Christmas Evil

CHRISTMAS EVIL, le jour où le Père Noël a vrillé – Critique

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Un désaxé se prend pour le Père Noël et distribue des cadeaux dans tout New-York. Cela pourrait être une jolie fable… Si ce même Père Noël n’avait pas décidé de massacrer les impudents.

Le cinéma d’horreur aime se créer une saisonnalité. On a connu des échappés meurtrières à Halloween, une Mortelle Saint-Valentin orchestrée en février, des camps d’été décimés à chaque Vendredi 13… Et même un Week-end de terreur au 1er avril. Les festivités de Noël n’échappent pas à la règle et ont eu, elles aussi, leur lot d’effusions sanglantes. Citons pêle-mêle Black Christmas de Bob Clark, Krampus de Michael Dougherty et le surprenant Watch out de Chris Peckover. Or, bien que l’idée puisse paraître d’une évidence déconcertante, peu de Pères Noël tueurs peuplent ces récits d’épouvante.

En effet, ce filon sera principalement exploité – et même siphonné – par la série des Douce nuit, sanglante nuit. Initiée en 1984 par Charles E. Sellier Jr., la saga se compose de six films, tous risibles et sans grand intérêt. Et ce, même pour les amateurs du genre. En outre, ce marasme d’exploitation a certainement oublié le plus important : s’intéresser plus amplement à la figure du Père Noël. À son pouvoir de jugement, de décider qui aura été bon ou mauvais, et plus spécifiquement, à cette binarité. Conformément au conte, pour le Père Noël, il n’y a que gentils et méchants. La nuance n’existe, pour ainsi dire, absolument pas.

Photo du film CHRISTMAS EVIL
Crédit : D.R.

Jouissive série B

Par fainéantise, Douce nuit, sanglante nuit se contente de châtier les méchants… Là où CHRISTMAS EVIL sert également un propos sur les gentils. En cela, le film de Lewis Jackson s’avère autrement plus intéressant. Son Père Noël ne trucide effectivement pas à tout-va sans discernement. Il s’agit, au contraire, d’un long voyage dans la psyché malade du personnage principal. Pour nous rendre compte qu’en réalité, ce psychopathe en manteau rouge détient une certaine pureté. Il est le Père Noël. Il y a les bons et les mauvais. Et il agit en conséquence. Veillons tout de même à ne pas trop intellectualiser le propos : CHRISTMAS EVIL est une fière série B avec ce qu’il faut de fun.

À l’origine du trouble d’Harry Stadling, notre psychopathe, se trouve une scène de son enfance. Où il aperçoit sa mère, en goguette, en plein ébat avec le Père Noël. Et c’est à la fois irrévérencieux… et vraiment drôle. Le film regorge d’ailleurs de trouvailles amusantes pour renverser les codes du traditionnel conte de fin d’année. Ainsi, le dangereux Père Noël se promène, non pas en traineau, mais dans une camionnette sur laquelle il a peint ledit traineau. Les meurtres aussi sont orchestrés d’une manière grotesque, où l’hystérie se conjugue à la maladresse du personnage principal, qui demeure un simple quarantenaire déséquilibré et dégarni.

Photo du film CHRISTMAS EVIL
Crédit : D.R.

Cynique et fou

CHRISTMAS EVIL offre également une réflexion sur la société de consommation et sur le mercantilisme du monde moderne, toujours plus en décalage avec les valeurs promues par cette fête chrétienne… Qui paraît alors bien désuète. On suit ainsi des jouets en mouvement sur une chaîne de montage, tous interchangeables, sans âme et dépourvus d’intérêt. Dans un cadre surexposé, seul Harry Stadling semble accorder une réelle importance au sens des festivités de Noël. Et il jubile, juché sur son registre des bons et des gentils enfants. Enfant qui seront, par ailleurs, seuls à le comprendre et à refuser sa condamnation par le clan des adultes.

CHRISTMAS EVIL se distingue ainsi comme une œuvre d’un certain cynisme. Où la pureté d’un concept aussi enfantin que celui du Père Noël se heurte à la société contemporaine, car elle n’est, dans le fond, plus en mesure de le comprendre. Un message porté par une folie granguignolesque, émanant d’un Brandon Maggart alors auréolé du succès du Monde selon Garp. On comprend aisément pourquoi John Waters, pape de la contre-culture, le considère comme son film de Noël préféré. Série B assez confidentielle, CHRISTMAS EVIL a récemment été restauré en 4K et édité en Blu-Ray et DVD chez Carlotta… De quoi ravir les amateurs du genre en cette période de fête.

Lily Nelson

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Titre original : You Better Watch out
Réalisation : Lewis Jackson
Scénario : Lewis Jackson
Acteurs principaux : Brandon Maggart, Jeffrey DeMunn, Dianne Hull
Date de sortie : 7 novembre 1980
Durée : 1h34min
3.5
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