[dropcap size=small]E[/dropcap]n 2009 le réalisateur Neill Blomkamp frappait un grand coup dans le monde de la science-fiction avec son premier long-métrage, District 9. L’engouement naissant autour du réalisateur a été suivi d’une certaine déception quatre ans plus tard avec Elysium, son second film. C’est pourtant le réalisateur sud-africain qui a été choisit pour porter un nouvel épisode de la saga Alien, dont l’annonce était faite il y a quelques semaines (voir notre article ici). La sortie de son troisième film, CHAPPIE, devrait permettre d’en savoir davantage sur ses capacités ou non à assurer un tel projet. Evidement impossible d’imaginer quoi que ce soit sur Alien 5 à partir de CHAPPIE, tant les univers diffèrent. Cependant avec les qualités esthétiques et de mise en scène, mêlés à un scénario intéressant, CHAPPIE a vite fait de nous rassurer.
Alors que la criminalité est au plus haut à Johannesburg, une société spécialisée dans la vente d’armes crée la première unité policière robotisée. Grâce à cette nouvelle puissance de frappe les forces de l’ordre parviennent à éliminer au fur et à mesure les plus grands réseaux criminels de la ville. Un succès obtenu en grande partie par Deon, l’inventeur de ces machines. Cependant, voulant aller plus loin, l’ingénieur met au point en secret la première intelligence artificielle autonome dotée d’une conscience. Un robot nommé Chappie.
Comme avec District 9, Neill Blomkamp réalise un film de science-fiction dont l’intrigue se base sur une réalité. District 9 reprenait le thème de la xénophobie et de l’apartheid en Afrique du Sud, dont les victimes étaient des créatures extra-terrestres. Avec CHAPPIE la criminalité et le pouvoir des forces de l’ordre apparaissent en toile de fond. On retrouve le style documentaire toujours aussi intéressant de Blomkamp qui cherche à rendre sa fiction la plus crédible possible. C’est pourquoi le réalisateur adapte sa mise en scène, classique dans son ensemble, en y greffant un peu de found footage quand il s’agit du regard des médias sur les interventions policières, et en passant à une caméra à l’épaule dans ses scènes d’actions. Il en va de même pour le design très actuel des androïdes SCOUT, parfaits robots-humanoïdes dont fait partie Chappie (incarné en motion-capture par Sharlto Copley), qui contrastent avec l’imposant ORIGINAL, seconde machine destinée à aider la police. L’allure et la gestuelle de celle-ci rappellent d’ailleurs à s’y méprendre le Metal Gear, arme fictive apparue dans la saga de jeux vidéo Metal Gear Solid créee par Hideo Ko-jima. Le tout se déroule en grande partie entre la société et l’usine de fabrication des machines, et des décors délabrés et en ruine proches des bidonvilles de District 9. Une façon de montrer avec finesse l’opposition entre la majorité de la population pauvre et criminelle, et une minorité plus aisée.
”Avec son sujet riche et de l’action toujours aussi efficace chez le réalisateur, l’ensemble de CHAPPIE est une réussite.”
Mais l’essentiel de cette histoire réside au sein de la relation qu’entretient Chappie avec le monde. Principalement avec Ninja et Yo-landi, deux petites frappes qui font la découverte de Chappie après avoir enlevé Deon pour le forcer à éteindre l’ensemble des robots policiers. Deux personnages que campent les membres du groupe rap-rave sud-africain Die Antwoord, et créés à la base pour leur propre projet musical. Ainsi la réalité se greffe un peu plus à l’œuvre de Blomkamp qui utilise leurs morceaux en accompagnement et leurs graffitis pour illustrer les murs des décors. Les deux énergumènes, volontairement sur-joués et caricaturés par Ninja et Yo-landi Visser, adoptent la machine comme un enfant et décident de l’élever, chacun à sa manière. Ils forment avec son créateur, Deon (efficace Dev Patel), une famille atypique. Ensemble ils parviennent à reléguer les « stars » du film, Hugh Jackman et Sigourney Weaver, au rang de simple guest. Car tout l’intérêt du scénario, et le retournement du film, résident dans sa façon d’aborder la notion de conscience. Dans un premier temps dans « l’éducation » de Chappie, puis comme moyen de tendre vers la vie éternelle, tout en relevant des questionnements sur le corps humain. Si notre esprit était envoyé dans un corps robotique, serions-nous toujours des êtres vivants ?
En revenant à quelque chose de plus simple comme à ses débuts, Neill Blomkamp prouve que District 9 n’était pas qu’un coup de chance et nous fait oublier Elysium, finalement trop ambitieux. Le paradoxe créé entre un sujet de science-fiction et l’approche réaliste du réalisateur est toujours aussi intéressante. Malgré des passages un peu niaiseux et quelques incohérences scénaristiques, avec son sujet riche et de l’action toujours aussi efficace chez le réalisateur, l’ensemble de CHAPPIE est une réussite.
Les autres sorties du 4 mars 2015
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– CRITIQUE
– TRAILER #1 : mouais pourquoi pas
– TRAILER #2 : EXPLOSIF
• Réalisation : Neill Blomkamp
• Scénario : Neill Blomkamp, Terri Tatchell
• Acteurs principaux : Hugh Jackman, Sharlto Copley, Sigourney Weaver, Dev Patel, Yo-landi, Ninja (Die Antwoord)
• Pays d’origine : U.S.A, Mexique
• Sortie : 4 mars 2015
• Durée : 1h54
• Distributeur : Sony Pictures Releasing France
• Synopsis : Après avoir été kidnappé à la naissance par deux criminels, Chappie devient le fils adoptif d’une étrange famille dysfonctionnelle. Chappie a été doté d’un pouvoir exceptionnel. Un vrai prodige. Mais Chappie est aussi accessoirement un robot…
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