[critique] Nowhere Boy

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John Lennon a grandi dans une famille pleine de secrets. Elevé par sa tante Mimi, il retrouve à l’adolescence sa mère, Julia. Arrivé en âge de comprendre le mystère qui a déchiré ces deux sœurs, John veut réconcilier sa famille. Une paix fragile s’installe, aussitôt ruinée par une tragédie. Mais sa mère a légué à John un don précieux : la musique. Un jeune homme tourmenté trouve enfin sa voie.

Note de l’Auteur

[rating:3/10]

Date de sortie : 8 décembre 2010
Réalisé par Sam Taylor-Wood
Film Cannadien, Britannique
Avec Aaron Johnson, Kristin Scott Thomas, Anne-Marie Duff
Durée : 1h38min
Titre original : Nowhere Boy
Bande-Annonce :

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John Lennon et sa mère sont au cinéma. Pendant le temps des réclames, Elvis Presley passe sur le grand écran et les filles hystériques crient devant le déhanché explicite. John n’est qu’un adolescent, et comme tous les jeunes gens de son époque, il reproduit par mimétisme la coiffure banane et adopte une désinvolture provocatrice. Les Beatles n’existaient pas encore et John ne connaissait rien en musique mise à part le pouvoir d’attraction des musiciens auprès des filles.

C’est cette période avant les tournées, les groupies et les évanouissements que Sam Taylor-Wood a choisie de porter à l’écran pour son premier long métrage. John Lennon est un adolescent turbulent, élevé par sa tante à Liverpool, il retrouve sa mère après de nombreuses années. Femme fragile et préoccupée, elle initie John au rock & roll.

Sujet intéressant que de s’attarder au moment où quelqu’un trouve sa passion, sa raison de vivre, de voir éclore devant nos yeux un génie. Mais la réalisatrice ne semble pas vouloir nous montrer la mystérieuse transformation d’un adolescent en l’un dès plus grand songwriter du vingtième siècle. Elle réduit cette histoire à un drame familial tartiné d’une dose indigeste de psychologie.

John se rebelle, claque la barrière du jardin, vole des vinyles, insulte sa tante, se fait virer de l’école. On a tous les clichés de l’adolescence, rendant le personnage banal, John pouvant être remplacé par le premier gamin de seize ans qui s’est déjà pris une gifle. La volonté de baser cette naissance créatrice sur une rébellion insignifiante à l’écran, d’attribuer quelques traits de caractères à chacun des personnages, et d’occulter totalement un point de vue historique, rend le film oubliable dès le générique de fin. Paul McCartney est défini simplement comme un surdoué dandy romantique à l’inverse de John qui a l’humour et la répartie facile. On apprend rien de plus que l’on ne savait déjà avec ce biopic trop lisse, en contradiction même avec la lucidité et la provocation de John Lennon.

La mise en scène est conventionnelle, avec de nombreux plans rapprochés sur le visage sublimé d’Aaron Perry Johnson et l’absence d’inventivité formelle, donnant un film qui manque de caractère. Avec une double production, c’est un film avec un peu d’esprit britannique et d’esprit américain, plus anglais que Walk The Line sur Johnny Cash, mais évidemment plus américain que 24 Hour Party People de Michael Winterbottom.

John et Paul sont dans la chambre peuplée de rêves adolescents, ils composent ensembles, lunettes noires et veste blanche, sur les désillusions et les amours perdues, mais Sam Taylor-Wood filme champ contre-champ, choisissant la facilité, en les opposant l’un à l’autre et ne montrant pas, par la mise en scène, combien leur force fut de s’être trouvés.
John Keats disait que « la vie d’un homme d’une certaine valeur est une continuelle allégorie », ici il n’y a que psychologie.

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