THE HATEFUL EIGHT

THE HATEFUL EIGHT : hommages, références et curiosités

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Le tout dernier film de Quentin Tarantino est de très loin l’événement majeur de ce mois de janvier et sans doute déjà un des très gros calibres de l’année 2016, pourtant à peine entamée. En marge des nombreux dossiers et autres articles thématiques autour du réalisateur et son œuvre que vous pouvez retrouver ici, nous vous proposons en sus un article 100% gratuit dont l’exhaustivité est amenée à évoluer avec votre aide dans les commentaires. En effet, nous nous intéresserons à regrouper toutes les références et autres hommages qui pullulent dans THE HATEFUL EIGHT, après l’avoir visionné, ou du moins, tout ce qui nous a paru le plus évident. Vos remarques sont toutes les bienvenues pour enrichir le texte ou proposer d’éventuels débats, certaines choses m’ayant forcément échappées. L’occasion de se rendre compte que ce nouveau western est bien plus que cela, voir peut-être pas vraiment un et surtout, en plus de se présenter comme un film-somme de toute la filmo de Tarantino, ressuscite bon nombre de films de chevet du réalisateur, soit cultes, grands classiques, et séries B.

AVERTISSEMENT

Il convient de préciser que l’article contient évidemment bon nombre de spoilers et qu’il est donc déconseillé de le lire avant d’avoir vu le film ou les films en question.

 

RÉFÉRENCES/HOMMAGES : Des airs de western spaghetti

 

LE TITRE

On commence tout doucement avec le titre du film, évidemment référencé envers le western culte de John Sturges, Les Sept mercenaires qui s’avérait lui-même être une relecture du mythique Les Sept samouraïs de Akira Kurosawa.

 

IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION de SERGIO LEONE (1972)

Comme dans Les Huit Salopards, le film de Sergio Leone s’ouvrait sur une diligence approchant au loin d’un paysage désertique cette fois, accompagné par la musique de Ennio Morricone et un générique de début complet. C’est ce qui nous est directement venu à l’esprit en découvrant ce Christ enneigé et les cartons jaunes, qui nous dévoilent par la suite cette diligence approchant au loin, même si le montage (un long travelling arrière qui panote légèrement) est à l’opposé du découpage de Leone. La comparaison ne s’arrête pas là car c’est l’un des héros du film de l’Italien, Rod Steiger, qui fera arrêter cette diligence en espérant y entrer, ce qu’il réussira, exactement comme le major marquis Warren peu après (Samuel L. Jackson chez Tarantino).

Il était une fois la révolution
Il était une fois la révolution

 

LE GRAND SILENCE de SERGIO CORBUCCI (1968)

Moins fameux que Leone, Corbucci est néanmoins un autre Sergio qui s’adonna au western spaghetti à la même période. Le grand silence, à la revoyure, demeure encore un film curieux, emmené par un Jean-Louis Trintignant muet qui tente de défier un redoutable Klaus Kinski et ce, au beau milieu de paysages enneigés. C’est une fois de plus Ennio Morricone qui est à la baguette et comme il s’agit de l’un des seuls (le seul à ma connaissance) western spaghetti se situant en plein hiver, il s’agit d’une autre référence visuelle piochée par Quentin. On pensait déjà très fortement à ce film lors de la partie hivernale de Django Unchained, c’est donc une sorte de récidive ici. Un autre point peut faire office de comparaison avec Les Huit Salopards : Le grand silence était aussi un western particulièrement pessimiste où, fait rare, le héros ne gagnait pas à la fin, mais se voyait terrassé avec d’autres innocents par une horde de méchants. Il n’y a pas non plus de héros, ni de gentils dans le dernier film de Tarantino.

Le grand silence
Le grand silence

 

THE THING de JOHN CARPENTER (1982)

Félix le disait très justement dans sa critique que vous pouvez retrouver ici, tout dans Les Huit Salopards rappelle le film culte de John Carpenter : « paysages enneigés, une bande originale de Ennio Morricone angoissante,Kurt Russell, des individus enfermés dans un seul et même décor et menant une lutte intérieure avec une altérité indécelable. » D’autant plus lorsque la dernière partie du film bascule dans l’horreur et que les cadavres s’empilent…

 

RÉFÉRENCES/HOMMAGES : Le « Whodunit »

Venant de l’anglais « Who has done it ? », traduction « Qui l’a fait ? » (sous-entendant qui a commis le crime ?), cette appellation s’est vu contractée en « Whodunit » et est devenue l’appellation désignant un genre inhérent au roman policier ou à un film, centré autour d’un meurtre commis autour de plusieurs individus et visant par la suite à démasquer le ou les coupables au sein de ces innocents de prime abord. On cite Agatha Christie et ses romans mettant en scène le personnage de Hercule Poirot, par la suite adaptés au cinéma, le Docteur X de Michael Curtiz en 1932, tout ce qui a été fait autour du personnage de Sherlock Holmes et aussi Alfred Hitchcock.

 

MAIS QUI A TUÉ HARRY, de ALFRED HITCHCOCK (1955)

Se situant du côté la moins connue de la carrière du cinéaste, ce petit film léger, traité comme une comédie, mettait un cadavre en pleine campagne anglaise aux prises avec les différents habitants d’une petite ville. La peur d’avoir peut-être tué l’homme en question les conduit chacun à entreprendre des actions pour cacher le corps avant d’être rejoints par d’autres personnages, puis de finir par se soupçonner les uns les autres, personne ne sachant vraiment qui est réellement l’auteur du crime. Jusqu’à la révélation finale.

Mais qui a tué Harry ?
Mais qui a tué Harry ?

ALFRED HITCHCOCK, encore 

Plus loin dans Les Huit Salopards, Tarantino décide de nous dévoiler un revolver précédemment caché par Tim Roth/Oswaldo Mobray sous une des tables de la cabane de Minnie. On commence à jubiler lorsque Michael Madsen demande la permission, alors tenu en joue, d’aller s’asseoir à cette table. C’est la définition exacte du suspense selon Hitchcock : faire avoir un temps d’avance aux spectateurs que n’ont pas les autres personnages du film. C’est bien évidemment tiré de la phrase culte qui faisait office de leçon, soigneusement appliquée par Tarantino : dans l’entretien livré à François Truffaut, Alfred Hitchcock parlait de la fameuse bombe sous la table qu’il convenait de dévoiler dans un premier temps tout en continuant de faire discuter les personnages, eux ne sachant pas à quel moment elle exploserait.

 

LES INCORRUPTIBLES, de BRIAN DE PALMA (1987)

Comme nous venons de mentionner le revolver caché sous la table, parlons de ce qui se passe ensuite. Tarantino ne nous montrerait jamais une arme à feu si ce n’était pour s’en servir à un moment ou un autre. Lorsque Michael Madsen décide de s’en servir, un ralenti bien analytique débute, s’attardant sur toutes les personnes concernés, suivi par une scène de gunfight toujours filmée au ralenti, tout droit tiré de la fusillade des Incorruptibles de De Palma qui prenait place dans la gare de l’Union Station à Chicago. Certes, cela dure moins longtemps ici, mais l’hommage est appuyé et évident, surtout qu’en plus, la musique de Morricone bascule dans les cordes et les aigus, comme en suspension. C’est également ce qu’elle faisait dans la relecture de la scène du landau du Cuirassé Potemkine par Brian De Palma. Il suffit de revoir cette scène mythique pour ne plus avoir de doutes.

Les Incorruptibles
Les Incorruptibles

 

RÉFÉRENCES/HOMMAGES :
le film d’horreur à tendances outrancières

L’EXORCISTE, de WILLIAM FRIEDKIN (1973)

Evidemment une fois de plus. Il y a d’abord le café empoisonné qui vous fait recracher vos tripes. Le vomi craché dans le film de Friedkin par la petite Reegan possédée s’était aussi vu parodié dans l’ouverture de Scary Movie 2 qui étrangement, ressemblait plus à ce que subissent Kurt Russell et son acolyte ici. Jennifer Jason Leigh, comme Linda Blair dans L’exorciste, se transforme physiquement à mesure que le film avance. Elle devient presque une sorte de démon avec ses longs cheveux et son visage couverts de sang et de cervelle, des dents manquantes. On l’entendait très peu avant et sa voix devient gutturale ici, furieuse d’avoir assistée à la mort de son frère adoré. Mais elle continue de revêtir son sourire pervers malgré la gravité des événements, contribuant à un certain malaise chez le spectateur. C’est aussi le moment où le rire laisse progressivement la place à la grimace chez ce même spectateur.

 

EVIL DEAD, de SAM RAIMI (1981)

Pour la cabane dont on ne peut pas sortir à cause du danger extérieur. Pour les chaînes de Daisy Domergue et la fameuse trappe de la cabane. Et puis pour cette déferlante d’hémoglobine, rehaussée par des sons cradingues souvent organiques et une certaine hystérie générale sur la fin, notamment. Tout ceci nous rappelle l’œuvre culte de Sam Raimi.

The Evil Dead
The Evil Dead

 

LES CURIOSITÉS ET RAPPELS À SON PROPRE CINÉMA

Nous ne nous attarderons pas ici sur ce qui a été déjà été dit plusieurs fois, à savoir la ressemblance frappante de la construction narrative du film avec celle de son premier long-métrage, Reservoir Dogs.

La scène du viol dans Pulp Fiction

Le monologue du major marquis Warren et de la putain de saloperie qu’il raconte lors de ce discours, n’est pas sans rappeler une autre humiliation déjà vue chez QT : le viol de Marcellus Wallace dans une arrière-boutique, pour Pulp Fiction. Si le noir était la victime et le bourreau un blanc, c’est cette fois le noir qui fait subir le sévice au blanc dans Les Huit Salopards. La boucle est bouclée.

Pulp Fiction
Pulp Fiction

 

Jackie Brown et le changement de point de vue

Peut-être l’un des films les plus sous-estimés de l’auteur, Jackie Brown utilisait déjà une bascule importante, même si fonctionnant un peu moins bien que celle rencontrée dans Les Huit Salopards. Un changement de point de vue qui nous permettait d’en apprendre plus, nous dévoilant de nouvelles informations. Dans Jackie Brown, cela se passait lors de la séquence du centre commercial avec l’échange de sac contenant les billets. Le même instant nous était alors raconté en adoptant le point de vue d’un autre personnage.

 

Inglourious Basterds

Cela commence peut-être à relever de l’anecdotique, mais la ferme des Lapadite lors du prologue de Inglourious Basterds ressemble beaucoup à la cabane de Minnie, l’espace en moins peut-être. Tarantino filmait aussi de la même manière certains plans, utilisant cet espèce de travelling zénital au dessus des planches du toit qui suivait un personnage embrayeur. C’était le colonel Hans Landa qui était filmé de cette façon en 2009 et John Ruth à nouveau en 2016.

Inglorious Basterds
Inglorious Basterds

 

La lettre de Lincoln = la malette noire de Pulp Fiction

Soit le petit artefact sympa dont on parle tout au long du film, objet de mystère et de fascination pour les personnages (le fameux macguffin d’Hitchcock), juste intrigant pour le spectateur, avant de conclure le film avec.

 

Le tabac Red Apple

Fumé par Minnie, c’est le fameux tabac inventé par l’auteur et utilisé dans chacun des films où il apparaît. Un rappel à son univers, comme pour faire confirmer au spectateur si besoin il y avait, qu’il regarde bien un pur film écrit et réalisé par Quentin Tarantino.

 

À NOTER 

C’est une première dans toute l’histoire du cinéma de Tarantino : la musique originale composée par l’immense Ennio Morricone est pour la première fois la plus utilisée dans un de ses films. Il s’en sert bien plus que seulement deux ou trois morceaux de musiques pré-existantes, qui façonnaient jusque-là l’identité sonore de tous ses autres films, en des playlist surprenantes de diversité. Si il avait déjà engagé le compositeur italien pour son précédent western Django Unchained, il n’avait gardé finalement que une ou deux de ses compositions pour le montage final, s’attirant les critiques du vieux sage qui déplorait le manque de cohérence artistique de son œuvre à cause de musiques variées et balancées n’importe comment selon lui.
Tarantino l’aurait-il écouté ? Mieux, aurait-il mis en œuvre les paroles du musicien après avoir accepté ses propos ? Quoi qu’il en soit, il fait à nouveau appel à ses services et le crédite enfin clairement au générique pour un résultat sonore particulièrement homogène, gage d’une certaine maturité, loin de l’ado rebelle qui faisait ce qu’il voulait avec son walkman parce que ça rendait la scène trop cool.

Loris

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

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Affiche du film LES 8 SALOPARDS

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Titre original : The Hateful Eight
Réalisation : Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino
Acteurs principaux : Samuel L. Jackson, Jennifer Jason Leigh, Kurt Russell, Walton Goggins, Demian Bichir, Tim Roth, Michael Madsen, Bruce Dern , Channing Tatum
Pays d’origine : U.S.A.
Sortie U.S. : 25 décembre 2015
Durée : –
Distributeur : –
Synopsis : Après la Guerre de Sécession, huit voyageurs se retrouvent coincés dans un refuge au milieu des montagnes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, ils réalisent qu’ils n’arriveront peut-être pas à rallier Red Rock comme prévu..

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