Photo du film CRAZY BEAR
Crédits : Universal Studios

CRAZY BEAR, ou la folle histoire de l’ours devenu cocaïnomane – Critique

Inspiré d’un véritable fait divers, CRAZY BEAR met en scène un ours noir tueur, rendu fou par une ingestion massive de cocaïne. Fun et gore à souhait, le film parvient d’une façon surprenante à tenir toutes ses promesses, malgré une intrigue un peu brouillonne.

Le scénario de CRAZY BEAR tire son origine d’un fait divers pour le moins improbable, survenu dans les années 80 en Géorgie, au Sud-Est des États-Unis. Le 11 septembre 1985, un dénommé Andrew C. Thornton – ancien agent des stups devenu narco-trafiquant – survole un parc naturel dans un petit avion avec, à son bord, plusieurs kilos de cocaïne. Après s’être délesté d’une partie de sa cargaison, l’homme se jette dans le vide pour la rejoindre. Malheureusement, son parachute ne s’ouvre pas et la chute s’avère mortelle. La police découvrira son cadavre quelques mois plus tard en pleine forêt, entouré de sa précieuse cargaison. Près de lui git étrangement un ours mort. Après autopsie, on découvre que l’animal a succombé à une overdose. Il aurait ingéré près de 80 kilos de cocaïne.

Photo du film CRAZY BEAR
Crédits : Universal Studios

L’histoire du « Cocaine Bear » – également surnommé « Pablo Eskobear » ou « Cokey The Bear » – est depuis devenue un récit populaire. Au point que la boutique de vêtements du Kentucky qui expose désormais sa dépouille empaillée a connu le succès grâce à une large gamme de produits dérivés. En toute logique, le grand capitalisme n’allait pas se priver de produire un film. En 2019, la société de production Radio silence approche les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, alors forts du succès surprise de Wedding Nightmare. Occupés sur le cinquième volet de Scream, les deux cinéastes déclinent et la réalisation échoue à Elizabeth Banks, la Betty Brant des Spiderman de Sam Raimi, mais également réalisatrice de Pitch Perfect 2 et du remake douteux de Charlie’s Angels.

Pas ici pour la Palme, ni pour l’Oscar

Si elle ne brille pas tant par ses talents de réalisation, Banks n’en reste pas moins rôdée à ce type de productions et a le mérite de vouloir se démarquer « du type de projets habituellement confiés aux femmes à Hollywood », comme elle l’expliquait récemment au Time. Et on ne peut nier qu’il est réjouissant de voir une femme à la tête d’un film d’attaque animale gore, à la limite de la série B. En effet, bien que le genre ne soit pas dépourvu de femmes-réalisatrices, elles restent encore – et bien malheureusement – rares. Ce postulat ne rend pas pour autant la réalisation de CRAZY BEAR particulièrement brillante. Elle se révèle même, au contraire, plutôt quelconque. Néanmoins, il serait idiot d’envisager ce film comme un chef-d’œuvre formel.

Photo du film CRAZY BEAR
Crédits : Universal Studios

La farce est plutôt pensée comme un pur divertissement bas de plafond, sans nulle autre ambition que de satisfaire à la fois les curieux hallucinés et les amateurs d’animaux-tueurs. Sans le moindre doute, ces deux publics s’en tireront à bon compte. Car CRAZY BEAR tient effectivement plutôt bien ses promesses. Si l’ours en CGI nous paraîtra certainement grotesque dans quelques années, l’illusion reste, pour l’heure, convaincante. De plus, il constitue une menace suffisamment crédible pour que le suspense puisse s’installer. Autre bon point : le film nous dispense de l’habituel humour scatophile américain pour miser davantage sur ses accents parodiques – et on l’en remercie.

Des vannes et du sang qui tâchent

A sa vue, on ne peut s’empêcher de penser aux Serpents dans l’avion de 2006, qui pastichait déjà les films d’attaque animale des années 80-début 90. En effet, CRAZY BEAR, à l’instar de son aîné, déploie une galerie de personnages stéréotypés à des fins de parodie grossière. Figure la plus improbable au casting, – car plus connu pour ses rôles chez Coppola, Chan-wook et les Coen Alden Ehrenreich semble s’amuser comme un fou dans son rôle de voyou repenti et dépressif. Sa coupe mulet et son ensemble en jean en font d’ailleurs un curieux reflet de Mel Gibson dans le premier volet de L’Arme fatale. Bien que ses personnages soient assez peu finement écrit, CRAZY BEAR parvient tout de même à les rendre drôles, et bizarrement, assez attachants.

Photo du film CRAZY BEAR
Crédits : Universal Studios

En plus de nous arracher quelques sourires, le film recèle également de véritables moments d’angoisse et ses effets gores se révèlent en tout point jouissifs. Il nous offre, de plus, quelques images posthumes de Ray Liotta, qu’on aimait voir cachetonner dans des rôles de truands comme celui-ci. Malheureusement, CRAZY BEAR se repose parfois un peu trop sur son concept, si bien que certaines péripéties tirent en longueur, tandis que d’autres nous semblent un peu trop vite résolues. Mais qu’importe ! Après tout, nous étions venus voir un ours-tueur cocaïnomane. Eh bien, nous l’avons vu. Après tout… Que demander de plus ?

Lily Nelson

Note des lecteurs2 Notes
Titre original : Cocaine Bear
Réalisation : Elizabeth Banks
Scénario : Jimmy Warden
Acteurs principaux : Keri Russell, Alden Ehrenreich, O'Shea Jackson Jr.
Date de sortie : 15 mars 2023
Durée : 1h35min
2.5
Grave foncedé

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