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[critique] 4 Mois, 3 Semaines, 2 Jours

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1987, Roumanie, quelques années avant la chute du communisme. Ottila et Gabita partagent une chambre dans la cité universitaire d’une petite ville. Gabita est enceinte et l’avortement est un crime. Les deux jeunes femmes font donc appel à un certain M. Bébé pour résoudre le problème. Mais elles n’étaient pas préparées à une telle épreuve.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 29 août 2007
Réalisé par Cristian Mungiu
Film roumain
Avec Anamaria Marinca, Laura Vasiliu, Vlad Ivanov
Durée : 1h57min
Titre original : 4 luni, 3 saptamini si 2 zile
Bande-Annonce :


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envoyé par Hisaux. – Court métrage, documentaire et bande annonce.

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4 Mois, 3 Semaines, 2 Jours se penche sur un sujet plutôt délicat. Nous suivons la démarche d’une jeune étudiante, Gabita, pour avorter. Avorter, en Roumanie, est absolument illégale en 1966: le pays veut augmenter sa population et par conséquent la main d’œuvre. Et, au delà de ce point, cette pratique met en péril la vie même de la mère. Une pratique plutôt barbare, loin d’une structure médicalisée.

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Ce film ne se contente pas de rappeler cette période historique. Un évènement plus intime et personnel liera (ou brisera) d’une manière difficile les deux amies : Gabita et Otilla (interprétée respectivement par Laura Vasiliu et Anamaria Maninca). Le prix à payer pour trouver une personne « compétente » pour cette pratique peut s’avérer autre qu’une simple liasse de billet. Les deux amies se voient obligées de se donner à un homme pour le « convaincre » de prendre le risque.

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Silence. Le film est à la fois explicite et silencieux. Les deux filles n’évoqueront jamais cette épreuve clairement : ni pendant la « négociation », ni après. Cristian Mungiu laisse le temps agir. L’absence d’actions, de sons et d’humanité laissent, eux-aussi, une marque sur le spectateur. Ces plans fixes, parfois d’une longueur palpable, absorberont, dans un premier temps, le spectateur dans un certain ennui. Mais le spectateur doit éprouver cette inhumanité avec le personnage. Il ne connaitra pas de réelle empathie avec les protagonistes. Il devient un personnage qui participe physiquement au film. Il subira lui aussi ce silence pesant.

Les couleurs, le silence, le vide insistent sur ce manque de chaleur humaine. Un manque d’autant plus difficile à éprouver que la solitude pour Gabita, dans ce type d’épreuve, est simplement inconcevable.

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De mains de maitre, le metteur-en-scène plongera, dans la crainte, le spectateur. Celui-ci, étouffé par l’obscurité, (car nombre de plans ne permettent pas de discerner un personnage) attendra avec appréhension un autre drame… qui ne viendra pas. L’action et les épreuves n’envahissent pas l’écran dans une œuvre de cette qualité. Plus intelligemment, le réalisme est largement privilégié par Cristian Mungiu. Cet univers décrit est cru et difficile. Le montage est réduit à son minimum. C’est une œuvre sincère. Un long-métrage qui par ailleurs n’a pas su « séduire » le Vatican. Il est décevant de constater que certains organismes n’ont vu dans ce film qu’une exposition d’une « barbarie » gratuite. Des sujets tabous pour certains, mais ce film reste avant tout une œuvre à part entière.

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  1. Avant d’aborder le film, il est primordial de planter le contexte politico-social de la Roumanie de Ceausescu. En1966, le despote ordonne le Décret 770, loi nataliste qui interdit l’avortement et la contraception, et impose de sévères restrictions aux modalités du divorce. Cette politique sociale élitiste crée de la sorte des conditions de vie épouvantables pour une majorité de femmes et de familles…
    Le réalisateur, Christian Mungiu, fait partie de cette nouvelle vague du cinéma roumain, à l’instar de feu Nemescu (Nesfarsit), ou encore Puiu (La Mort de Dante Lazarescu), qui apporte un souffle rafraîchissant sur tout le cinéma européen. La Roumanie se remet lentement d’un quart de siècle de dictature, la nouvelle vague de cinéastes se libère intellectuellement du jouc communiste, et exprime avec vigueur et parfois véhémence, cette masse de sentiment refoulés au travers d’œuvres particulièrement sociales.
    Avec ‘4 Mois, 3 Semaines et 2 Jours’, Mungiu brosse le portrait de deux jeunes femmes roumaines vivant à Bucarest à la fin des années 80. L’une veut avorter, l’autre, son amie, va l’y aider. Tous les interdits seront bravés pour y parvenir, au péril de leur vie, au péril de leur condition de femme, au péril de leur propre identité ! Mungiu, sans user d’aucun artifice, s’approche des préceptes du Dogme 95, guide son identité de cinéaste comme un Jarmusch. Les adeptes du cinéma d’action, aux multi-plans sur découpés, passeront leur chemin ! Mungiu s’immisce dans une réalité à brûle pourpoint, ne s’autorisant aucune retenue, aucune censure, la camera agit comme un témoin direct d’un événement hors du commun ! Les longs plans séquences interpellent irrémédiablement notre moi profond, tout en véhiculant ces nappes émotionnelles intenses dont on ne sort nullement indemne. Le seuil émotionnel franchi, l’esprit se met en branle pour comprendre ce qu’il se passe dans cette Roumanie socialement dévastée, la gageure de Mungiu n’étant pas de dénoncer des actes inhumains devant un simple objectif, mais de livrer certains éléments de compréhension pour justement éviter les jugements hâtifs.
    Que dire des interprétations d’Anamaria Marinca et de Laura Vasiliu ? Du même acabit que Sarah Polley dans ‘Ma Vie Sans Moi’, Naomi Watts dans ’21 Grammes’, Oksana Akinshina dans ‘Lilja 4-ever’, ou encore Hilary Swank dans ‘Boys Don’t Cry’. Marinca et Vasiliu, qui apparaissent quasiment dans tous les plans, jouent telles des sœurs jumelles, élèvent le film vers des sommets himalayens, sans jamais donner l’impression de sur jouer ! La tâche de Mungiu : poser l’objectif sur ces deux merveilleux facies.
    Palme d’Or à Cannes, ‘4 Mois, 3 Semaines et 2 Jours’ propose un regard neuf sur la Roumanie de Ceausescu, un regard différent de celui des films engagés d’un Lucian Pintilie, mais un regard tout aussi pertinent et salvateur. Mungiu tire la quintessence de son Art dans ce qu’il recèle de plus noble en lui : la passion, l’honnêteté et une bonne dose de courage…Mungiu nous conte 2 jours de la vie ordinaire de deux jeunes femmes emprisonnées dans le carcan dictatorial, qui deviendront à mes yeux deux héroïnes non moins extraordinaires…

  2. Je ne vais pas mentir: en regardant ce film, par moment j’ai eu ce sentiment d’ennuis, mais il me semble que le film doit passer par là, l’ennui du spectateur fait partie de l’histoire parce que cet ennui porte du sens.Et pour rassurer, il ne s’agit que de bref instant.