Compagnons
Crédits : Wild Bunch

COMPAGNONS, ou comment l’art sauve de la cité – Critique

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Avec son dernier long métrage COMPAGNONS, le réalisateur François Favrat plonge le spectateur dans l’univers méconnu des Compagnons du Devoir et donne à voir le parcours un peu cliché d’une jeune fille de la cité sauvée par son art.

On avait laissé François Favrat en 2015 avec ses secrets de famille dans Boomerang. On le retrouve sept ans plus tard avec COMPAGNONS, une autre histoire de famille. Pas la famille qui a vu naître Naëlle (Najaa Bensaid), mais plutôt celle qui l’a choisie pour ses talents : les Compagnons du devoir. Le réalisateur et sa coscénariste Johanne Bernard dressent ainsi le portrait d’une jeune fille débrouillarde de 19 ans qui vit dans une cité à Nantes avec sa mère et sa petite sœur Inès. Aux côtés de ses amis Djibril (Mouad Habrani) et Coca-man (Youssouf Wague), Naëlle en connaît tous les codes et les coutumes, ainsi que la violence qui y règne et les trafics de drogue dont elle se tient à l’écart.

Compagnons
Crédits : Wild Bunch

On s’attache très vite à cette jeune fille emplie d’une énergie nourrie de sa colère et de la violence dont elle doit aussi faire preuve pour survivre en tant que fille dans la cité. Elle s’évade de sa vie réelle grâce au street art et on la voit dessiner et taguer les murs de sa cité. On la découvre suivie par un éducateur qui l’oblige à travailler avec d’autres jeunes sur un chantier de réinsertion, sous la responsabilité d’Hélène (Agnès Jaoui). Le réalisateur montre très bien ce qui s’opère dans le regard de Naëlle lors d’une visite organisée par Hélène dans la Maison des Compagnons de Nantes. Les jeunes rencontrent Paul (Pio Marmaï), compagnon vitrailliste qui prend de haut ces jeunes blagueurs, dont les vies sont à mille lieux de la sienne.

Et c’est précisément cet endroit qui va sauver la peau de Naëlle, harcelée par des petits trafiquants qui veulent qu’elle rembourse leur came qu’elle a détruit par erreur. Décelant son potentiel, Hélène la prend alors sous son aile et demande comme faveur à Paul de la former dans son atelier. C’est donc au travers des yeux de Naëlle que le spectateur découvre avec étonnement le monde des Compagnons du devoir et ce qui va la transformer, malgré ses difficultés à en accepter les règles : le travail, la discipline, la tradition, la transmission et la joie de créer son chef d’œuvre.

Un récit plaisant sur l’importance des mains tendues qui donnent une chance et un sens à la vie de jeunes sans espoirs.

Pourtant, malgré l’intérêt que le spectateur peut porter au parcours de la jeune fille, COMPAGNONS tombe dans le piège classique des films qui pêchent par excès de zèle, à vouloir retranscrire de façon trop didactique et détaillée un univers bien spécifique. D’ailleurs, on ne manquera pas de voir certaines similitudes avec le film Haute Couture de Sylvie Ohayon, dans lequel la première d’atelier de la Maison Dior, interprétée par Nathalie Baye, faisait découvrir son univers à son héroïne béotienne Lyna Khoudri, elle aussi issue d’une cité. De même, les deux femmes aident les deux jeunes filles, comme pour se rattraper d’avoir privilégié leur passionnant travail à leur propre fille dont elles n’ont pas de nouvelles.

Paul et les autres compagnons transmettent aussi à Naëlle les valeurs d’entraide, de confiance et de solidarité de leur communauté encore misogyne, et la mettent à l’épreuve. Le déclic se fera malgré elle, avec des allers-retours dans sa vie d’avant et des conflits avec Paul qui évolueront après quelques péripéties scénaristiques en une confiance et un respect mutuels.

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Crédits : Wild Bunch

La bonne idée est que François Favrat ait choisi le vitrail comme spécialité de Paul, permettant ainsi au spectateur de comprendre comment la matière de cet art est maîtrisé et travaillé de nos jours avec un air de modernité, trouvant notamment sa place dans les hôtels. On regrette toutefois que le réalisateur ait fait l’impasse sur tout un pan historique des vitraux et leur dimension spirituelle. Il aurait ainsi pu donner à Paul l’opportunité d’expliquer à Naëlle leur rôle spécifique dans la diffusion de la lumière dans les églises, cathédrales, mosquées et autres lieux de culte. Mais peut-être a-t-il craint de mêler son sujet à la religion ?

Malgré quelques clichés sur la confrontation de deux mondes que tout oppose, COMPAGNONS se révèle cependant un récit plaisant sur l’importance des mains tendues qui donnent une chance et un sens à la vie de jeunes sans espoirs.

Sylvie-Noëlle

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Titre original : Compagnons
Réalisation : François Favrat
Scénario : François Favrat, Johanne Bernard
Acteurs principaux : Najaa Bensaid, Pio Marmaï, Agnès Jaoui
Date de sortie : 23 février 2022
Durée : 1h50 min
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