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ATTAQUE À MUMBAI, des héros ordinaires – Critique

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Pour son premier film, ATTAQUE À MUMBAI, Anthony Maras revient sur la série d’attentats terroristes en 2008 qui a coûté la vie à 188 personnes et s’attache aux faits dans l’hôtel Taj Mahal.

Les fictions inspirées de faits réels qui relatent des attaques terroristes sont toujours glaçantes car elles se placent généralement du point de vue des victimes et créent d’emblée l’empathie du spectateur. On pense notamment à Utoya, 22 juillet ou Traque à Boston. Les scénaristes s’attachent souvent à quelques personnages emblématiques, avec lesquels le spectateur partage les frayeurs, les tentatives pour se sauver mais aussi le courage face à l’adversité. ATTAQUE À MUMBAI, co-écrit par John Collee et le réalisateur Anthony Maras est inspiré du documentaire Surviving Mumbai et ne déroge pas à la règle de l’impression terrifiante de vivre ce qu’ont vécu les victimes.

Photo du film ATTAQUE À MUMBAI
Crédits : Arclight Films

ATTAQUE À MUMBAI donne ainsi à voir cinq héros qui vont subir l’une des dix attaques coordonnées fin novembre 2008 dans de nombreux lieux à Bombay, dont plusieurs hôtels. Trois sont des clients du prestigieux hôtel Taj Mahal (déjà l’objet sur le sujet en 2015 dans le film Taj Mahal de Nicolas Saada). Ainsi, le couple mixte formé par Zahra (Nazanin Boniadi), jeune femme très riche et son mari américain David (Armie Hammer), inquiets pour leur bébé et leur nounou, et un homme d’affaires russe Vasili (Jason Isaacs). On regrette juste que les scénaristes aient un peu trop chargé le côté manichéen qui oppose inutilement l’américain cool et bien éduqué au russe brut de décoffrage.

ATTAQUE À MUMBAI offre une reconstitution plutôt réaliste et très anxiogène des attentats et suscite un véritable ascenseur d’émotions éprouvantes.

Les deux autres héros travaillent à l’hôtel et vont risquer leur vie pour protéger leurs clients: Hemant (Anupam Kehr), le chef du restaurant dans lequel les trois dînaient au moment des attaques et Arjun (Dev Patel, par ailleurs coproducteur du film, aux côtés du réalisateur), un serveur. Le film montre d’ailleurs très bien la différence de classes sociales et le fait que de nombreux employés sont restés alors qu’ils avaient la possibilité de s’enfuir. Ils ont choisi de se dévouer pour sauver leurs clients, puisque dans leur travail il leur était répété que « Le client est Dieu ».

Pourtant, certaines scènes montrent des clients faisant preuve de condescendance en n’écoutant pas leurs consignes pourtant avisées, sous prétexte qu’ils n’avaient pas à obéir à des employés. Certains semblent même avoir fait de graves confusions entre les sikhs et les islamistes et un sikh et porté des jugements erronés sur les employés. Mais leur connaissance de l’hôtel ou leur refus de suivre les ordres des terroristes ont permis de sauver bien des vies. ATTAQUE À MUMBAI leur rend ainsi un bel hommage en précisant à la fin que la moitié des victimes étaient des employés de l’hôtel.

Photo du film ATTAQUE À MUMBAI
Crédits : Arclight Films

ATTAQUE À MUMBAI offre au spectateur deux autres points de vue complémentaires très intéressants: celui des terroristes, puis celui des policiers. En ce qui concerne les islamistes, les scénaristes ont heureusement veillé à ne pas dépasser la ligne rouge de la décence, qui aurait consisté à créer de l’empathie envers eux. Le réalisateur laisse au contraire le spectateur à bonne distance de ces dix jeunes pakistanais, et s’en tient aux faits en montrant la froideur de leurs actes et de leurs échanges. La première scène du film s’ouvre ainsi sur leur arrivée dans la ville par la mer et leur organisation pour se rendre en taxi dans différents points de la ville et tirer sur des gens. Dans leur oreillette, la voix de leur guide qui tour à tour les encourage, les félicite, les bouscule, les flatte, les calme ou leur donne des consignes différentes pour tuer ou pour garder des otages et demander d’éventuelles rançons.

On sait bien qu’ils ont subi un lavage de cerveau et qu’on leur a menti afin qu’ils puissent donner ainsi la mort sans vergogne. On les voit passer de la joie éprouvée à remplir leur mission et à se balader au milieu des corps éparpillés, à la frustration et la colère de voir que des clients et des employés se cachent et que d’autres se rebellent. Et lorsque l’un d’eux découvre que Zahra est musulmane comme lui et le défie en récitant une prière, on sent bien qu’il est confronté au paradoxe de son acte. Car ATTAQUE À MUMBAI est aussi une occasion intéressante d’interroger le spectateur sur les fondements de la religion musulmane et le pouvoir de laisser l’interprétation de ces textes entre les mains de fous.

Enfin, on assiste aux tentatives désespérées de quelques policiers à vouloir limiter les dégâts et à décider de pénétrer dans le bâtiment pendant la longue attente de l’arrivée des forces spéciales, basées à Dehli. Car on comprend bien l’Inde n’était pas préparé à ce genre d’attaques pourtant perpétrées par un petit nombre de terroristes et fut évidemment déstabilisé face à son impuissance à protéger son peuple. ATTAQUE À MUMBAI offre donc une reconstitution plutôt réaliste et très anxiogène de ces attentats et suscite un véritable ascenseur d’émotions éprouvantes.

Sylvie-Noëlle

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Titre original : Hotel Mumbai
Réalisation : Anthony Maras
Scénario : Anthony Maras, John Collee
Acteurs principaux : Dev Patel, Armie Hammer, Jason Isaacs
Date de sortie : 4 juillet 2019
Durée : 2h05 min
3
Glaçant

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