ALPHABET

[CRITIQUE] ALPHABET

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Intérêt cinématographique
4
Intérêt social
9
Montage
7
Réflexion véhiculée
7
Note des lecteurs0 Note
0
6.8
Note du rédacteur

Après avoir traité de la question de la production alimentaire dans We Feed the World (2005) puis de la mondialisation et de l’exploitation d’un système financier international dans Let’s make money (2009), le cinéaste autrichien Erwin Wagenhofer s’attaque désormais à la question de l’éducation des enfants dans le monde avec son nouveau documentaire ALPHABET – ce qui clôt sa « trilogie de l’épuisement » comme il l’appelle. Un documentaire dans lequel Erwin Wagenhofer n’émet pas directement son opinion mais préfère présenter des faits et laisser le spectateur faire son propre constat ainsi que son cheminement. Voilà le point fort du film et son plus grand défaut. Car par son approche, ALPHABET apparaît comme un documentaire essentiel pour sa portée sociale mais d’un intérêt cinématographique assez limité.

Les méthodes pédagogiques utilisées pour éduquer nos enfants ne sont-elles pas dépassées ? De la France à la Chine, de l’Allemagne aux États-Unis, « Alphabet » questionne un système éducatif qui privilégie la performance au détriment de la créativité et de l’imagination. En exposant au grand jour les limites d’un modèle hérité de la révolution industrielle, pédagogues, chercheurs, scientifiques, chefs d’entreprise et élèves abordent le rôle de l’enseignement et envisagent des voies alternatives à nos pratiques actuelles.

Photo du film ALPHABET

Qui dit documentaire ne dit pas absence de mise en scène. Au contraire même s’il s’agit de capter une réalité il est tout à fait possible de faire de réelles propositions cinématographiques. On pense par exemple aux films de Michael Moore (Bowling for Columbine, Fahrenheit 9/11…) dans lesquels le réalisateurs se met souvent en scène et utilise un ton humoristique pour dénoncer les invraisemblances et les contradictions de notre société. Seulement si Moore entre dans une forme d’excès, affichant clairement ses opinions, Erwin Wagenhofer, lui, va dans l’extrême opposé avec ALPHABET. Plombé par une mise en scène à la limite du reportage pour télévision, le réalisateur capte sans réflexion directe une série d’opinions. Il parvient tout de même par son très bon montage -montage alterné entre deux avis ou avec un carton de texte – à nous faire prendre partie pour une vision plutôt qu’une autre. Une manière honnête de nous faire admettre qu’aucun système éducatif n’est encore adéquat. Si en Chine par exemple, l’éducation qui porte sur les résultats, l’efficacité et la compétitivité révèlent des chiffres positifs, la réalité qui en découle est toute autre. Des enfants déprimés, des taux de suicide inquiétants et une pression constante.

Wagenhofer ne dit rien. Il lui suffit de filmer l’un des élèves durant son quotidien. Extrêmement tendu lorsque sa mère, d’un grand soutien, certes, fière et exaltée, affiche ses récompenses sportives, scolaires ou intellectuelles. Sur le point de craquer, épuisé physiquement et psychologiquement, lorsqu’il se retrouve « seul » dans le bus. Le contraste est d’autant plus fort lorsque Wagenhofer alterne entre le témoignage d’Andeas Scleicher, coordinateur international du Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (Test PISA) faisant l’éloge de la Chine et de ses résultats (dont le test n’est pratiqué que dans quelques écoles d’élite), et celui des experts locaux (enseignants notamment) qui remettent en cause leur propre système scolaire.

« Un documentaire essentiel pour sa portée sociale. »

Erwin Wagenhofer n’épargne pour autant aucun système éducatif. Car tous, soumis à une certaine influence financière, privilégient la performance. Le réalisateur ouvre ainsi son propos sur une dimension plus large, dévoilant une société qui se marche sur la tête. Comme en Allemagne, avec ce témoignage d’un jeune homme en formation d’agent de sécurité et ne disposant que d’une cinquantaine d’euros par mois pour se nourrir : « Je ne veux pas voler ou commettre de crimes, mais on dirait que le système me pousse vers cette voie pour m’en sortir ». Il y a donc évidemment une colère (ou une forme de dépit, c’est selon) face à la vision du monde actuel. Un monde qui préfère penser au « futur plutôt qu’à réparer le présent » comme nous dit Erwin Wagenhofer.

Photo du film ALPHABET

Seulement on regrettera que ce dernier n’ait pas de vraies propositions pour améliorer les choses, hormis nous rappeler l’importance d’amener l’enfant à développer sa créativité et son imaginaire (éléments essentiels) plutôt qu’à le soumettre à l’évaluation et à la compétitivité. Le réalisateur ne présente qu’un exemple d’adulte ayant su se construire de la meilleure des manières en passant à côté du système scolaire (chose interdite en France rappelons-le). Bien que parfaitement intégré et épanoui dans sa vie, il s’agît là d’un cas extrême. Il permet cependant de témoigner d’une école toujours pas suffisamment adaptée à l’enfant, tout en s’attaquant à l’éducation parentale, également pas exempt de tout reproche. Au final, par ce qu’il nous révèle et nous apprend, ALPHABET est, en lui-même, un produit éducatif indispensable qui traite d’un sujet non négligeable.

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LES AUTRES SORTIES DU 21 OCTOBRE 2015

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Affiche du film ALPHABET

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Titre original : Alphabet
Réalisation : Erwin Wagenhofer
Scénario : Erwin Wagenhofer, Sabine Kriechbaum
Intervenants principaux : Yang Dongping, Ken Robinson, Gerald Hüther
Pays d’origine : Autriche, Allemagne
Sortie : 21 octobre 2015
Durée : 1h48
Distributeur : Zootrope Films
Synopsis : Les méthodes pédagogiques utilisées pour éduquer nos enfants ne sont-elles pas dépassées ? De la France à la Chine, de l’Allemagne aux États-Unis, « Alphabet » questionne un système éducatif qui privilégie la performance au détriment de la créativité et de l’imagination. En exposant au grand jour les limites d’un modèle hérité de la révolution industrielle, pédagogues, chercheurs, scientifiques, chefs d’entreprise et élèves abordent le rôle de l’enseignement et envisagent des voies alternatives à nos pratiques actuelles. Après We Feed The World (sur la crise alimentaire) et Let’s Make Money (sur la crise financière), Alphabet clôt « la trilogie de l’épuisement », comme l’appelle son réalisateur Erwin Wagenhofer.

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LM
LM
Invité.e
22 octobre 2015 15 h 51 min

Bonjour!

Je cite: » Le réalisateur ne présente qu’un exemple d’adulte ayant su se construire de la meilleure des manières en passant à côté du système scolaire (chose interdite en France rappelons-le).  »

Alors là,il y a erreur : l’Enseignement est obligatoire,pas la scolarité! Il suffit de faire une déclaration annuelle àl’Education Nationale et une déclaration à la Mairie dont on dépend.

Il me semble que le sujet du film est le système scolaire,d’où un unique représentant des non-scolarisés.

Tant mieux si l’auteur ne nous propose pas de solutions ; c’est à nous,les parents,d’ouvrir les yeux sur ce qu’il se passe, à nous de faire des choix qui nous semblent judicieux : continuer ou changer de système.

En tant que parent ayant scolarisé mes enfants, je peux vous dire qu’il y a de la peur des parents et de leur impuissance face à la toute-puissance de l’institution.
Si vous aviez vu la tête des parents lorsque je leur disais : « et si vous montriez juste à vos enfants que vous les aimez et leur montrer leurs points forts? Juste les encourager et leur dire qu’on n’évolue pas sur toutes les matières en même temps? »

Même les enseignants sont déboussolés…

Bref,je pourrais écrire un article à ce sujet!^_^

MERCI de M’avoir ouvert cet espace d’expression.

Belle vie à Vous.

LM

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