Luke est un célèbre cascadeur à moto. Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…
Note de l’Auteur
[rating:4/10]
• Date de sortie : 27 Mars 2013
• Réalisé par Derek Cianfrance
• Avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes
• Film américain
• Durée : 2h20min
• Titre original : The place beyond the pines
• Bande-annonce :
Regardons l’affiche un instant. Ryan Gosling est sur une moto, on le voit de dos. C’est tellement gros que c’est presque trop facile : ça veut surfer sur le succès et la réussite de Drive. On prend Ryan Gosling, adulé, on le met en blond platine, on met son tee-shirt à l’envers, on lui donne une moto et les gens viennent voir le film. C’est ce qui fait vendre apparemment, après la boutade qu’est Blue Valentine. Heureusement, Derek Cianfrance, qui bascule dans le faux semblant et la facilité à chaque fois, peut toujours compter sur son acteur pour sauver un film. Pas si con en fait.
Ce film se décompose en trois parties. Comme si Derek Cianfrance faisait trois films en un. Une première partie qui se concentre sur le personnage de Ryan Gosling, une deuxième qui se concentre sur celui de Bradley Cooper et une troisième sur leurs enfants respectifs. Donc un film qui se déroule sur plusieurs années. Ceci pour montrer les conséquences de tels ou tels actes qui se passent dans le film. Le réalisateur filme sans cesse les répercussions que certaines situations peuvent avoir, des répercussions qui arriveront dans le futur.
Un film qui veut se faire une place parmi les gros polars américains mais en voulant faire trois films en un, Cianfrance fait dans la facilité.
Dans la première partie, Ryan Gosling est un cascadeur à moto qui commettra une série de braquages pour subvenir aux besoins de sa famille. Que ça soit au cinéma ou dans à la télévision, il y a des méchants qu’on aime. Et le personnage de Ryan Gosling en fait partie. On prend plaisir à le voir accélérer sur sa moto et à le voir faire tous ses braquages avec son casque sur la tête. Un bon petit thriller qui met l’eau à la bouche. A la fois sombre dans ses images et lumineuse par ses personnages, cette première partie du film se révèle être une très bonne introduction à la volonté de se transcender pour faire ce qui est bien. Cette partie est la belle caractéristique des thriller que l’on aime tous : un héros bon d’esprit mais mauvais dans les attitudes. A côté de Ryan Gosling, on a une Eva Mendes totalement invisible, qui a oublié de jouer pour les mots (ce ne sont pas les mots qui doivent faire jouer un acteur, ou une actrice).
La deuxième partie du film se concentre sur un agent de police, joué par Bradley Cooper. Bon, on passera sur l’inutilité de Rose Byrne, totalement affligeante. Mais il n’y a pas qu’elle, Bradley Cooper essaie tant bien que mal de faire oublier Ryan Gosling pour avoir son moment de gloire dans un polar. Mais il faut se rendre à l’évidence, on ne peut pas jouer un débile dans l’arnaque Very Bad Trip et devenir un grand flic dans un autre film. Bref, cette deuxième partie est un polar qui ne dit pas son nom. Alors qu’on avait une première partie ennivrante, pleine d’émotion et avec une âme grande comme ça, ici on a une espèce de transition totalement flaibarde. Pendant une heure, on a le droit à un flic qui se fait anti-héros mais qui n’a qu’une seule envie, gravir les échelons de son métier. Un jeu et un mini film où tout semble faux et où rien n’avance. Juste une histoire de répétitions et de souvenirs dérangeants. On a déjà vu ça dix mille fois au cinéma.
La dernière partie, heureusement plus courte que la précédente, arrive quinze plus tard. Les deux enfants ont grandi. Par hasard, le fils du flic héros est un petit connard délinquant et le fils du cambrioleur est un gentil petit garçon sans problèmes. Coïncidence totale, ils vont se rencontrer car l’un arrivera dans l’école de l’autre. Et quand le passé s’éclaircit sur les deux pères, le jeu de la vengeance peut éclater. Nous voilà arriver dans un drame où deux adolescents vont se foutre sur la gueule, dont un va menacer l’autre de mort. Et comme par hasard, le fils du cambrioleur va aimer son père et vouloir suivre ses traces. Oui, le scénario de cette troisième et dernière partie se sent des kilomètres à la ronde.
Et encore, les deuxième et troisième parties du film ne font pas le pire foutage de gueule du film. En voulant se faire à la fois Winding Refn, Lumet et Gray à la fois, Cianfrance en fait une sous-copie dégueulasse car tout devient de plus en plus facile. Les solutions trouvées sont aberrantes même si la première partie du film est tout de même passionnante et agréable à voir.
Enfin, il faut signaler la grosse blague du film. Elle n’est pas dans les répliques, elle est dans la forme. Remarquez que, même en faisant trois mini-films en un seul, Derek Cianfrance filme le tout de la même manière. Je ne m’attarderai pas sur les travellings ou sur les focales utilisées (2h20 de film tout de même) mais quand on veut faire trois genres différents dans un même film, vaut mieux prendre des risques et changer sa mise en scène deux fois. Le gros travail n’est pas assez abouti et le réalisateur filme son récit comme il filmerait un autre de ses films.
Finalement, The Place Beyond The Pines est un film qui veut se faire une place parmi les plus gros polars américains mais son idée de départ n’est pas aboutie. En voulant faire trois films en un, Derek Cianfrance a oublié qu’il fallait les filmer séparément et non pas les assembler comme un noyau final. Surtout qu’au vu du récit, les liens entre chaque partie ne se seraient pas perdues. Avec un Ryan Gosling très bon et une première partie qui sauve le film, Derek Cianfrance fait dans la facilité.
LIRE LA CONTRE-CRITIQUE DE THE PLACE BEYOND THE PINES