Le labyrnthe 2.jpg1 - [CONTRE-CRITIQUE] LE LABYRINTHE : LA TERRE BRULÉE

[CONTRE-CRITIQUE] LE LABYRINTHE : LA TERRE BRULÉE

Mise en scène
6
Scénario
5
Casting / personnages
4
Direction artistique
5
Emprunts au jeu vidéo & à l'inconscient collectif
9.5
Note des lecteurs11 Notes
6.6
5.9

Retrouvez également une critique positive et complémentaire, par Pierre à cette adresse.

Le premier Labyrinthe, en dépit d’un ton et d’une direction artistique largement empruntés à la concurrence (Hunger Games, Divergente, The Giver, etc.) s’avérait être un efficace divertissement grâce à une exploitation maline de son environnement (un labyrinthe retenant prisonnier des adolescents).
Ce second volet, en sortant de cet environnement-personnage, devient le classique teen-movie/post apo/uchronique sans personnalité qu’il avait de justesse évité d’être dans le premier film. Cela ne veut toutefois pas dire que le film manque d’intérêt.

Au contraire cela atteste de l’importance de l’inconscient collectif dans la production d’un film, et plus particulièrement ici, le jeu vidéo. Si nous défendions depuis longtemps cette idée du jeu vidéo influençant le cinéma à travers des chefs-d’œuvre comme Le Fils de Saul ou The Rover. Dans le LE LABYRINTHE 2, le rapport est à nouveau différent.
Et rien que ça, c’est passionnant !

Photo du film LE LABYRINTHE : LA TERRE BRULÉE

Je vais entamer cette réflexion à partir d’un moment plutôt intense, située aux 2/5 du film, lorsque les personnages explorent un centre commercial délabré avant de se faire attaquer par les zombies résidents.

Ce qui est intéressant c’est qu’à cet instant, l’univers du LABYRINTHE 2 est exclusivement raconté par l’Image, sans que les personnages aient besoin de l’exprimer par le dialogue.
D’abord, par l’exploration de l’environnement. Ce décor, très détaillé, nous explique ainsi quelles extrémités l’humanité de ce monde post-apocalyptique a pu atteindre. A quel point l’adaptation, l’entraide et la débrouillardise sont nécessaires pour survivre. Ce décor nous explique également que toute solution, si efficace soit-elle, peut virer instantanément à l’échec. L’erreur est certes humaine, mais dans ce monde LA MOINDRE erreur est fatale – ce qu’expérimenteront les personnages du film lorsque les zombies les attaqueront avec force. La scène d’attaque des zombies, en plus de générer rythme et suspens, explique également que cet environnement hostile se tient constamment prêt à absorber les plus faibles.

« LE LABYRINTHE 2 emprunte beaucoup à l’inconscient collectif et au jeu vidéo ! Un vecteur d’accessibilité et de stimulation, mais aussi d’impersonnalité… »

En soi, l’exploitation du décor et des situations à fins scénaristiques est assez réussie, comme dans le premier Labyrinthe. À l’exemple cité ci-dessus on peut rajouter la découverte/exploration de chaque nouvel environnement, exprimant un état d’extrémité humaine différent : le complexe du début du film, la ville des survivants, ou le camp des montagnes… En fait, ce scénario alternatif centré sur l’homme et son adaptation sociale et/ou physique à un univers déliquescent se révèle plus pertinent que l’explication que poursuivent obstinément les personnages du film.
Celle-ci est d’ailleurs très vite éventée : SPOIL[spoiler mode= »inline »] le labyrinthe est un moyen de garder sous contrôle et de sélectionner de jeunes humains porteurs d’une ressource rare et unique, essentielle à la survie de l’humanité, ou du moins de certains. Un scénario rappelant de fait Soleil VertMatrix ou quasiment chaque film du genre teen/postapo/uchronique.[/spoiler]
Un script peut-être peu original, mais compensé par un univers visuellement riche. LE LABYRINTHE 2 propose donc une interprétation plus profonde que la simple histoire des personnages. L’intérêt de cette seconde lecture est d’impliquer un peu plus le spectateur, tant intellectuellement qu’émotionnellement. Une complexité filigrane que maîtrisait parfaitement un autre blockbuster sorti cette année, l’excellent et paroxystique Fury Road.

Paradoxalement, je me suis rendu compte qu’avec cette scène de découverte du centre commercial, j’assistais à un décalque cinématographique d’un moment similaire mais dans un jeu vidéo : la visite des égouts dans The Last of Us.

[divider]THE LAST OF US: LES ÉGOUTS[/divider]


J’ai compris que comme moi, Wes Ball, a clairement été biberonné aux deux médias – cinéma et jeu vidéo. Il est finalement assez normal de le voir commuter son bagage culturel dans son film. C’est ainsi que LE LABYRINTHE 2 emprunte beaucoup au jeu vidéo. Ses mécaniques (narration contextuelle donc, mais aussi son level design), son gameplay (sa mise en scène) et sa direction artistique. Ce passage du centre commercial a ainsi, malgré moi, éveillé mon attention au fonctionnement et à l’imagerie du film.

Citons encore et toujours The Last of Us, pour l’esthétique végétalo-dégueu des zombies, ou pour cet immeuble effondré sur un autre, qu’il faudra explorer. On pense aussi aux FPS/TPS (first-person shooter / third person shooter) zombiesques style Left 4 Dead ou Resident Evil 4 (et suites), pour cette façon très précise d’organiser les attaques de masse, tout en furie et en rapidité. On voit aussi du Uncharted 2 et 3, dans cette gestion du suspense confrontant un homme simple à la proximité absolue d’un danger bien trop disproportionné : un bâtiment qui s’effondre, ou une vitre qui se fissure lentement, avec une chute mortelle dessous. Une vitre qui se fissure…Une vitre qui se fissure ???  Mais…OH WAIT !

Une vitre qui se fissure ? Des zombies rapides attaquant en masse ? Un immeuble effondré sur un autre ?
Vous aurez peut-être compris où je veux en venir. LE LABYRINTHE 2 est un nouvel exemple, à l’instar de Fury Road (encore lui), de Scott Pilgrim et quelques autres, d’ouroboros de la pop-culture. Le cinéma inspire le jeu vidéo, qui à son tour inspire le cinéma ! Une passionnante boucle culturelle que nous avions déjà abordée ICI, concernant Guillermo Del Toro (feu Silent Hills), Peter Berg (CoDAW) ou avec plus d’audace, à propos de »papa » Spielberg.

Photo du film LE LABYRINTHE : LA TERRE BRULÉE
Cloverfield –> The Last of Us –> Le Labyrinthe 2

Les emprunts du LABYRINTHE 2 au 11eme art ne s’arrêtent donc pas à la direction artistique et à la mise en scène de l’action, la structure narrative du film est également très vidéo-ludique !

Ainsi, l’enchaînement des scènes est toujours globalement le même. On fuit une zone dangereuse pour arriver dans un environnement relativement vaste. On doit explorer celui-ci jusqu’à trouver un élément déclencheur faisant avancer le récit, ce qui provoque l’arrivée d’un nouveau danger ainsi que la fuite, à nouveau, d’un environnement devenu impraticable… jusqu’à une nouvelle zone. Et cetera.
Exactement les mécaniques d’un jeu vidéo type TPS action/exploration, reprises donc, quatre fois d’affilée. Avec le risque donc d’amener de la répétitivité, un rythme prévisible et dans le dernier acte, un soupçon d’ennui.

Ce phénomène de répétition n’est généralement pas un problème dans le jeu vidéo car il est compensé par le scénario, l’interactivité, la variété des environnements et en fonction du jeu, par les situations de gameplay. Or, transposé au LABYRINTHE 2,  la variété des environnements s’estompe en raison d’un cachet globalement trop générique. Cela influence sa narration et son scénario, puisque celle-ci existe également par les décors. Nous l’avons également évoqué plus haut, la mise en scène pioche dans l’inconscient collectif. Certains passages semblent échappés de jeux vidéos iconiques, eux-mêmes reprenant les mises en scènes iconiques de films-icônes.

Au final, ma réaction mi-enthousiaste, mi-dubitative envers ce LABYRINTHE 2 est j’imagine comparable à celle qu’aurait un cinéphile connaisseur de Wu xia pian, de westerns ou de films de guerre, envers le cinéma de Tarantino… Un cinéma en soi réussi, qui puise son efficacité cinématographique dans l’inconscient collectif. Des genres méconnus pour Tarantino, le jeu vidéo pour Wes Ball.
Si le premier réussit à estomper l’opportunisme de sa démarche par une relecture moderne et personnelle, le second rate cet objectif par manque de personnalité. En résulte un film à la fois accessible et efficace par les codes génériques qu’il utilise, mais également défaillant par trop peu d’originalité dans sa mise en scène globale.
On tempérera ce constat mitigé en rappelant que la qualité du film (traitée par Pierre dans sa critique) est finalement assez indépendante de la recherche d’origines à une identité visuelle ou à sa réalisation.

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Affiche du film LE LABYRINTHE : LA TERRE BRULÉE

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Titre original : Maze Runner: The Scorch Trials
Réalisation : Wes Ball
Scénario : T.S. Nowlin d’après l’oeuvre de James Dashner
Acteurs principaux : Dylan O’Brien, Ki Hong Lee, Kaya Scodelario
Pays d’origine : U.S.A
Sortie : 7 octobre 2015
Durée : 2h13
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Synopsis : Dans ce second volet de la saga épique LE LABYRINTHE, Thomas et les autres Blocards vont devoir faire face à leur plus grand défi, rechercher des indices à propos de la mystérieuse et puissante organisation connue sous le nom de WICKED. Or le monde qu’ils découvrent à l’extérieur du Labyrinthe a été ravagé par l’Apocalypse. Leur périple les amène à la Terre Brûlée, un paysage de désolation rempli d’obstacles inimaginables. Plus de gouvernement, plus d’ordre… et des hordes de gens en proie à une folie meurtrière qui errent dans les villes en ruine. Les Blocards vont devoir unir leurs forces avec d’autres combattants pour pouvoir affronter WICKED et tenter de défier son immense pouvoir.

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SteeveD
SteeveD
Invité.e
25 octobre 2015 16 h 12 min

Je trouve que le deuxième volet de Labyrinthe est bien meilleur que le premier.. Il fait moins « copier-coller » que le 1.. Maintenant que vous le dite ! Merci pour votre contre-critique.

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