Il faut le dire, on l’attendait chaudement ce DEADPOOL. Tandis que les super-héros du moment se montrent tous plus ennuyeux et prévisibles les uns que les autres (voir notre ras-le-bol Marvel), optant pour de la destruction massive et le mal de tête en perspective (voir notre débat autour de Batman vs Superman), en voilà un qui fait plaisir en cassant littéralement les codes.
Déjà par son personnage : vulgaire, violent, fou, cinglé, imprévisible, arrogant… Des adjectifs rarement utilisés pour qualifier les Iron Man, Captain America, et consorts – exception éventuelle pour l’arrogance. Un anti-héros, donc, à l’humour noir et doté de superpouvoirs (régénération et force surhumaines).
A cela se rajoute une caractéristique très particulière et essentielle : la rupture du 4e mur. Si le cinéma et les séries ont déjà usé de ce procédé qui consiste à faire s’adresser un personnage directement à la caméra (et donc au spectateur), le principe de Deadpool va encore plus loin. Comme dans les comics dont il est issu, il a conscience de ce qu’il est (un personnage fictif), du médium dans lequel il évolue (ici le cinéma) et donc de la réalité, et joue continuellement avec, même devant les autres protagonistes. De quoi donner un peu de piquant au film et de lui offrir davantage de possibilités. Notamment pour nous raconter les origines du personnage, via des allers-retours entre le présent et le passé, donnant ainsi du rythme et de l’originalité à un passage obligé, vu et revu.
L’histoire, c’est celle de Wade Wilson, un ancien mercenaire, qui apprend être atteint d’un cancer. Refusant d’impliquer Vanessa (Morena Baccarin, toujours très à l’aise), sa fiancée tout aussi dingue que lui, il accepte de subir une étrange expérience supposée réveiller son gène mutant – Deadpool évoluant au sein de l’univers des X-Men – pour lui conférer des pouvoirs et ainsi le soigner de sa maladie. Au final, un traquenard qui se résumera à de longs moments de tortures qui marqueront le corps et le visage de Wilson. Ressemblant désormais à un cancer ambulant, Wilson enfile un costume et part à la recherche de Francis, responsable de son état.
De par son personnage, DEADPOOL dispose déjà d’un potentiel comique infini. Pouvant tourner en dérision les protagonistes l’entourant, mais surtout en ironisant sur des éléments qui s’adressent directement au spectateur (par ses connaissances de culture générale comme spécialisée). Dès le générique le voilà moqueur de la production qui entoure le film. S’en suivront des clins d’œil à son acteur principal (très bon Ryan Reynolds), ainsi que des gags récurrents autour de Wolverine himself. Sans oublier un lot d’injures et de vulgarités plutôt jouissifs. Mais là où DEADPOOL utilise le mieux son personnage, c’est qu’il se l’approprie pour tourner en dérision les genres même du cinéma – sans non plus devenir une parodie. Aussi bien le genre du super-héros que la romance.
C’est d’ailleurs un peu le paradoxe que l’on ressent devant le film et son scénario léger. Car si certains pourront grincer des dents à la vision d’un Deadpool (en partie) motivé par l’amour, c’est avec cet élément que le film joue le mieux. Il s’en amuse autant dans des situations que dans la mise en scène qui en découle. Le risque serait alors de tomber dans la facilité. Au contraire, le film réfléchit au grand n’importe quoi qu’il propose, à travers une grande maîtrise des dialogues et de certains gags visuels.
Fun, délirant et parfaitement rythmé, DEADPOOL réunit tous les ingrédients nécessaires à un très bon divertissement.
Au-delà de l’humour, qui porte clairement le film, comme nous l’annoncions, DEADPOOL a le mérite d’offrir un souffle d’air frais dans l’univers des super-héros. Dernièrement, seul Les Gardiens de la Galaxie avait su nous satisfaire en se montrant drôle, divertissant et plutôt « simple ». Quel bonheur ici de ne pas assister à des combats dantesques durant la moitié d’un film qui pourrait durer 3 heures ! Restant plutôt recentré et modeste (en terme de lieux et d’événements, seuls deux séquences d’action notables), et limité à des combats à échelle humaine, le film nous évite au moins la saturation. Mais tout de même pas révolutionnaire dans sa réalisation d’ensemble, le réalisateur Tim Miller nous laisse avec un goût étrange. Comme devant un, un peu trop simpliste, spin-off d’X-Men qui chercherait à éviter de prendre trop de risques. La raison étant surement à prendre du coté du budget alloué au film, annoncé comme « modeste », qui ne peut s’offrir au casting que deux X-Men (dont Deadpool s’amuse d’ailleurs). DEADPOOL reste néanmoins visuellement agréable et efficace – à l’image de sa première séquence. Fun, délirant et parfaitement rythmé, il réunit au final tous les ingrédients nécessaires à un très bon divertissement.
Pierre Siclier
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