• Réalisation : Justin Kurzel
• Acteurs principaux : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons
• Durée : 1h56min
Depuis plusieurs années maintenant, les jeux vidéo ont assumé leur goût pour le cinéma – déjà en 1999 avec par exemple Metal Gear Solid. Mais on ne peut pas dire que les adaptations de jeux sur grand écran aient été une réussite jusque là. Avec ASSASSIN’S CREED on commençait à avoir bon espoir à la vue de la production solide qu’il y avait derrière.
Celle-ci étant menée par Ubisoft Motion Pictures – filière d’Ubisoft, éditeur des jeux vidéo – on pouvait s’attendre à ce que le film soit fidèle à l’œuvre d’origine. De même qu’avec un budget conséquent (près de 200 millions de dollars), un casting hollywoodien (Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons) et un réalisateur sérieux comme Justin Kurzel (Macbeth), la part cinématographique semblait également assurée. Mais force est de constater au final que ce n’est pas avec ce ASSASSIN’S CREED qu’on aura une adaptation de jeu vidéo digne de ce nom. Le film parvenant à se rater autant par son utilisation bâclée de l’univers de la saga, qu’en tant qu’œuvre de cinéma.
Pourtant l’idée de ne pas reproduire de manière basique l’un des jeux – chaque opus se déroule à une époque différente -, et de suivre un nouveau personnage, était pertinente. Ici, Callum Lynch (Michael Fassbender), descendant d’Aguilar, un Assassin qui vécut à la fin du XVe siècle durant l’Inquisition espagnole. Condamné à mort pour meurtre, Callum est secrètement récupéré par l’entreprise Abstergo Industries. Celle-ci tente d’annihiler la violence dans le monde qui chaque année coûte plusieurs milliards. Déjà l’association avec l’aspect financier s’avère bien étrange, mais passons. Abstergo a donc construit une machine, l’Animus, qui permet d’utiliser la mémoire génétique. Leur but est de l’utiliser sur Callum pour voir une partie de la vie d’Aguilar, qui aurait été le dernier en possession d’un objet sacré contenant le code génétique de l’homme et le moyen de lui retirer son libre arbitre.
Ce n’est pas avec ce ASSASSIN’S CREED qu’on aura une adaptation de jeu vidéo digne de ce nom.
Pas besoin d’en dire davantage pour qu’on se rende compte que le scénario d’ASSASSIN’S CREED est brouillon et incompréhensible. Il en devient même assez ironique de voir poser la question du libre arbitre et de la nécessité de supprimer la violence chez l’homme dans un film d’action hollywoodien qui laisse à la fin une bonne centaine de morts derrière lui. Mais surtout le film ne prend pas la peine de développer réellement ses thématiques. A peine il nous jette quelques informations par le biais de dialogues mal écrits, et oublie par la même occasion d’apporter une réelle profondeur aux personnages. Par exemple il sera encore (après Batman v Superman et Captain America) question de la perte d’une mère. Celle de Callum, assassinée par son propre père. Une facilité scénaristique déconcertante qui devrait justifier la majorité des actes du protagoniste. Evidemment, ça ne prend pas.
Bien sûr on aurait pu faire abstraction de tout cela (en étant alors très indulgent) si au moins la partie visuelle avait répondu présente. Rien ne semblait pourtant empêcher Justin Kurzel et son équipe de nous plonger dans l’Espagne du XVe siècle avec des combats vertigineux entre Assassins et Templiers (leurs ennemis depuis des siècles). La reproduction de l’époque étant même une réussite en soi. Mais ASSASSIN’S CREED réduit finalement au minimum ces séquences dans l’Animus, pourtant les plus passionnantes, pour se concentrer sur l’espèce de prison secrète d’Abstergo où se trouve Callum et les autres descendants des Assassins. A peine verra-t-on au cours d’une scène Michael Fassbender et Ariane Labed (trop peu présente) avancer dans une foule et porter le coup de grâce sur leur victime, sauter de toit en toit, s’agripper aux murs et courir sur des cordes – bref, faire du parkour tout en éliminant leurs assaillants. Une autre offrira une rapide course poursuite à cheval.
Bout à bout, cela ne fait pas plus d’une vingtaine de minutes de divertissement. Et encore, on ne peut pas dire que ces scènes soient si réussies que cela puisque, en plus d’être assez peu lisibles, elles sont malheureusement entrecoupées de plans du présent où Callum, accroché à l’Animus, reproduit dans le vide les gestes de son ancêtre. Un montage laborieux ponctué par le mauvais goût de Kurzel qui multiplie les gros mouvements de caméra à chacune de ses transitions. Ainsi, derrière une esthétique correcte, ASSASSIN’S CREED ne peut pas cacher tous ses défauts de réalisation. Un film ennuyeux et bavard qui risque bien de provoquer la frustration des joueurs comme des spectateurs lambda qui espéraient voir un minimum de spectacle.
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