© 2014 Warner Bros. Ent.

[critique] CAKE

MISE-EN-SCENE
5.5
SCENARIO
5
CASTING
6.5
PHOTOGRAPHIE
5.5
Note des lecteurs6 Notes
6.3
5.6

[dropcap size=small]L[/dropcap]

a première chose qui frappe lorsqu’on aperçoit Claire (Jennifer Aniston), c’est son visage marqué de cicatrices. Le ton du film est donné. La quadragénaire est une femme en souffrance, assise parmi d’autres victimes, dont elle ne partage pas l’empathie. A l’évocation de la récente disparition de Nina, une jeune membre du groupe poussée au suicide, elle fait montre d’une indifférence qui lui vaut son exclusion pure et simple. Une excellente Felicity Huffman, frustrée et alcoolique sur les bords, compose d’ailleurs ici le gourou de cette secte de soutien. D’emblée, Claire se présente donc comme un personnage tourmenté mais surtout antipathique, aigrie par les coups durs et les médicaments qu’elle soutire à son médecin en la complimentant sur le parcours scolaire de sa fille.

Et pourtant, elle souffre ! (Aurait dit un certain Galilée ?) Elle se tord durant une heure et demie. Elle ne dort plus, ne mange plus ce que Sylvana (Adriana Barraza), sa gouvernante forcément mexicaine, lui offre. Et puis, il y a cet enfant. Ou plutôt, l’absence de cet enfant. Celui dont les jouets, entreposés dans des boites, sont consignés par la gentille Sylvana, certaine qu’un jour une Claire en deuil perpétuel les lui réclamera. Et puis, il y a cet ex-mari, qui l’aime encore, qui lui a sacrifié leur riche demeure. Et puis, il y a ce jeune homme, ce papa solitaire et ce tempérament instable. Bref, le petit monde de Claire déploie sa galerie commune de personnages, électrons libres gravitant autour du noyau de la « maison des souvenirs », résonnant des gémissements d’une femme qui se lève à peine toute seule.

 © 2014 Warner Bros. Ent.
© 2014 Warner Bros. Ent.

Mais contrairement à la terre du bon Galilée, Cake ne tourne pas rond. Si le jeu tout en finesse (ou pas) de Jennifer Aniston intrigue durant vingt minutes, il lasse vite par sa répétition. Il en faut des épaules solides pour composer un personnage si proche de la paralysie, et si loin des scaphandres et des papillons. On a beau saluer « l’enlaidissement physique » qui jadis fit la popularité de Charlize Theron dans Monster avant de lancer une vague de rôles cassant l’idéal de beauté hollywoodien, la mayonnaise ne monte pas. Au bout de trois-quarts d’heure d’une intrigue stérile d’événements, on croirait encore que le film puisse sursauter. Au lieu de cela, il convoque sa légion de clichés pour meubler un scenario en panne. Un fantôme qui réapparait dans une piscine. Un voyage improvisé à Tijuana, patrie de Sylvana. Une pseudo-romance naissante entre le veuf bourru et la malade misanthrope. Le retour du type maigre qui causa l’accident fatal (un quasi-cameo de l’excellent William H. Macy).

« Cake aurait pu être un très bon court-métrage. Il n’est au final qu’un film longuet… »

Dans les derniers temps de son histoire filmique, alors que les paupières d’une partie de la salle se sont déjà refermées, Claire devient, suprême pied-de-nez, obsédée par l’idée de ce gâteau qui donne son titre à l’œuvre, ce qui réaliserait le « rêve » de la regrettée Nina. Et là au moins, le film semble cohérent avec lui-même : un gros dessert couvert de glaçage bourratif, qui pèse son poids sur l’estomac. D’aucuns ont vanté la performance de l’ex-Rachel de Friends. Ils n’ont pas tout à fait tort. Car même alitée et même cassante, Jennifer Aniston reste l’éternelle « girl next-door », cette voisine que l’on ne prendrait pas sérieux, fusse-t-elle une mante religieuse. Peut-être la scène la plus réussie du film est-elle alors celle qui montre le fils de feue Nina, six ans tout au plus, ouvrant la porte de toilettes déjà occupées par Claire, avant de lui demander simplement, avec sa franchise enfantine, ce qui est arrivé à son visage.

C’est bien cette fraicheur qui manque à l’ensemble, et qui remplaceraient sur le plateau la lourdeur d’une histoire gratinée de bons sentiments. En résumé, Cake aurait pu être un très bon court-métrage. Il n’est au final qu’un film longuet à l’interprétation plutôt poussive, qui n’apporte rien et ne retire rien non plus. Un cinéma riche en calories, qui ne craint pas les ingrédients superflus.

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[divider]INFORMATIONS[/divider]

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Titre original : Cake
Réalisation : Daniel Barnz
Scénario : Patrick Tobin
Acteurs principaux : Jennifer Aniston, Adriana Barraza, Sam Worthington, Mamie Gummer, Felicity Huffman, William H. Macy
Pays d’origine : Etats-Unis
Sortie : 8 avril 2015
Durée : 1h42
Distributeur : Cinelou Releasing, Freestyle Releasing
Synopsis : Une quadragénaire en souffrance explore sa propre condition en se penchant sur le suicide de l’une des membres de son groupe de soutien.

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(L’article date du 13 février 2015)

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