#CHEF
© Sony Pictures

#CHEF, une véritable thérapie pour Jon Favreau – Critique

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Voilà un projet sur lequel on n’attendait pas un homme comme Jon Favreau. Après avoir été à la baguette sur des blockbusters d’envergure comme les deux premiers Iron Man ou Cowboys & Envahisseurs, on le retrouve à la réalisation de ce #Chef, un film indé où il endosse la casquette de producteur.

Ce double rôle n’est pas rare dans le monde du cinéma de nos jours. Pour Jon Favreau il est symbolique et #Chef semble avoir été fait en réaction à ses relations houleuses avec les gros majors hollywoodiens. Souvenons-nous que lorsqu’il travaillait sur Iron Man 2, il a souffert d’avoir été bridé artistiquement par ses producteurs. Devenir son propre producteur était pour lui le seul moyen d’être libre de faire le film qu’il voulait sans avoir de comptes à rendre à personne.

Cette histoire de chef n’est pas anodine tant le parallèle entre l’expérience de Favreau et celle du personnage Carl Casper est évidente. Ce dernier, en plus incarné par Favreau lui-même, travaille dans un restaurant où son patron le contraint à servir une carte qui a fait ses preuves auprès du public plutôt que de le laisser innover. Le patron est évidement la représentation des majors hollywoodiens, celui qui pense à son argent avant tout, pour qui les personnes ne sont que des pantins destinés à suivre ses ordres. Pour faire court, c’est un film de Jon Favreau avec Jon Favreau sur Jon Favreau. #Chef s’avère étonnamment touchant si on connaît le parcours du metteur en scène. La scène où il regarde dans la rue un pantin chanter a une résonnance forte à laquelle il est impossible de rester insensible. D’autant plus que Favreau se révèle être un acteur plus que convaincant qui déploie une variété de jeu que je ne lui soupçonnais pas. La scène la plus marquante et révélatrice de ses capacités reste la confrontation avec le critique Ramsey Michel (Oliver Platt) au beau milieu du restaurant d’où il vient juste de démissionner. Le réalisateur en profite pour livrer son cinglant discours sur la critique avec, là aussi, une sincérité touchante. Il ne joue pas la scène, son texte vient des tripes, c’est un véritable cri du cœur. On comprend pourquoi il a choisi de se mettre en scène tant il avait besoin de laisser évacuer cette rage confinée en lui. Devant la multitudes de casquettes portées par Favreau, les mauvaises langues peuvent dire que le projet est narcissique, auto-centré sur sa personne. En soi, c’est pas faux mais c’est ce qui en fait la relative réussite. Rien ne laissait augurer tout ça, je confesse même que je pensais avant de le voir, qu’il allait s’agir d’un film opportuniste surfant sur le phénomène des food-trucks. #Chef, sous ses allures de petit film indé inoffensif, prend des allures de thérapie.

Photo du film #CHEF
© Open Road Films

Vous aurez remarqué le petit # dans le titre. Le métrage s’inscrit parfaitement dans son temps puisque les réseaux sociaux sont un élément de l’histoire, surtout Twitter qui trouve une place importante dans le premier acte. L’occasion pour Favreau de mettre sur le table le choc des générations entre l’ancienne école (celle de Carl) et la nouvelle (son fils). Le récit initiatique est à double sens puisque chacun va apprendre grâce à l’autre. On regrette que malheureusement le film peine à trouver un second souffle une fois le road-movie lancé. Le scénario est prévisible tout comme l’évolution des personnages. La bonne première partie tenait grâce à l’analogie avec l’expérience du metteur en scène. Hélas elle laisse place à une success story comme on en a déjà vu plein, se dégageant de tous les éléments intéressants. On se satisfera de quelques plans culinaires donnant facilement l’eau à la bouche ou de petites scènes réussies, avec en tête celle où Carl regarde le montage vidéo du voyage, fait par son fils. Le voyage en revanche déçoit un peu, on n’en prend pas plein la vue, les décors traversés sont assez peu mis en valeur. Le film aurait gagné quelques points s’il nous avait un peu plus transporté. Le passage à la Nouvelle Orléans méritait par exemple un traitement un peu plus ample.

On aura facilement de la sympathie envers Jon Favreau et la sincérité qui se dégage de ses intentions.

Ce périple au travers de l’Amérique reste agréable grâce à la bande d’acteurs. Le duo Favreau/Leguizamo fait bénéficier le film de sa bonne alchimie. Les seconds rôles sont plutôt prestigieux, jugez-en par vous-même : Dustin Hoffman (Les Hommes du Président), Scarlett Johansson (Under The Skin) et Robert Downey Jr (Sherlock Holmes 2). On sent que Favreau a ramené ses amis pour ce projet lui tenant à cœur. Sofia Vergara (Machete Kills), en retrait dans le rôle de l’ex-femme, reste à mes yeux la seule ombre au casting. Elle n’a pas grand chose à jouer et fait office d’élément utile du scénario (oui, il fallait une ex-femme à reconquérir pour que la success story soit complète). #Chef est un film à deux visages qui demeure bancal et qui s’épuise après une heure. On aura facilement de la sympathie envers Jon Favreau et la sincérité qui se dégage de ses intentions. Bien qu’il soit impossible d’occulter les faiblesses scénaristiques handicapantes laissant trop la part-belle au déjà-vu et faisant perdre sa saveur à un métrage qui était fort bien engagé.

Mise en scène
Scénario
Casting
Photographie
Musique
Note des lecteurs2 Notes
3.2

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