Après une adaptation de Tintin manquant de charisme et de personnalité comparé aux épisodes d’antan et ne semblant miser que sur la surenchère d’effets visuels très réussis, il me tardait de voir la nouvelle réalisation de Steven Spielberg. Et bien là encore la déception primera sur tout le reste.
Qu’il paraît loin le temps où Steven Spielberg était un maître novateur, un conteur plein d’élégance qui percutait l’esprit du spectateur à chaque nouvelle création. Les Dents De La Mer, E.T, Indiana Jones, Jurassic Park et sa suite, Il Faut Sauver Le Soldat Ryan et j’en passe tant la liste n’en finit plus de nous faire saliver rien qu’en y repensant. Toutes ses réalisations ont marqué les époques d’une trace indélébile encore très forte aujourd’hui. Puis vint le tour du décevant Indiana Jones Et Le Royaume Du Crâne De Cristal qui déclencha une lente mais inéluctable descente dans une catégorie que l’on pourra qualifier de films faciles que l’on réalise à la va-vite comme s’il s’agissait d’une banale commande de la part des producteurs. Ainsi donc, il faut revenir six années en arrière pour apercevoir le dernier chef-d’œuvre de Spielberg avec l’envoûtant Munich. Après ce drame historique à la réalisation d’une intelligence sans faille, fini le réalisateur de génie, Spielberg n’est plus qu’un nom sur une affiche. Et ce n’est certainement pas Cheval De Guerre qui nous fera croire le contraire.
Un divertissement honnête pour un jeune public, mais décevant pour une génération antérieure essayant désespérément de retrouver le Spielberg des grands jours.
Partant d’une histoire d’amitié entre un jeune homme et un cheval qui traversera les années et la grande guerre, Cheval De Guerre n’est qu’un prétexte pour que le réalisateur nous plonge dans un torrent d’émotions souvent surjoué (la séquence avec la petite fille et le cheval passe complètement à côté de l’effet escompté) rendu spectaculaire à grand coup d’explosions et de mélodie berçante. En réalité, avec ce film Spielberg semble n’avoir fait qu’un copié-collé de toutes les séquences cultes de ses anciens films (E.T et Il Faut Sauver Le Soldat Ryan dans les grandes parties). Le travail de création est le grand absent et les nombreuses longueurs dont souffre le film ne feront que nous démotiver un peu plus pour trouver une once d’intérêt à un ensemble qui ne fonctionne pas.
Néanmoins, Cheval De Guerre étant loin d’être une catastrophe, le jeune public devrait s’y retrouver sans problème. Les enfants seront tantôt émerveillés par la beauté du canasson, tantôt effrayés par sa destinée tragique, tantôt émus par les relations qu’il noue au fil de ses rencontres. Aucune séquence ne devrait a priori les laisser de marbre. C’est déjà ça de gagné pour eux. En résulte un divertissement honnête pour un jeune public mais décevant pour une génération antérieure essayant désespérément de retrouver le Spielberg des grands jours. Pour ma part j’ai été beaucoup plus impressionné par le travail de Martin Scorsese sur Hugo Cabret (vibrant hommage au cinéma de Georges Méliès) qui témoignait d’une créativité débordante de la part d’un homme qui n’a pas peur de changer de registre à presque soixante dix-ans.