Visionner le film d’une personne qui n’a rien à voir avec le métier de réalisateur et qui se lance comme un enfant gâté dans l’aventure pour flatter son ego est un acte de bravoure à haut risque. A tout moment le film peut basculer dans le grand n’importe quoi et s’avérer être un navet dans les règles de l’Art.
C’est avec ce lourd fardeau qui plane au-dessus de sa tête que Tom Ford, célèbre couturier reconnu dans le monde entier, a pris un malin plaisir à faire taire les mauvaises langues quant à la crédibilité de son envie de passer derrière une caméra.
A Single Man nous entraîne sur les traces de George Falconer, un professeur homosexuel qui vit une crise intérieure destructrice suite à la mort de son compagnon lors d’un accident de voiture. Et là, premier coup de génie : la mise en scène. Tom Ford venant du milieu artistique par excellence, A Single Man bénéficie d’une mise en scène alternant avec brio couleurs chaudes et froides pour retranscrire les différentes étapes par lesquelles passe cette pauvre âme à la dérive. La caméra est à l’image du film dans son ensemble, méticuleuse. Cette dernière se met au service d’un scénario multipliant les petits détails à première vue insignifiants révélant le talent d’orateur de Tom Ford. Tel une poupée russe, A Single Man regorge de niveaux de lecture qui n’arriveront pas tout seul vers nous. Il faudra être patient, faire chauffer ses méninges et être attentifs aux sous-entendus rendus encore plus incisifs par des dialogues finement recherchés.
Tous ces éléments ne vous ont toujours pas convaincu de l’intérêt de ce film ? Attardez-vous désormais sur les acteurs donnant vie à cette histoire d’amours impossibles. Colin Firth, noyau central de ce film, incarne à merveille cet homme détruis qui se raccroche à chaque petite attention que la vie lui offre. Énigmatique, charismatique et authentique, cet acteur qui a déjà fait ses preuves auparavant nous offre ici son meilleur rôle. A ses côtés, un jolie panel d’acteurs n’ayant pas à rougir face à un acteur au sommet de son Art magnétisant l’attention. Julianne Moore est ravissante et Nicholas Hoult (Skins, The Weather Man) confirme son talent, talent qui par ailleurs n’a jamais cessé de croître au fil des apparitions.
Au final, loin d’être un simple caprice d’une personne pourrie gâtée à laquelle on n’a jamais rien refusé, A Single Man est avant tout une création orchestrée d’une main de maître par un touche-à-tout qui n’a pas finit d’étonner. Une belle réussite qui mérite que l’on s’attarde plusieurs fois dessus.
Wesley