[dropcap size=small]U[/dropcap]ne claque ! Le premier film de Vincent Grashaw est une véritable claque. COLDWATER, qui narre le périple de Brad Lunders, un adolescent envoyé de force par sa mère dans un camp de rééducation, est un petit bijou de cinéma indépendant. Du coup, pas étonnant qu’il se soit retrouvé en sélection officielle du Champs-Elysées Film Festival (édition 2013) tant il est puissant, beau et bien monté.
Grâce à divers flash-backs, le réalisateur – déjà à l’œuvre sur et dans Bellflower d’Evan Glodell – crée un récit où passé et présent se confondent, où le passé explique et durcit un peu plus le présent. Si l’on peut trouver certains moments assez longs, ceux-ci ne font qu’intensifier un calvaire qui parait sans fin. Ou bien qui n’aurait que la mort pour seule fin acceptable. Tout au long des 124 minutes qui composent COLDWATER, nous assistons donc à une longue et lente descente aux enfers, où le personnage principal, incarné par le talentueux et inexpérimenté P. J. Boudousqué, va perdre tout ce à quoi il tient. Si certains diront sûrement que le récit est manichéen (le coup du « bad boy » qui se révèle être un gentil garçon était inévitable), je ne suis pas de cet avis. Car à mieux y regarder, Brad Lunders a tout du mauvais garçon. Colérique, arrogant et insolent, il a, et ce dès le début du film, tout ce qu’il faut pour faire un bon anti-héros. Si l’on a de la peine pour lui en comprenant comment il est arrivé jusqu’à Coldwater, ce n’est pas pour autant que l’on s’émeut devant toutes ses actions. A la manière d’un Bruce Wayne suffisamment sombre pour pouvoir sauver Gotham, Brad fait ce qu’il faut pour aider son ami Gabriel, interprété par le malheureusement trop fade Chris Petrovski. Et par « ce qu’il faut », j’entends bien évidemment « TOUT ce qu’il faut » !
Tout d’abord présenté comme un drame, COLDWATER s’en éloigne rapidement pour devenir un excellent thriller où l’Amérique blanche doit faire face à l’horreur de ses propres techniques de redressement. Car c’est finalement de cela qu’il s’agit ici : comment faire remonter à la surface des adolescents qui semblent tous en train de se noyer dans la médiocrité. Sous-entendu la délinquance. COLDWATER montre, et cela sans forcément s’en rendre compte, tout l’envers d’un système éducatif où les limites sont floues et où personne n’ose poser les bonnes questions par peur des réponses. Fortement axé sur le sentiment de peur, Vincent Grashaw crée ici un film nerveux à souhait et dont l’issue parait incertaine pour absolument tous les personnages. En effet, certaines scènes sont d’une incroyable violence et nous feraient regretter d’avoir mangé avant la projection. Accompagnées d’une musique un brin angoissante mais surtout très inquiétante, COLDWATER nous fait peur avec rien. Pas de gros chocs ou d’énormes rebondissements, mais une tension qui monte crescendo, nous donnant de sérieuses palpitations.
”Puissant, beau et bien monté !”
Filmé dans les plaines californiennes, COLDWATER a ce qu’il faut de lumière pour faire redouter à ses spectateurs les scènes de nuit, où la mort semble rôder. Montrant avant tout les efforts fournis par les adolescents qui sont tout simplement mal traités, les scènes de jour sont filmées de telle sorte que toute la sueur qui s’écoule peut paraître belle à l’écran. Comme dans Le Plus Beau des Combats ou encore la série Friday Night Lights. Deux œuvres dans lesquelles de jeunes garçons un peu paumés trouvent enfin un but dans leur vie. Si le scénario peut sembler un peu simpliste, il n’en est rien. La trame dramatique qui est ici posée est digne des meilleurs puzzles à reconstituer. Sans jamais virer dans le larmoyant, COLDWATER fout les larmes aux yeux, nous prend aux tripes et fera s’extasier bon nombre d’entre nous. Mais tout comme ce fut le cas avec Bellflower à sa sortie, il n’y a pas de demi-mesure avec COLDWATER : on adore ou on déteste !
[divider]CASTING[/divider]
• Titre original : Coldwater• Réalisation : Vincent Grashaw
• Scénario : Vincent Grashaw, Mark Penney
• Acteurs principaux : P.J. Boudousqué, James C. Burns, Chris Petrovski
• Pays d’origine : Etats-Unis
• Sortie : 9 JUILLET 2014
• Durée : 1h44mn
• Distributeur : KMBO
• Synopsis : Brad est un adolescent impliqué dans plusieurs petits délits. Ses parents décident de le faire emmener de force dans le camp de redressement pour mineurs très isolé de Coldwater. Les jeunes détenus sont coupés du monde extérieur, subissent des violences tant physiques que psychologiques et n’ont d’autre choix que de survivre ou de s’échapper.
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