Adaptation du roman autobiographique de Philippe Besson, ARRÊTE AVEC TES MENSONGES prône la nostalgie, l’acception de soi, la vérité. Une œuvre nécessaire, voire thérapeutique à qui en ressent le besoin.
On en savoure ses bienfaits autant qu’on en supporte ses tourments. L’amour au cinéma est sujet à de nombreuses histoires. Souvent heureuses, parfois malheureuses, certaines fois soumises à des controverses et, comme c’est le cas ici, remède à certains maux.
Stéphane Belcourt, romancier célèbre, parraine le bicentenaire d’une célèbre marque de cognac, une occasion pour lui de revenir sans ville d’origine, la ville qui a forgé l’homme qu’il est par la suite devenu. Lors d’une séance de dédicaces, il rencontre Lucas, le fils de son premier amour, Thomas. Un amour de lycée, sans doute la plus belle histoire de sa vie, qui ravivera les fantômes et les troubles d’un passé qui le hante encore.
Portés par Guillaume de Tonquédec (Stéphane) et Victor Belmondo (Lucas), ARRÊTE AVEC TES MENSONGES est saisissant dans l’interprétation de ses comédiens, enveloppant une douleur concrète et visible jusqu’au plus profond de leur jeu. La rencontre entre Stéphane et Lucas marque le retour des souvenirs d’une histoire d’amour de longue date, qu’on ravive par des flash-back, de la première rencontre jusqu’à un adieu déchirant. On comprendra dès lors les enjeux et les tabous autour de cette relation, de l’acceptation de soi, de son homosexualité, à l’acceptation des autres dans une phase de vie où l’on se cherche et ou on a peur d’assumer ses « hontes ». Car oui, malheureusement l’homosexualité est encore perçue comme une honte. Ce film est nécéssaire, car il peut permettre à certaines personnes de s’assumer, sans honte aucune. L’amour est plus fort que tout.
Tout l’enjeu du film va être de comprendre comment cette relation, qui semblait belle et infinie, s’est terminée de manière radicale, laissant un vide profond dans le cœur du romancier. À travers leurs questionnements, Stéphane et Lucas vont, l’un comme l’autre, tenter de trouver des réponses.
Efficace, tel est le mot que l’on pourrait employer pour parler de la prestation de Guillaume de Tonquédec, qui dégage une innocence et une candeur touchante à la limite de la vérité. Victor Belmondo se positionne davantage comme un guide, traversant la ville avec Stéphane sur la route des souvenirs, au bord d’un lac, dans une librairie.
L’enjeu d’ARRÊTE AVEC TES MENSONGES réside avant tout dans la force qu’il donne au propos sur la construction de notre histoire par les souvenirs. Des souvenirs parfois inconsciemment modifiés, de sorte à se rassurer sur une vérité qu’on ne veut pas affronter.
ARRÊTE AVEC TES MENSONGES navigue dans les eaux parfois trouble de la nostalgie, entre les souvenirs d’une ville remplie d’histoire, à des souvenirs plus personnels marqués par des lieux qui ont vu naître l’amour : un lycée, une piscine, une ferme. Un sentiment que l’on partage et que l’on accepte.
Le titre est d’ailleurs assez révélateur d’un monde où il est difficile d’assumer pleinement son être. Un monde où l’on avance masqué, peur d’être vu sous son véritable jour.
Et c’est d’ailleurs expliqué de manière très juste par Stéphane, racontant la genèse de son amour pour l’écriture lorsqu’il était enfant, imaginant la vie d’inconnus qui croisaient sa route, devant une mère insensible face à la fantaisie dont fait preuve son fils et qui lui répétait « Arrête avec tes mensonges » qu’il interprétait par « Arrête avec tes histoires. ».
Seulement, peut-on échapper à l’histoire de notre vie ? Le film s’intéresse à la dualité entre mensonge et histoire. Une histoire, est-elle un mensonge, ou simplement une manière d’extérioriser une vérité difficile à assumer ? C’est d’ailleurs le propre de l’écrivain, qui manie l’art des mots comme un exutoire de sa propre existence. Le mensonge que l’on porte toute sa vie peut être un fardeau, autant qu’une histoire que l’on raconte pour se rassurer, pour dissimuler notre véritable pensée.
ARRÊTE AVEC TES MENSONGES interroge sur nos propres souvenirs et comment ces derniers participent à notre développement moral et émotionnel. Des traumatismes à résoudre, des réponses à apporter.
Amaury Dumontet
• Réalisation : Olivier Peyron
• Scénario : Philippe Besson, Olivier Peyon
• Acteurs principaux : Guillaume De Tonquédec, Victor Belmondo, Guilaine Londez
• Date de sortie : 22 février 2023
• Durée : 1h45min