LE LAC AUX OIES SAUVAGES, du chinois Diao Yinan s’infiltre dans le film noir sur toile de fond cartographique de la Chine contemporaine.
Diao Yinan
Il avait frappé fort en 2014 à la Berlinale lorsqu’il s’était présenté devant le jury avec Black Coal, Diao Yinan a été appelé en sélection officielle pour cette nouvelle édition Cannoise. Les attentes et les espoirs confiés en lui accompagnaient son dernier né, LE LAC AUX OIES SAUVAGES.
Notre avis sur Le lac aux oies sauvages
La mise en scène impressionne, dès l’ouverture, dans un balai inquiétant où deux personnages échangent des banalités sous une pluie battante et mélancolique, baignée de néons jaunâtres. LE LAC AUX OIES SAUVAGES nous plonge immédiatement dans un revival du film noir à son sommet. L’image est pénétrée par une recherche formelle maniériste quand le film se met à citer avec élégance ces totems hitchcockiens et tourne son regard vers Fritz Lang. Diao Yinan lance son polar sur le chemin de citations bien senties, parmi elles on percute M le Maudit ou La Poursuite Impitoyable. Ces références, chevillées au corps du long métrage, s’appliquent dans une volonté acharnée de rendre compte des mouvements inquiétants qui secouent la morale des individus.
Car dans cette chasse à l’homme où la pègre, qui n’hésite plus à donner des cours magistraux de petit banditisme, trouve l’union avec l’ensemble des forces de police, c’est la Chine sombre qui passe sous les projecteurs du LAC AUX OIES SAUVAGES. Au milieu des bas-fonds, à l’abri des regards indiscrets, où se côtoient les truands des provinces reculées de l’Empire Céleste, on dupe, on corrompt, on vol, on soudoie, on tue, et on commet le viol dans une impunité esthétique la plus totale. Et au milieu de l’orage, il suffit qu’un seul être percute une existence résignée pour redoubler d’efforts face au monde poubelle en besoin de rédemption.
Palmomètre
En projection officielle, la réception chaleureuse s’est faite à l’unisson dans l’ensemble des travées du grand théâtre Lumière. Aujourd’hui, le prix de la mise en scène semble avoir trouvé un preneur de premier choix…à moins que Quentin Tarantino, qui s’était déplacé à la projection, ne vienne jouer les troubles fêtes au moment d’annoncer les heureux lauréats.
Critique publiée lors de l’édition 2019 du Festival de Cannes.
Sofiane
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• Réalisation : Diao Yinan
• Scénario : Diao Yinan
• Acteurs principaux :Ge Hu, Tang Wei, Liao Fan
• Date de sortie 25 décembre 2019
• Durée : 1h53min