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Capture d’écran 2018 05 17 à 01.11.30 - BURNING, thriller coréen hypnotique et épuré - Critique

BURNING, thriller coréen hypnotique et épuré – Critique

Son nom ne vous dit pas forcément grand chose et pourtant le coréen Lee Chang-Dong connaît bien le festival de Cannes. Son nouveau film Burning est le troisième sélectionné en compétition après Secret Sunshine en 2007 puis Poetry en 2010, qui avaient respectivement décroché un prix d’interprétation féminine et celui du scénario.

En réalité, BURNING confirmera officiellement son statut de film de genre en tant que thriller, lors de l’éprouvant plan-séquence final. Car entre la première heure et tout ce qui s’ensuivra, le film avancera masqué, jouant sur l’épure, le hors-champ et le non dit. Même les trois personnages principaux qu’il met en scène, cultiveront tout du long une ambiguïté permanente. C’est le cas de Jongsu, un jeune livreur qui se dit être en cours d’écriture d’un roman dont on ne voit rien. Il se fait interpeller dans la rue par Haemi, une amie d’enfance dont il tombe amoureux et qui lui demande par la suite de s’occuper de son chat pendant un voyage à l’étranger. Un chat que l’on ne verra pas. Au retour de la jeune femme, elle lui présente l’énigmatique Ben, avec qui elle a passé les derniers jours de son séjour. Un homme très aisé dont on ne saura rien de sa vie professionnelle et sociale.

Un thriller hypnotique et épuré qui joue sur l’ambiguïté de ses personnages, le hors champ et le non dit. Avec une maîtrise technique qui donne le vertige.

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La première demi-heure est rebutante. Il faut du temps pour appréhender la mise en scène pointue de Lee Chang-Dong. Avec cette caméra portée qui laisse le temps s’écouler et fait ce qu’elle veut de ses mouvements, panotant ou s’attardant sur les décors. Les plans s’étirent aussi parce qu’ils sont souvent très long, sans coupes. La scène de sexe entre Jongsu et Haemi a tout de déconcertante. Jongsu nous est montré dans son manque d’assurance lors de l’acte, tandis qu’il bloque sur le mur du studio de sa partenaire. Des coupes subjectives ont lieu et nous laissent finalement nous spectateurs en tête-à-tête avec ce mur. La suite de la narration persiste dans le domaine de l’énigmatique. Haemi se retrouve au milieu de deux hommes, dont on se demande lequel elle va choisir entre l’homme de la campagne et le golden boy citadin. Alors que le trio se voit de plus en plus souvent et apprend à se connaître, on finit par se demander si cette affaire ne va pas basculer en un triangle amoureux assumé. Mais Ben va livrer son petit secret à Jongsu qui, de son côté, lui avouera ses sentiments pour Haemi.Le second acte est alors enclenché. La mise en scène devient hypnotique, voir hallucinée, bien aidée par les entrées et sorties d’une musique originale sobre qui ne vole jamais la vedette à la puissance de l’image. Jongsu se lance dans une enquête désespérée et opaque à mesure qu’il se rapproche du troublant Ben pour dénicher des indices. Ces indices, minces, seront récoltés avec la complicité du spectateur, si il aura été vigilant dès les toutes premières minutes. La confrontation psychologique entre les deux hommes est aussi l’occasion de mettre en opposition deux mondes qui ne peuvent pas cohabiter, la nature et la ville.

Àgé de 64 ans, le cinéaste coréen Lee Chang-Dong nous assène un uppercut que l’on avait pas vu venir avec BURNING. Implacable dans la rigueur de son écriture épurée et du montage, le réalisateur nous offre également une leçon de maîtrise technique, en nous régalant avec de nombreux plans-séquences exigeants. Cette volonté de ne rien affirmer explicitement jusqu’à la toute fin, laisse des portes ouvertes et des pistes à explorer pour conférer à l’œuvre différents niveaux de lecture. Remarquable.

Loris Colecchia

Note des lecteurs11 Notes
burningaffiche - BURNING, thriller coréen hypnotique et épuré - Critique
Titre original : Buh-Ning
Réalisation : Lee Chang-Dong
Scénario : Lee Chang-Dong, Oh Jung-Mi, d'après l'oeuvre de Haruki Murakami
Acteurs principaux : Yoo Ah-In, Steven Yeun, Jeon Jong-Seo
Date de sortie : 29 Août 2018
Durée : 2h28min

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Note finale

  1. Le critique de ce film n’a même pas prêté attention aux rayons du soleil subrepticement projetés par la tour sur le mur de la chambre d’Haemi, pendant leur 1è étreinte, rayons dont elle lui parle juste avant en insistant sur leur rareté et sur la difficulté de les saisir. On ne nous laisse pas « en tête à tête avec un mur » mais avec une énième forme de lever et de coucher de soleil. Le coucher de soleil et ses conséquences forment l’un des thèmes récurrents du film (souvenir du voyage d’Haemi au Kenya, dernière soirée d’Haemi avec Ben et Lee Jongsu, dernier plan du film où le feu qui s’éloigne ressemble à un soleil qui s’efface)…

  2. Globalement déçu. Un beau film, pourtant, esthétique, magnifiquement interprété et superbement filmé. Voilà pour la forme. Sur le fond je reste trés perplexe, j’avoue que je n’ai pas tout compris. Ces longueurs, ces scènes ou plans dont on ignore le sens, ces incohérences, ce côté inabouti qui semble laisser au spectateur le choix du scénario. Certes on y perçoit une peinture de la sociologie sud-coréenne, mais rien ne nous surprend. Mais peut-être ne suis je pas suffisamment averti du cinéma coréen.