l'automobile au cinéma

L’automobile au cinéma : encore plus vite et toujours plus humain – Analyse

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La sortie récente de LE MANS 66, long-métrage captivant sur la féroce compétition sur le circuit du Mans, redonne enfin au sport automobile une place de choix dans le 7e art. L’occasion de faire un retour sur les films marqués par cette discipline aussi spectaculaire que dangereuse.

Pan ! Le coup de pistolet a retenti et cet article s’élance. Il lui arrive de démarrer au bon moment, mais, parfois, il se peut qu’il fasse un départ un peu prématuré voire totalement raté, comme celui de Driven (Renny Harlin, 2001) le pire long-métrage jamais consacré au sport automobile. Dans ces cas-là, avec un peu de chance, il ne parcourt que quelques mètres et retourne piteusement à la ligne de départ comme Sylvester Stallone retrouve son Rambo adoré. Mais, parfois, il lui arrive de réussir à faire un tour de piste complet permettant aux spectateurs d’apprécier toute la vitesse des automobiles.

Parmi ces films, on peut désormais ajouter le tout récent LE MANS 66 de James Mangold avec Matt Damon et Christian Bale qui revient sur la 34e édition des 24 Heures du Mans ainsi que  sur la vie incroyable de Ken Miles. Comme l’a écrit Camille Nevers pour Libération, « dans ce type de film, c’est toujours le même principe : tu perds, tu perds encore, tu te ramasses, tu te relèves, et voilà qu’un jour tu l’emportes. C’est sommaire, c’est le programme minimum. […] Et toujours : l’histoire exceptionnelle d’une amitié masculine. » Sauf qu’ici, plusieurs relations incroyables sont portées à l’écran : celle de Ken Miles et de Carroll Shelby mais aussi la liaison de ce dernier avec sa voiture. Au-delà d’être un rudimentaire engin motorisé, cette dernière dépasse la simple incarnation de liberté individuelle pour devenir un symbole de délivrance pour cet homme atteint de problèmes cardiaque. C’est grâce à sa Shelby Cobra que l’ancien pilote s’affranchit de ses cauchemars du quotidien. Si la voiture est rapide, elle est aussi et surtout libératrice.

Notre critique de Le Mans 66

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Beaucoup se souviennent de la séquence de la Fureur de vivre (Nicholas Ray, 1955) lorsque deux conducteurs s’affrontent dans un duel à mort. Nul ne pourra en douter, la voiture est un instrument d’agressivité voire de destruction.  Le jeu avec la mort repose dès lors autant sur les limites techniques  de l’engin que sur des concours de circonstances. « Nous devons garder à l’esprit que la course automobile est toujours dangereuse. Nous sommes habitués à ce que rien n’arrive, et tout à coup nous sommes tous surpris, » avait déclaré Niki Lauda en 2014 suite au décès de Jules Bianchi lors du Grand Prix du Japon.

Cette dure réalité, rappelée par le pilote autrichien, avait par ailleurs été traduite à l’écran à travers l’adaptation de sa propre histoire dans RUSH (Ron Howard) en 2013. Ce drame revient sur la rivalité qui a opposé les deux pilotes de course James Hunt et Niki Lauda dans les années 70 et notamment sur le grave accident de ce dernier. Cette catastrophe fait partie des derniers grands carambolages qu’a connu le sport automobile depuis la naissance de la Formule 1 « prudente » en 1994 à Imola. C’est en août de cette même année que l’autrichien Roland Ratzanberger et le brésilien Ayrton Senna ont disparu sur le circuit Gilles-Villeneuve : un évènement raconté à l’écran dans le documentaire Senna (Asif Kapadia) sorti en 2010. Malheureusement, les accidents sont donc devenus des choses communes pour les films de compétition automobile qu’il s’agisse de celui de Pierre Belgetti qui fait l’ouverture du long-métrage Le Mans (1971), celui de Tom Cruise et Michael Rooker dans Jours de tonnerre (1990) ou encore celui du Grand Prix de John Frankenheimer (1966).

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À ses débuts, l’automobile n’est perçue que comme une machine qui incarne le progrès en remplaçant la traditionnelle traction animale. Les individus se lient alors avec leurs bolides qui n’ont rien de comparable à d’autres simples machines tels que les réfrigérateurs ou les aspirateurs puisque le véhicule devient rapidement le double du héros au cinéma. En effet, que serait James Bond sans sa célèbre Aston Martin ? Ou Batman délaissé par sa Batmobile ? Ces nombreux exemples illustrent que les films des courses ne constituent pas la seule catégorie à mettre en avant des engins à quatre roues.

La vitesse et la puissance de l’automobile sont également brillamment mis en valeur par un autre genre cinématographique bien particulier : le film policier. Le jaune de la Cadillac Eldorado de Tony Montana dans Scarface (Oliver Stone, 1983) rayonne ainsi de mille feux en devenant le symbole de l’ascension sociale du jeune malfrat. Mais réduire les voitures à ces deux catégories reviendrait à nier l’existence des nombreux films qui ont pu mettre en scène des automobiles, que ce soit en tant qu’objets ou en tant que personnages, mais également en tant qu’accessoires de mise en scène. Ainsi, dans Pierrot le fou, c’est bien à travers le pare-brise d’une Peugeot que Jean-Luc Godard réalise un plan fixe de Jean-Paul Belmondo et Anna Karina. Grâce à leur habitacle clos, les voitures favorisent non seulement l’intimité de l’acteur avec la caméra et renforce la portée du lien qui unit l’homme à la machine. Ces  engin agissent parfois comme les reflets de l’âme de certains personnages à l’instar de l’indépendante Ford Thunderbird de Thelma et Louise dans le film du même nom, la futuriste DeLorean de Retour vers le futur ou encore la redoutable V8 Interceptor de Mad Max.

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Progressivement, le rôle et la place de la voiture dans l’intrigue s’en trouvent modifiés: d’objet subsidiaire, celle-ci devient peu à peu le personnage principal du film: c’est notamment le cas de Bumblebee, alter-ego de la Chevrolet Camaro de la saga Transformers, qui vole régulièrement la vedette à Shia LaBœuf. Du côté des films d’animation, c’est la trilogie de Pixar Cars et son héros Flash McQueen qui ont marqué des milliers d’enfants. Une belle opportunité pour Disney qui a pu  transporter les petites têtes blondes dans un univers empli de métal éblouissant. Celui-ci suscite néanmoins certaines craintes: Jay Ward, le directeur artistique du projet, évoque ainsi un futur anxiogène dans lequel les voitures, douées de conscience grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, redéfiniraient leur rapport à l’homme.

Imaginez, dans un avenir proche, que les voitures deviennent de plus en plus intelligentes et qu’un jour, elles se disent : “Pourquoi avons-nous encore besoin des humains ? Ils nous ralentissent juste. C’est juste un surplus de poids, débarrassons-nous en.”

Comment, dans cette otpique, ne pas penser la surnaturelle Plymouth Fury de John Carpenter, également appelée : Christine. Symbole de destruction poussé à son paroxysme, la voiture devient alors une technologie dépassant l’homme dans divers domaines, suivant un désir individuel de perfectibilité… peut-être jusqu’à acquérir un semblant d’humanité.

Sarah Cerange

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