CRAZY AMY
© Universal Pictures

CRAZY AMY, Judd Apatow rentre dans le rang – Critique

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On entend souvent parler de Judd Apatow mais il faut rappeler que le réalisateur de 47 ans ne compte que 5 films, avec CRAZY AMY, à son compteur.

Parler de lui c’est parler d’une galaxie, d’un ensemble de personnes rattachées à la comédie américaine qui gravitent autour de lui et avec qui il a travaillé en portant différentes casquettes. Que ce soit comme scénariste ou producteur, on verra Judd Apatow apparaître à un bon nombre de génériques depuis le début des années 2000. N’oublions pas qu’il est à l’initiative de l’explosion de James Franco, Seth Rogen ou Jonah Hill. A la grande famille s’ajoute désormais Amy Schumer, femme à succès du petit écran en Amérique, scénariste et actrice principale de ce nouveau film.

Cinéma de personnages avant d’être un cinéma de mise en scène, CRAZY AMY ne déroge pas à la règle en n’invoquant aucun comique graphique mais en se basant sur le caractère de son héroïne si spéciale. Judd Apatow aime ces personnages différents (à l’exception du semi-biographique 40 ans : Mode d’emploi justement plus basé sur la normalité), ceux que l’on remarque par leur folie, ceux que l’on déteste de prime abord et que l’on arrive à adorer par la suite. Amy serait le parfait penchant au féminin du George Simmons de Funny People (incarné par Adam Sandler) car elle a tout pour qu’on ne l’aime pas. Arrogance, égoïsme et méchanceté assumée qui flirte avec la gratuité, il faut une poignée de scènes pour cerner qui elle est. Ces personnages principaux en décalage, ce sont en premier lieu, les protagonistes d’une fiction, mais aussi un peu nous car ils n’en restent pas moins confrontés à des sentiments humains et donc, universels. C’est là toute la magie des films de la constellation Judd Apatow qui savent trouver le point précis pour permettre l’empathie.

Photo du film CRAZY AMY
© Universal Pictures

C’est, au fond, la même chose que décrit le réalisateur américain depuis 4 films : l’apprentissage de la normalité, la découverte des épreuves de la vie… C’est sur ce versant que CRAZY AMY est probablement le plus réussi. En décrivant le parcours d’une femme ayant fuit les relations sérieuses et qui se dit, un jour, qu’il faudrait essayer pour voir si, pourquoi pas, le bon chemin se situerait de ce côté. Ce changement de cap opéré par Amy dans la seconde partie est ce qui doit fonctionner de mieux dans ce film. Il faut d’abord supporter une longueur démesurée par rapport au sujet qui donne à l’ensemble un rythme trop inégal et indigeste. Il faut aussi se farcir une Amy Schumer show qui ne tourne pas toujours à plein régime. Comprenez par là que les vannes fonctionnent aléatoirement. Le public français pourrait même se sentir exclu s’il n’a pas quelques bases en NBA ou en pop-culture américaine.

Le film souffre d’un manque de profondeur dans sa description du couple, jusqu’à faire preuve de bons sentiments indigestes, dont une dernière scène où la folie se mêle à la raison dans un gag bancal en forme de résolution optimiste. Ce reproche est d’autant plus flagrant que CRAZY AMY succède au ample 40 ans : Mode d’emploi où la mécanique du couple était à un autre stade de complexité, ce qui rendait le film savoureux. La redoutable précision de la description de la vie commune rendait la normalité extraordinaire. Ce jeu de détails, de l’intime, est expulsé de CRAZY AMY qui n’aborde qu’en surface un personnage qu’on aurait pensé plus complexe. Le cheminement du film se fait par un balisage sécuritaire n’offrant qu’une redite de ce que bon nombre de comédies américaines ont déjà évoqué avant avec bien plus de réussite. Vous allez donc passer par la découverte de l’amour, la tristesse que l’on avait pas vu venir au moment d’une rupture, la rédemption…

Judd Apatow rentre dans le rang avec CRAZY AMY, en ne se posant plus comme un chef de file, mais simplement comme un réalisateur parmi les réalisateurs.

Pour la première fois dans une de ses réalisations, Judd Apatow a décidé de délaisser l’écriture en la confiant à Amy Schumer. S’il fallait chercher la raison de ce premier ratage, on pointerait du doigt avec insistance cet élément car quelque chose s’est perdu en route entre ce nouveau film et les quatre précédents. N’allait pas croire que CRAZY AMY est un mauvais film parce que ce n’est pas le cas. C’est une comédie passable qui se fond dans la masse sans déranger. Judd Apatow rentre dans le rang avec ce film en ne se posant plus comme un chef de file mais simplement comme un réalisateur parmi les réalisateurs. Lorsqu’on connaît l’excellent niveau de la comédie américaine depuis le début des années 2000, on se dit qu’on aura pas de mal à trouver bien mieux ailleurs.

Humour
Personnages
Scénario
Mise en scène
Note des lecteurs4 Notes
2.5

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