Ryusuke Hamaguchi, nouveau nom sur la scène cinématographique japonaise, se retrouve catapulté en Compétition Officielle pour cette 71ème édition avec ASAKO.
Lorsqu’Asako perd Baku, son premier grand amour, elle est dévastée. Cet homme qui lui était tombée dessus par hasard devait changer sa vie. Des belles promesses, une belle gueule puis… Plus rien. Quelques années après, elle tombe sur un autre jeune homme, Ryohei, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son ancien copain. D’abord perdue, elle apprend à le connaître et entame une relation, avec en tête toujours l’image de l’être disparu qu’elle semble aimer.Ne vous laissez pas avoir par ce pitch qui sent bon le thriller hitchcockien, Asako n’a rien à voir avec le genre et c’est bien dommage tant cette romance de deux heures est anesthésiante. L’impression que rien d’important ne se passe si ce n’est 3 scènes charnières et que, jamais, le spectateur n’est invité à pénétrer dedans, à cause d’une mise en scène cloisonnée et d’un rythme lénifiant. L’exemple du film qui se veut délicat et pudique mais qui ne nous fait rien ressentir à force de garder ses distances. Le minimalisme au cinéma est une démarche très complexe si on ne veut pas que le résultat ressemble à une ingurgitation de Lexomil. Heureusement qu’Erika Karata irradie l’écran de sa beauté et de sa présence pour proposer quelque chose à contempler dans ce long tunnel monocorde. Elle donne du relief à ce portrait de femme tourmentée.
Réflexion sur l’impact du premier amour, Asako montre comment les premiers émois peuvent définir notre perception de l’amour pour le reste de notre vie. Ce que cherche Asako dans ce « clone » c’est d’entretenir l’image de celui qu’elle a perdu, pour ne pas lui dire définitivement au revoir. Le film est réussi lorsqu’il vient questionner la compréhension de Ryohei vis-à-vis de cette situation – il accepte de continuer avec elle malgré tout, pour son propre bonheur. Le réapparition de Baku est d’ailleurs au demeurant assez mal exploitée alors qu’il y avait une vraie idée d’écriture dans la confrontation des deux doubles. Comme si le film passait à côté de son potentiel pour s’attarder sur des moments mineurs. Il a beau se réveiller dans les 30 dernières minutes, il est trop tard pour nous rattraper. Au mieux, il sauve les meubles.
Maxime Bedini
Critique publiée le 15 mai 2018 lors de la projection au Festival de Cannes.
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• Réalisation : Ryusuke Hamaguchi
• Scénario : Ryusuke Hamaguchi, Sachiko Tanaka, d'après l'oeuvre de Tomoka Shibasaki
• Acteurs principaux : Masahiro Higashide, Erika Karata, Rio Yamashita
• Date de sortie : Inconnue
• Durée : 1h59min