L’ESPRIT DE CAÏN

[SORTIE BLU-RAY] L’ESPRIT DE CAÏN

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À l’occasion de la ressortie en DVD et Blu-ray de L’Esprit de Caïn (1992), l’éditeur Eléphant propose la version Director’s cut d’un fan, bien plus légitime que la version cinéma de Brian de Palma.

Il est assez habituel de voir les réalisateurs proposer, grâce aux versions DVD et Blu-ray, des versions Director’s cut de leurs films. Il arrive également de voir apparaître sur la toile des remontages non-officiels effectués par des fans. C’est le cas notamment de Star Wars, dont les versions recut sont légions, plus ou moins autorisées par Georges Lucas, mais en aucun cas commercialisées. Il est donc étonnant de voir apparaître dans le coffret combo double Blu-ray – DVD de L’ESPRIT DE CAÏN (1992) de Brian de Palma, proposé par l’éditeur Eléphant, une version du film remontée par Peet Gelderblom, réalisateur pour le cinéma et la télévision aux Pays-Bas.

C’est après avoir découvert une première version du scénario dont la structure variait, que Gelderblom a voulu redonner à L’ESPRIT DE CAÏN sa forme d’origine. Effectuant son montage à partir d’un simple DVD, qu’il posta en janvier 2012 sur le site IndieWire. Le résultat fut grandement apprécié par les fans et adoubé par De Palma lui-même, pour qui il s’agirait de la version la plus légitime de L’ESPRIT DE CAÏN. En effet, le réalisateur explique avoir effectué avec son monteur des changements de dernière minute, et les avoir regrettés par la suite. Au-delà de la possibilité de (re)découvrir l’excellente oeuvre du cinéaste américain en HD – film à la mise en scène vertigineuse, mais pour lequel les avis divergent -, cette édition permet d’offrir une tout autre vision du film, de le rendre même meilleure et plus fidèle.

Attention, il est préférable d’avoir déjà vu le film avant de lire ce qui suit.

L’ESPRIT DE CAÏN

Globalement, L’ESPRIT DE CAÏN raconte l’histoire de Carter, un père de famille perturbé, qui découvre un jour que sa femme le trompe. La variante majeure entre la version cinéma et celle dite Director’s cut, est la mise en place de cette intrigue. Passé le générique de début, Peet Gelderblom commence par la première rencontre entre Jenny (Lolita Davidovich) et son ancien amant, Jack (Steven Bauer), dans un magasin d’horlogerie. Une scène qui n’apparaît dans la version cinéma qu’après une vingtaine de minutes. On entame ainsi L’ESPRIT DE CAÏN du point de vue de Jenny, en vision subjective – régulièrement utilisée par de Palma. Ce type de mise en scène bien particulière en guise de premier plan du film, rend l’introduction d’autant plus marquante. Et comme souvent chez de Palma, c’est dès cette scène que tout le film se joue. Mais surtout, Gelderblom insiste davantage sur l’aspect soap opéra du film, en faisant de Jenny le personnage central durant toute la première partie, reléguant Carter (excellent John Lithgow) au second plan, en « simple » mari trompé.

La version cinéma, elle, apparaît bien plus étrange et complexe dans sa construction en démarrant sur Carter, au parc avec sa fille, avant qu’il ne rentre en voiture avec une amie de la famille et son fils. Dans la continuité de cette scène, la psychologie instable de Carter nous est alors révélée brusquement – il endort la jeune femme au volant et voit apparaître Cain, présenté comme son jumeau. En comparant avec la version Director’s cut, il se ressent une absence de mise en tension et de surprise par rapport à ce personnage qui n’a dès le début plus aucune ambiguïté pour le spectateur.

[bctt tweet= »« Avec ce Director’s cut L’Esprit de Caïn colle davantage au cinéma de de Palma » » username= »LeBlogDuCinema »]

En plus de ce démarrage différent qui amène à une autre considération des personnages, Gelderblom utilise de légères variations sur deux transitions. D’abord, lorsque Carter étouffera sa femme avec un oreiller – un acte violent impossible à prévoir dans cet ordre, et d’autant plus fort. On retrouve par la suite la fameuse scène du parc, premier plan de la version cinéma. En optant pour un léger fondu enchaîné au lieu de la transition onirique qui évoque directement un flashback, deux possibilités s’offrent au spectateur ; une continuité chronologique ou un retour en arrière pour expliquer la tentative de Carter d’assassiner sa femme. Dans les deux cas, la séquence de la voiture qui suit, apparaît bien plus inquiétante, le spectateur étant inévitablement méfiant par rapport à ce personnage. Par la suite, Carter retourne chez lui et dépose sa fille dans son lit. L’apparition de sa femme surprend alors, et nous fait comprendre qu’il s’agit bien d’un événement précédent l’acte meurtrier de Carter.

Si on comprend bien mieux avec cette version les intentions des personnages, et si les changements de point de vue se font de manière plus claire, Gelderblom offre surtout un film beaucoup plus proche du style de de Palma, il le réhabilite. Plus marqué par une volonté de piéger le spectateur, l’amenant vers une direction (le soap-opéra) avant de faire volte-face, L’ESPRIT DE CAÏN se rapproche alors bien davantage d’un Body Double et d’un Pulsion et donc du cinéma du réalisateur. Une relecture fidèle et plus cohérente, obtenue en grande partie par le changement de la première scène – preuve de l’importance fondamentale que peut avoir un premier plan.

Pierre Siclier

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Note des lecteurs7 Notes
Titre original : Raising Cain
Réalisation : Brian de Palma
Scénario : Brian de Palma
Acteurs principaux : John Lithgow, Lolita Davidovich, Steven Bauer
Date de sortie : 1992 (28 mars 2017 en DVD/BR)
Durée : 1h35min
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