Shirley : un voyage dans la peinture d'Edward Hopper
© Jerzy Palacz

SHIRLEY : UN VOYAGE DANS LA PEINTURE D’EDWARD HOPPER – Interview du réalisateur

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


[dropcap size=small]L[/dropcap]e 17 SEPTEMBRE 2014 sortira en France le film SHIRLEY : Un Voyage dans la peinture d’Edward Hopper , une traversée du temps dans l’Amérique des années 30 à 60, qui vogue à travers 13 toiles d’Hopper. Une histoire qui se raconte à travers des tableaux vivants. Une histoire à travers l’Histoire, animant les œuvres mythiques du peintre. Un film à la limite de l’expérience pour un réalisateur-plasticien qui nous raconte.  A la veille de sa sortie en France, Gustav Deutsch, son réalisateur autrichien, nous a accordé quelques minutes de son temps pour une interview.

Jim Katana: Si on ne vous le demandait pas, que diriez-vous de vous ?

Gustav Deutsch : Si on ne me le demandait pas, je ne dirais rien.

JK : Hopper était un grand francophile, on le constate par citations dans son œuvre. Quel est votre relation à la France ?

GD : Je visite, voyage, et travaille en France depuis plus de 40 ans, mes recherches au Centre National de la Cinématographie, à Bois d’Arcy, on étés très importantes pour ma trilogie FILM IST., basée sur le found footage. J’ai aussi passé quelques semaines très importantes, seul dans les montagnes derrière Nice / Vence, une sorte de retraite, quand j’était plus jeune.

JK : Hormis Shirley, une partie de votre travail est effectivement basée sur le found footage. Quels en sont les avantages et les inconvénients d’un point de vue technique et créatifs ? Peut-on faire du cinéma moderne avec des images anciennes ?

GD : Travailler sur le found footage signifie ramener à la vie des documents d’archives. C’est un grand avantage et un luxe d’avoir accès aux collections d’archives. Il n’y aucun inconvénient.
Si je ne pouvais pas actualiser le cinéma avec du found footage il n’y aurait aucune raison de le faire. Je ne suis pas sentimental.

(C) Jerzy Palacz
(C) Jerzy Palacz

JK : Vous avez été architecte. En quoi cela vous-a-t-il aidé dans votre travail de mise en scène ?

GD : J’ai appris trois choses, aussi importantes en temps qu’architecte que réalisateur : la patience, penser par étapes, et la capacité à échanger et travailler avec des personnes très différentes.

JK : Quel a été le moment charnière qui vous a poussé à vous tourner vers la réalisation ?

GD : Il n’y a pas eu de “point charnière”, je l’ai fait en parallèle. [NDLR : sous entendu : “du reste de mes activités artistiques”]

JK : Votre film est à la croisée des arts plastiques, du théâtre et du cinéma. Vous voyez-vous comme un réalisateur, un metteur en scène ou un artiste plasticien ? 

GD : Je me considère comme un artiste travaillant principalement dans le champ des arts visuels.

JK : « Tableau vivant », histoire à travers le temps, OVNI… Comment positionnez-vous votre film ? Quel est son héritage ?

GD : Je laisse aux autres le soin de positionner mon film et de nommer son héritage. Ce qui est normal en Art, sous toute ses formes.

(C) Jerzy Palacz
(C) Jerzy Palacz

JK : Quel est le processus créatif qui mène des peintures à votre film ?

GD : Lire – par exemple la trilogie U.S.A de John Dos Passos -, penser, écrire.

JK : Comment avez-vous choisi les 13 peintures d’Hopper qui structurent votre film?

GD: Je les ai choisies en fonction de l’histoire ainsi que des possibilités techniques en terme de reconstitution tridimensionnelle en studio.

JK : Comment avez-vous trouvé l’équipe technique pour vous permettre de réaliser cet performance ? Qu’apporte le travail en équipe ?

GD : Le chef opérateur Jerzy Palacz m’a contacté trois ans avant que le tournage ne débute et m’a proposé sa collaboration. Il a proposé l’électricien Dominik Danner. La peintre Hanna Shimek est ma partenaire dans la vie comme dans les arts. Je connais l’architecte Franz Berzl depuis mes études. La costumière Julia Czepp a son propre label -mija.t.rosa- et a utilisé sa propre collection pour le film. C’est la sœur du designer Karl Ulbl, qui s’est chargé des livres et toute l’accessoirisation graphique du film. On peut dire que c’est une affaire de famille !
Faire un film est un travail d’équipe – sans une équipe dévoué, il n’y pas de film.

(C) Jerzy Palacz
(C) Jerzy Palacz

JK : Dans « Shirley », le travail sur la lumière est impressionnant. Comment avez vous travaillé avec votre directeur de la photographie Jeryz Palacz ?

GD : J’ai commencé à travailler sur la lumière avec Jerzy Palacz trois ans avant le tournage, et une demi année avant en ce qui concerne Dominik Danner (NDLR : l’électricien). Sur le tournage, nous avions une journée à un une journée et demi d’installation lumière (NDLR : par tableau). Outre la peinture, nous avons pris comme source d’inspiration des films  -particulièrement ceux des films noirs – et des photographies.

« L’Art – entre autres choses – doit avoir une efficacité sociale »

JK : Le choix de Stephanie Cumming, danseuse et chorégraphe pour le rôle principal est-il totalement innocent ? Comment avez vous travaillé ensemble ?

GD : Le choix de Stephanie Cumming n’est pas du tout innocent, il a été tout à fait intentionnel. Seule une danseur pouvait performer ce rôle totalement chorégraphié. Nous avons travaillé ensemble sur la chorégraphie sur la base d’un story-board très détaillé que j’ai dessiné préalablement.

(C) Gustav Deutsch
(C) Gustav Deutsch

JK : La femme que l’ont retrouve dans les toiles d’Hopper est en réalité sa propre femme qui lui servait de modèle.  Pourquoi appeler votre personnage “Shirley” ? Pourquoi pas “Josephine”, du nom de la femme d’Hopper qui lui servait de modèle à ces même tableaux ?

GD : Shirley est le nom donné à la femme de “Office at Night” par Edward et Josephine Hopper.

JK : Quel part de vous peut-on trouver en Shirley, le personnage principal?

GD : Peut-être le fait de croire que l’art  – entre autres choses – doit avoir une efficacité sociale.

JK : Et pour finir, “The Sorry-Question” (actualité oblige) : Hopper s’est inspiré des films noirs. Tourneriez-vous Sin City 3 ?

GD : Non

 

 

[divider]INFORMATIONS[/divider]

Affiche Shirley

Titre original : Visions of Reality
Réalisation : Gustav Deutsch
Scénario : Gustav Deutsch et Thomas Schlesinger
Acteurs principaux : Stephanie Cumming, Christoph Bach
Pays d’origine : Autriche
Sortie : 17 SEPTEMBRE 2014
Durée : 1h32
Distributeur : KMBO
Synopsis : Un hommage à la peinture d’Edward Hopper et aux Etats Unis des années 1930 à 1960. Une impressionnante reconstitution de treize tableaux prenant vie restituant le contexte social, politique et culturel à travers le regard du personnage féminin, Shirley. Une œuvre unique, véritable rencontre du cinéma et de la peinture.

[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

Nos dernières bandes-annonces