cornélius, le meunier hurlant

CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT, fantasque et poétique- Critique

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Pour son premier long métrage film, CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT, Yann Le Quellec adapte le roman du finlandais Arto Paasilinna et raconte une jolie histoire, à cheval entre la fable et le western.

La ballade inaugurale et finale de CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT fredonnée par Iggy Pop reste longtemps en mémoire. Car la voix du chanteur, accompagnée de celle de Anaïs Demoustier, est à l’image du film: rocailleuse, surprenante, attachante. Pour son premier film, le réalisateur Yann Le Quellec a décidé d’adapter « Le meunier hurlant », le roman écrit il y a plus de 35 ans par Arto Paasilinna, surtout connu en France pour son livre « Le Lièvre de Vatanen ».Photo de CORNÉlius, LE MEUNIER HURLANTCORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT plonge le spectateur dans un univers fantasque et poétique, qui frôle de façon déconcertante l’absurde et le grotesque, tout en portant une réflexion de fond. Le film oscille entre la joie des habitants à accueillir enfin un meunier dans leur village et les efforts de Cornélius Bloom pour s’intégrer à cette communauté après des mois d’errance et se conformer à ses us et coutumes. Puis entre la réaction négative des habitants face à la douleur insoutenable de Cornélius provoquée par le mal mystérieux dont il souffre. Son corps se cabre, se met à vibrer et son seul échappatoire est de pousser un cri jusqu’à retrouver son calme. Tel un loup, il hurle la nuit et empêche évidemment les villageois de dormir.

Fatigués, portant un regard inquiet sur ce phénomène incompréhensible, ils commencent à avoir peur et à rejeter cet étranger pourtant utile à leur village replié sur lui-même. Malgré le soutien de Carmen (Anaïs Demoustier), la fille du maire, touchante de maladresse dans son obsession de conseillère horticole. Car l’amour de deux êtres ne suffit pas toujours à faire face à la violence d’un groupe. On ne peut évidemment pas s’empêcher d’y voir une métaphore avec le rejet des migrants de nos jours et de l’inconnu qu’ils représentent pour une communauté bien établie.

Aller voir CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT, c’est ouvrir à nouveau ses yeux et son âme pure d’enfant et redécouvrir le plaisir de se laisser surprendre.

Le second acte de ce conte commence avec l’internement de Cornélius dans un asile de fous, qui se montreront bien plus humains avec lui.  Quant au dernier acte dont on ne dévoilera pas la fin, il marque la nouvelle errance du héros dans la nature. Car Cornélius est définitivement un terrien, plus à l’aise avec la nature qu’avec les hommes, avec lesquels il est en décalage permanent. La nature est un magnifique personnage à part entière de CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT, avec ses montagnes hostiles, ses arbres réconfortant, ses ruisseaux rafraîchissants, ses saisons exacerbées, sa chaleur étouffante et ses bourrasques de vent. En communion avec elle, Cornélius n’hésite pas à arpenter, creuser, construire son moulin et planter les graines de Carmen. Besogneux, il a besoin de se noyer dans le travail et de ne pas laisser place aux pensées et aux angoisses liées à son mal.Photo de CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANTLa force de CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT, c’est évidemment son interprète principal Bonaventure Gacon, pour la première fois à l’écran. L’acteur a composé un Cornélius au visage bourru mangé par une barbe derrière laquelle on devine un être sensible. Il prête habilement son corps d’homme de cirque tout aussi imposant qu’agile aux besoins du rôle. C’est d’ailleurs un réel plaisir pour les yeux que de voir évoluer les personnages qui prennent possession de l’espace, comme dans un ballet. Yann Le Quellec met remarquablement en scène les corps et les acrobaties des uns et des autres. Il apporte un grand soin aux détails, depuis les vêtements des protagonistes jusqu’aux rouages du moulin. Il rappelle d’ailleurs par son ton décalé Grand Froid et par sa chorégraphie Paris Pieds Nus et les films avec Pierre Richard.

Revisitant les codes du western, le réalisateur donne à voir des personnages réjouissants, aussi improbables que croquignolesques. Ainsi le maire (Gustave Kervern) est touchant de naïveté et le docteur (Denis Lavant) inquiétant en alcoolique nerveux. Film singulier et tendre, CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT offre une belle métaphore sur les relations humaines à l’image d’une graine, véritable promesse de vie qui, selon le terreau dans lequel on la sème, peut parvenir à s’épanouir ou ne jamais voir le jour. Aller voir ce film, c’est ouvrir à nouveau ses yeux et son âme pure d’enfant, redécouvrir le plaisir de se laisser surprendre et afficher tout du long un sourire aux lèvres.

Sylvie-Noëlle

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Titre original : Cornélius, le meunier hurlant
Réalisation : Yann Le Quellec
Scénario : Yann Le Quellec, librement adapté du roman finnois de Arto Paasilinna
Acteurs principaux : Bonaventure Gacon, Anaïs Demoustier, Gustave Kervern
Date de sortie : 2 mai 2018
Durée : 1h47 min
4
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