Après cinq années passées à la prison de Buffalo, Billy Brown est libéré. Il part rendre visite à ses parents, qui ignorent tout de la nature véritable de sa disparition, et kidnappe sur sa route une jeune étudiante nommée Layla.
Il lui demande alors de jouer le rôle de l’épouse fictive qui lui a jusqu’à présent servi d’alibi dans ses lettres.
Note de l’Auteur
[rating: 8/10]
• Date de sortie: 03 février 1999
• Réalisé par Vincent Gallo
• Film américain
• Avec Vincent Gallo, Christina Ricci, Ben Gazzara
• Durée: 1h 50min
• Bande-Annonce:
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Pour un premier film, Vincent Gallo réalise un véritable ovni indépendant traitant magistralement des émotions humaines.
Comme je l’avais déjà souligné avec The Brown Bunny, Vincent Gallo ne fait pas des films grands publics à la portée de tous, il fait avant tout des films pour lui-même et pour une poignée de personnes se retrouvant dans les tumultes de sa propre vie. Car il faut s’intéresser un peu à sa vie pour s’apercevoir que Buffalo’66 n’est autre qu’une autobiographie dissimulée derrière une fiction. De grands éléments se recoupent entre réalité et fiction à l’image de ses parents.
Pour en revenir au film, la réalisation est ingénieuse avec des plans magnifiques comme ces caméras au plus près des visages pour capter les sentiments des protagonistes ou encore les arrêts sur image sublimes qui témoignent d’une maîtrise impressionnante de la part d’un « amateur ».
Les acteurs, Vincent Gallo (The Brown Bunny, La Dernière Cavale, Arizona Dream) et Christina Ricci (Las Vegas Parano, Sleepy Hollow, Black Snake Moan) nous offrent une prestation exemplaire à travers cette relation ambigüe de kidnappeur/kidnappé qui finit par basculer dans ce que l’on appelle le syndrome de Stockholm.
Car tous deux ne sont pas si différents : il s’agit de deux paumés vivant dans une ville morte où tout, absolument tout, est gris. Ces deux êtres perdus au milieu de cet océan de lassitude et de morosité vont apprendre à se connaître pour finir dans une relation troublante vouée ou non à l’échec.
A noter également les nombreux clins d’œil à l’image de cette histoire vraie (plaque tournante du film) où un joueur de football américain a fait exprès de rater un point contre une grosse somme d’argent ou l’apparition inattendue mais appréciable d’un Mickey Rourke disparu du grand écran depuis quelques années déjà.
A tous ces éléments s’ajoutent une mise en scène pure et élégante, un engrenage scénaristique efficace, une réalisation énergique et épurée, une écriture décalée parfaitement maîtrisée propres au réalisateur qui s’est pour l’occasion dépouillé des codes du cinéma du genre, qui a puisé à la source du cinéma américain pour le faire exister dans toute son humanité.
Face à un tel spectacle, on est captivé, ému, conquis par la simplicité, la sincérité du film. Buffalo’66 est ce que le cinéma peut donner de plus pur en alliant l’intelligence du métier à celle du cœur.
Vincent Gallo est décidément un être hors du commun, hors du temps, décalé, qui excelle derrière et devant la caméra, qui ne cesse de subjuguer son public.
Un être d’exception adulé par les uns, conspué par les autres qui ne laisse personne indifférent.