Matt nous rejouent la nonchalance surannée à la Ocean’s 11, Cate surjoue un personnage à l’utilité discutable, le reste du cast (Bill Murray, John Goodman, Jean Dujardin…), inexploité, se révèle tout juste sympathique, la ou il aurait du être charismatique, pour donner de la présence aux protagonistes, de la crédibilité à l’histoire.

Idem pour les fameux Nazis, éternels méchants aux sourcils froncés qui en plus cette fois, détruisent des œuvres inestimables… Dépeints sans nuance aucune, sans présence non plus. Sans doute pour éviter de desservir le sujet du film, surtout que celui ci peine à trouve une place, ces personnages ne représentent jamais une menace. Même lorsque le spectre de l’holocauste fait son apparition, celui-ci est réduit à un artéfact et à un nazi dirigeant de camp de concentration auquel George fait une ridicule leçon de bien vivre et de civisme.

Encore une fois l’utilisation des clichés prédomine, il en est ainsi de l’héroïsme déplacé de ces hommes, de cette camaraderie tout à fait inadéquate, de ce sentimentaliste sans portée, et du patriotisme hors-sujet. C’aurait pu être un film à la précision documentaire, un fabuleux portrait de personnalités misanthropes mais conscientes de l’importance du legs au générations suivantes, une vision neutre du conflit centrée sur la perception de l’art comme motif de réflexion, ou comme enjeu politique, ou même idéologique… C’est, au final, une paraphrase sans personnalité.

Les scénaristes d’Hollywood n’arrivent donc plus à trouver d’idées originales et puisent dans les « True Stories » sans intérêt pour le cinéma, pour nous livrer un Monuments Men sans aucun supplément d’âme de la part d’un George Clooney qui a pourtant su par le passé magnifier un sujet chiant ou prouver son engagement politique. Un film dans lequel les acteurs s’impliquent au minimum et ou le manque d’ambition artistique illustre un gâchis de talents et d’énergie. Bref. Un film fait de vent et d’opportunisme.

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Mise en scène
Scénario
Photographie
Musique
Casting
Note des lecteurs4 Notes
2.3

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