PARADIS PERDU

[CRITIQUE] PARADIS PERDU (1940)

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Mise-en-scène
8
Scénario
9
Casting
10
Photographie
8
Musique
10
émotion
10
Note des lecteurs1 Note
9
9.2

Un nouveau chef d’oeuvre dans la programmation : PARADIS PERDU, d’Abel Gance.

Le film est présenté par papi Tavernier en termes émus, comme un film de cœur, très important… Effectivement, on comprend pourquoi. C’est un nouveau chef d’oeuvre, dans la programmation du Festival Lumière.

PARADIS PERDU tourne autour d’une chanson, interprétée vers le début du film. En fait, aussi importante qu’elle soit, on l’écoute sans vraiment la comprendre, car on est bien plus absorbé par ce qui se joue devant nous… Soit la rencontre de Pierre et Janine. Lui, forte gueule mais pas tant, beau, séducteur mais pas n’importe comment, ou plutôt n’importe qui. Elle, Janine, naïve, ingénue, belle… mais inexplicablement seule (enfin célibataire). On est obnubilé par la beauté de ces deux personnages, impressionnés par le naturel des deux acteurs qui les incarnent, à la fois d’époque ET intemporel. Le film commence donc avec cette romance naissante, toute gentille et jolie, servie par des dialogues et des situations géniales – mais pas extraordinaires. Une histoire romantique, simple, drôle et intelligente.

PARADIS PERDU prend des atours encore plus plaisants lorsque l’on constate les coïncidences qui l’alimentent. Coïncidences, oui, mais jamais gratuites – nous y reviendront.
Par exemple, quelle chance pour Pierre de retrouver Janine par hasard, après l’avoir perdue de vue suite à une vilaine blague… Quelle chance également pour Janine de tomber sur la baronne Vorochine, suffisamment riche et caractérielle pour lui donner une robe de haute couture en voyant sa tristesse…

À partir de ces coïncidences se « tisse » petit à petit un enchaînement de situations qui, au delà de cimenter la romance naissante entre Pierre et Janine, nous montre les bases un scénario étoffé.
Pierre, peintre de métier, est ainsi extrêmement doué pour la couture, même la Haute Couture.
Janine, elle, est à la fois modèle et muse, sans jamais être un faire valoir.

Leur romance, donc, file le parfait amour. Ni clichée, ni facile, juste parfaite. Nous spectateurs cherchons la faille, mais ne la trouvons jamais.

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Avant de continuer, il faut mentionner l’importance des deux comédiens (et même de tous les autres), la qualité de leur performance. Ils se fondent intégralement dans leurs personnages, se morfondent quand Jeanine et pierre se morfondent, rayonnent lorsqu’ils rayonnent, etc. Et surtout, ils communiquent ce bonheur, d’ou l’authenticité de l’histoire qu’ils incarnent.
Sans jamais trop en faire, juste ce qu’il faut, une interprétation parfaite de personnages justes.
Voilà, le mélodrame peut commencer.

Car oui, Paradis Perdu est un mélodrame, un bien violent même.
La perfection montrée par Abel Gance est tellement réelle, palpable, qu’il suffit d’ UN REGARD, pour littéralement l’exploser, la réduire en miette et nous tirer de chaudes larmes (oui, moi… J’ai pleuré plus d’une fois) Ce regard, c’est celui de Fernand Gravey.  L’acteur, jusqu’ici léger, jovial et doux, bascule par ce regard dans un registre tout autre. Plus subtil : son personnage reste le même, mais est animé par des sentiments de plus en plus sombres, que l’on ne perçoit que lorsque l’on se plonge dans ce regard. Car son histoire ne s’arrête pas à ce moment ; le sort poussera ces personnages jusque dans leur retranchements… Provoquera chez nous, de nombreuses occasion de souffrir comme ces personnages souffrent, d’espérer lorsqu’ils espèrent, de sourire lorsqu’ils sourient c’est à dire tristement.

”PARADIS PERDU est la parfaite somme de tous les éléments techniques qui composent un film, au service d’un seul autre : l’émotion”

Cela, c’est du à l’alchimie parfaite entre tous les aspects du film.

Les acteurs, bien sur – Fernand Gravey est forcément celui que l’on retiendra le plus, puisqu’il est de toutes les scènes du film, chaque fois parfait quelque soit le registre. Micheline Presle est également magnifique (plus d’une fois). Mais n’oublions pas le reste du casting. Elvire Popesco dans le rôle de la baronne Vorochine, amoureuse pragmatique, ou encore André Alerme, l’interprète exubérant de Calou… Puis tous les autres, parfaits.

Le scénario, remarquablement intelligent, rassemble tous les détails et coincidence de l’histoire et leur donne une signification différente en fonction du point de vue que l’on adopte sur l’histoire. Tantôt heureux, certains évènements peuvent paraître bien plus tragiques lorsque l’on observe l’intégralité des éprueiuves parcourues par nos personnages. La baronne Vorochine par exemple, est une bien dramatique rencontre « fortuite »…

Puis la photographie, réalisée par  Christian Matras qui travailla sur La Grande Illusion ; elle éclaire beaucoup et assombrit peu… Justement, ce choix est particulièrement en accord avec le film, lumineux, mais dont les quelques zones d’ombre sont tant signifiantes !

La réalisation, relativement classique, accompagne les acteurs. Elle construit les cadres autours des personnages comme un reflet de leurs émotions. Parfois la caméra se fait légère, les travelling nombreux, la profondeur de champ foisonnante de détails – les périodes fastes et heureuses… d’autres instants voient le décor et les mouvements de caméra évoquent un étau, qui se resserre (le QG des poilus). Puis aussi, les plans fixes sur un visage, un décor, une photo. (les souvenirs). Le subtil dosage entre les différents moments du film est parfait pour susciter pile ce qu’il faut d’empathie, pour nous retourner quand il le faut. Une leçon de cinéma.

La musique, enfin ; chaque fois que nous entendrons la fameuse chanson Paradis Perdu, elle signifiera quelque chose de différent. Plaisir simple, joie totale, tristesse absolue, espoir, mélancolie… Chaque fois, nous comprendrons plus ce signifient les paroles. Chaque fois que nous l’entendrons sera un nouveau coup au cœur.

En bref, PARADIS PERDU est la parfaite somme de tous les éléments techniques qui composent un film, au service d’un seul autre : l’émotion.
Joie, bonheur, désespoir, tristesse, mélancolie, souvenir. Le film partage tout cela avec nous.   PARADIS PERDU est l’un de ces moments de cinéma unique, ou l’on réalise que ressentir quelque chose de fort, c’est l’émotion primaire qu’on vient chercher dans les salles obscures.

[divider]INFORMATIONS[/divider]

Titre original : Paradis perdu
Réalisation : Abel Gance
Scénario : Steve Passeur, Abel Gance
Acteurs principaux : Fernand Gravey, Micheline Presle , Elvire Popesco, André Alerme ,
Pays d’origine : France
Sortie : 13 décembre 1940
Durée : 1h43min
Synopsis : En 1913, Pierre épouse Janine puis part a la guerre…70872

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