[critique] Battle For Haditha

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Irak, 19 novembre 2005 : un convoi de Marines est pris pour cible dans un attentat à Haditha. En représailles, les soldats attaquent brutalement les habitants du périmètre, faisant 24 morts, hommes, femmes et enfants.
Le film est le récit de cette tragédie qu’on qualifiera plus tard de « massacre d’Haditha », montrant aussi bien les habitants d’Haditha, les insurgés, et les Marines, embarqués dans cette logique de destruction.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 30 janvier 2008
Réalisé par Nick Broomfield
Film français, britannique
Avec Elliot Ruiz, Yasmine Hanani, Andrew McLaren
Durée : 1h33min
Bande-Annonce :

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« Au coeur du conflit » comme le mentionne si bien l’affiche du film. Jamais on a été si près, si proche de ce conflit qui perdure déjà depuis plus de 6 ans en Irak. Cette guerre ouverte et visible de tous. Et pourtant, a contrario, cet affrontement est en fait un combat fermé, contrôlé, et surtout aveugle.
Un combat qui, tous les jours, tue et assassine des personnes de tous horizons et de tous bords, des innocents comme des insurgés ou des militaires.
Le constat, déchirant et aberrant de cette Troisième Guerre du Golfe n’a jamais aussi bien porté son nom : l’Occupation de l’Irak.
Divers films sont sortis depuis cette guerre, on a eu droit à Redacted de Brian De Palma, Dans La Vallée D’Elah de Paul Haggis, Jarhead – La Fin De L’Innocence de Sam Mendes. Tous étaient relativement différents dans la manière de présenter le conflit.
Ici, le réalisateur Nick Broomfield a décidé de s’attarder sur un évènement bien précis de cette guerre, celui qu’on a nommé depuis le Massacre de Haditha. On suit les Marines durant quelques heures, un laps de temps suffisant pour raconter les faits. Une partie « avant », le « pendant » et enfin une autre « après ».

L’avant-massacre nous montre les rigolades des Marines, la vie de tous les jours des civils irakiens et celle des insurgés. Cette population qui a décidé de faire tout, réellement tout, pour faire évacuer les États-Unis de l’Irak, leur terre, leur mère patrie.
A la vue du film et à la manière dont le réalisateur nous montre ces faits, nous sommes quasi obligés d’avoir un pincement au cœur envers cette insurrection qui ne fait que protéger sa famille et sa terre. Un court passage avec des membres d’Al-Qaida pour récupérer « la » bombe qui fera exploser ce convoi américain et ainsi faire débuter cette bavure tout ce qu’il y a de plus criminel et de facile pour ces Marines en mal de vivre et à bout de nerfs.
Le pendant… On prend une poignée de colère, une cuillerée à soupe de ras le bol, une pincée de vengeance et un zeste de folie et on récolte un carnage, une tuerie qui n’a ni nom ni raison d’être. Un film le plus souvent caméra à l’épaule, façon documentaire (c’est très à la mode ces temps-ci pour faire plus « vrai ») qui nous apporte une dose supplémentaire de crispation. Cette manière de réaliser est assez chère pour Nick Broomfield, qui est également un documentariste chevronné, réalisant des films comme Kurt & Courtney et Biggie & Tupac.
Des premiers rôles pour quasiment tout le casting, à commencer par Elliot Ruiz (Caporal Ramirez) et Andrew McLaren (Capitaine Sampson), deux des acteurs principaux du film. On a même parfois l’impression de regarder réellement un documentaire, tant les personnages secondaires sont criants de vérité.
Les Marines savent, en leur fort intérieur, qu’ils ne retrouveront pas les auteurs de ce piège mortel. Or, dans les conditions où ils se trouvent, une certaine folie a pris le pas sur la raison et n’importe quelle personne doit payer, n’importe quelle personne peut être le coupable.

L’après est tout ce qu’il y a de plus difficile. Une impression d’avoir totalement foiré leur coup pour les deux insurgés ayant placé cette bombe. Ils ne souhaitaient bien évidemment pas ce massacre et se retrouvent face à des Marines et à un corps militaire américain démesuré et proche de l’aliénation. Le film nous montre bien – si ce n’est pas volontaire c’est bien pesant – avec quel je-m’en-foutisme et quelle facilité d’exécution le commandement américain traque et surtout trie la population présente en Irak. Des insurgés qui passent facilement tous les points de contrôle avec une bombe à bord de leur camion et inversement des civils massacrés parce qu’il y a un soupçon de terrorisme ou d’insurrection.
On ne rentrera pas dans cette polémique qui dit que ce massacre d’Haditha a été purement et simplement monté par Al-Qaida afin d’attribuer aux américains toute la barbarie qu’ils sèment en Irak. Loin de cette controverse, Battle For Haditha se doit d’être regardé afin d’avoir un œil différent du conflit. Sans oublier cependant les atrocités qu’ils se passent en Irak, tant du côté américain que du côté irakien. Un respect et une neutralité quant à ce conflit est à prendre en compte pour un cinéma qui compte déjà bien assez de combats et de violence dans ses films.
Nick Broomfield va d’ailleurs réaliser une autre tranche de l’histoire, celui des événements tragiques du 5 février 2004 où 23 immigrants chinois illégaux périrent noyés alors qu’ils ramassaient des fruits de mer sur une côte de Grande-Bretagne.

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