[critique] Dérapages Incontrôlés

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Ce matin, Gavin Banek et Doyle Gipson n’ont pas une minute à perdre. Le premier, un jeune avocat, se rend au tribunal pour une affaire de la plus haute importance. Le second, un agent d’assurances en instance de divorce, est appelé à défendre ses droits.

Une queue de poisson malvenue à New York entraîne une collision sans gravité apparente. Mais Banek commet une faute irréparable : pressé par le temps, il refuse de signer un constat, glisse un chèque en blanc à Gipson et l’abandonne à son sort… après lui avoir laissé par mégarde une pièce essentielle de son dossier. Humilié, furieux, Gipson décide de prendre sa revanche sur celui qui l’a mis en retard au tribunal.

Une mécanique sournoise se met aussitôt en mouvement, dévoilant les failles secrètes des deux adversaires, les poussant en quelques heures dans leurs derniers retranchements et les menant aux pires violences.

Note de l’Auteur

[rating:5/10]

Date de sortie : 06 Novembre 2002
Réalisé par Roger Michell
Film américain
Avec Ben Affleck, Samuel L. Jackson
Durée : 1h 40min
Titre original : Changing Lanes
Bande-Annonce :
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x6yzvg_derapages-incontroles_shortfilms[/dailymotion]

Avec une idée de départ très intéressante, Dérapages Incontrôlés nous embarque dans la lente descente aux enfers de deux hommes que le destin à fait se croiser.

Malheureusement, sur grand écran le résultat est bien moins alléchant que sur le papier et déçoit quelque peu.

Tout commence par un banal accrochage anodin entre deux hommes pressés sur l’autoroute. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter sur l’énergique Roger Michell (réalisateur de Coup De Foudre A Notting Hill) qui nous embarque dans cette histoire rocambolesque truffée de rebondissements, de coups bas et autres machiavélismes en tout genre.

Le crescendo est efficace et l’on se demande jusqu’où cette mésaventure va conduire ces deux personnages tiraillés entre patron étouffant et avide de pouvoir et vie de famille tortueuse. Ceux-ci sont brillamment interprétés par le beau gosse de l’époque, Ben Affleck (Armageddon, Pearl Harbor, Jeux De Pouvoir), qui ,sans pour autant être débordant de talent, est plutôt crédible dans ce rôle sans surprise de jeune premier tout droit sorti de Wall Street, et Samuel L. Jackson (Pulp Fiction, Shaft, Harcelés) qui continue indéniablement à s’amuser dans des rôles diversifiés et pousse ainsi un peu plus loin son talent de caméléon.

A noter également la présence très rare devant la caméra de Sydney Pollack (Eyes Wide Shut, The Majestic, L’ombre D’un Soupçon), excellent en big boss manipulateur et sans scrupules d’une firme d’avocat.

Malheureusement, le film bascule à mi-parcours dans le produit marketing n’ayant que pour seul et unique but de renflouer les caisses d’une industrie manipulatrice et hypocrite.

Roger Michell ne va pas au bout de son idée de départ et le spectateur, ne trouvant pas l’affrontement tant attendu, reste sur sa fin. Car il faut bien avouer que le conflit entre Ben Affleck et Samuel L. Jackson tourne vite au ridicule : « si tu me fais ça, je te fais ça » résume assez bien la situation. Absolument tout sonne faux et creux car tout est carré, souligné, conventionnel, mâché.

La mise en scène galvaudée, mécanique, répétitive et sans âme, le scénario si téléphoné que l’on peut aisément s’amuser à trouver les dialogues bien avant qu’ils ne soient prononcés, la réalisation grabataire incapable d’insuffler la moindre énergie dans des scènes vues et revues jusqu’à l’overdose, les bavardages asphyxiants et inutiles finissent d’achever définitivement le film qui ressemble dorénavant, à défaut d’être le projet ambitieux et sincère escompté, à une coquille vide.

Au final, Dérapages Incontrôlés, sans être totalement mauvais ni totalement bon, laissera bon nombre de spectateurs mi-figue mi-raisin.

Accumulant les stéréotypes incongrus, tombant dans les pièges impardonnables du genre, le film de Roger Michell rejoint le panthéon des drames rasants qui semblent n’avoir été mis en chantier que pour capitaliser sur la popularité de leur tête d’affiche.

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Fabrice Joël Françoise
Fabrice Joël Françoise
Invité.e
19 juin 2013 15 h 39 min

Ce film est un chef d'oeuvre absolu. Si c'est pour lire autant de mauvaises critiques, je n'aurais pas du aller sur ce site : et dire que vous vous prétendez cinéphiles…

philippe herbe
philippe herbe
Invité.e
5 février 2010 8 h 14 min

Dérapages incontrôlés : critique approfondie
Le film tente de tirer parti de l’opposition entre le personnage de Doyle Gibson (incarné par l’acteur Samuel Jackson) , un agent d’assurance noir en proie à des déboires post-conjugaux, et Gavin Banek, un jeune avocat blanc issu des bas quartiers (interprété par Ben Affleck, acteur dont le poids est insuffisant pour le rôle), qui occupe un poste élevé dans un cabinet de juristes. Doyle va connaître une descente aux enfers provoquée par Banek qui veut récupérer un dossier perdu au cours d’un accident de voiture et dont la perte menace son emploi et son patron, lequel est également son beau père . Malheureusement les deux acteurs sont d’un poids très différent et le film en est déséquilibré : Ben Affleck joue un rôle dont il n’a pas la pointure.
Jackson lui-même est plus convainquant dans la version d’origine en langue anglaise. il incarne un rôle trop classique de père déchu, qui tente de reconquérir sa place. Doyle, ancien alcoolique repenti, participe à des séances de thérapies collectives qui ressemblent à des grand-messes. Il est sous la protection d’un ange gardien (psy, curé ou bénévole) , personnage qui l’aide à résister à la tentation (du mal et de la bouteille) et le maintient sur la voie de la désintoxication (ou de la rédemption?). Doyle, est un impénitent mis en accusation par Valérie Gibson (Kim Staunton) sa très vertueuse mais redoutable ancienne épouse qui, « d’un claquement de doigt », a le pouvoir de lui retirer ses enfants. Le pauvre Doyle tente de faire la preuve qu’il est capable « d’être un bon père » selon les normes fixée par l’ex-épouse. Son ex- femme caricature de l’épouse afro-américaine applique un moralisme aussi rigide que punitif. Soumis à cette incarnation de l’ancien testament, Doyle se comporte comme une caricature d’homme, châtré, s’efforçant de prouver à son « ex » qu’il « veut et peut » être à la hauteur du rôle de père (son but essentiel). Pour cela, il achète une maison et la propose à son ex- famille (le rôle de père a un prix) dans le but de convaincre Valérie de résider dans la ville avec les enfants, alors qu’elle prévoit de partir. L’impitoyable Valérie conjugue les rôles de juge et de mère pour assurer la protection de ses enfants contre un père qu’elle accuse d’être en proie à l’alcool et à la violence. Elle porte à la charge de cet anti-héros, tous les incidents qui surgissent au quotidien et mettent en péril son existence de mère entièrement dévouée à ses enfants et à leur sécurité. Thème classique : le père est dangereux. Elle l’accuse de travailler pour la cause du mal et du chaos. Hélas un incident irréversible survient sur l’autoroute conduisant à la ville , le matin du jour où l’audience est prévue chez le Juge pour déterminer qui aura la garde des enfants. Le père, arrivé 20mn trop tard à l’audience, est déchu : le juge déclare sans appel que les enfants partiront avec leur mère pour une autre ville. Doyle perd ses enfants, sa paternité et sa masculinité. Tout cela est peu crédible, caricatural.
Face à ce personnage de looser pitoyable, parfois agressif (on se demande pourquoi) mais en recherche de son salut , le jeune avocat Banek est aux ordres de ses patrons qui magouillent pour prendre le contrôle de la gestion d’une fondation à vocation caritative. Cette œuvre offre des aides à des enfants issus des milieux défavorisés. Le jeune avocat a lui même bénéficié dans sa jeunesse de l’aide de certte fondation qui semble tenir le rôle de vitrine morale ou d’écran pour les activités variées de son fondateur, mais dont beaucoup étaient sans doute moins généreuses . Dans une Amérique où tout paraît possible, ce jeune avocat sorti de rien, a épousé la fille d’un de ses employeurs et connu une ascension miraculeuse qui correspond au mythe américain. Au moment du décès du Fondateur, des conflits d’intérêts placent le cabinet en ligne de mire : Banek qui avait fait signer au vieillard l’acte de donation de la fondation, risque d’être accusé car la validité de l’acte est mise en cause du fait que son signataire n’avait plus toutes ses facultés . Banek avait agit pour le compte de son beau père et quand les patrons du cabinet sont assignés en justice, c’est lui qui doit faire reconnaître par tous moyens la validité de l’acte usurpé. S’il réussit, il aura pu prouver à son épouse qu’il se montre digne de la place qu’il entend occuper auprès d’elle et de son beau-père. Progressivement Gavin Banek va s’interroger sur un détournement de fond qu’il ne soupçonnait pas.
Banek et Doyle ont en commun de devoir prouver à leur femme ou ex-femme qu’ils sont « à la hauteur » de leur rôle respectifs d’époux ou de père . Le thème relève d’un feminisme caricatural.
En première lecture ce film est traversé par la problématique du pouvoir : celui de la l’ex-femme toute puissance dans le rôle de la mère et de son avocate, féministe enragée. Dans le film le pouvoir de la femme va de pair avec le rôle de pantin tenu par l’homme. Le juge apparaît comme un instrument avalisant la puissance féministe.
Le film est imbibé de l’esprit de rédemption et de références religieuses qui définissent les conduites en blanc ou en noir, en bien ou en mal. Chaque personnage est en proie à la tentation du mal. Mais dans une existence où l’homme religieux est supposé pouvoir choisir sa voie, il doit s’efforcer de mériter sa rédemption. Chacun des deux personnages dispose de juges : Doyle à son ange gardien et son ex-épouse , l’avocat se justifie devant sa collaboratrice et ancienne petite amie. Les femmes jouent un rôle moral essentiel mettant en cause la conduite de chacun des deux protagonistes ! Lorsque l’un prend conscience de la bassesse de ses actes, c’est l’autre, en proie à des pulsions de vengeance, qui engage un nouveau coup bas. Les adversaires font leur autocritique en période de pause. Le ressort de cette alternance répétitive s’épuise et lasse.
Le second pouvoir est celui de l’argent dont dispose la classe des hommes d’affaires influents . Le pauvre Doyle se heurte à la machination d’un blanc riche, doté du pouvoir de changer le monde par sa volonté et par sa parole. L’intéressé en est lui-même le premier surpris quand il constate que ses intentions de nuisance aboutissent. L’infortuné Doyle dispose d’instruments plus modestes et plus manuels – primitifs en quelque sorte – la clef pour déboulonner les roues et la violence qu’il adresse aux blancs dont les « pères sont bedonnants » selon lui.
Le jeune Banek dispose du pouvoir de l’argent et achète les services d’un informaticien. Tel un magicien, celui-ci fait parler l’ordinateur et s’en sert (objet magique) pour infliger à Doyle une série de traitements de chocs qui bloquent son compte, le placent en interdit bancaire et le privent de ses prêts et de sa paternité . L’avocat est même en capacité d’organiser un piège dans l’école par la simple vertu de la parole . Le malheureux Doyle se précipite tête baissée dans l’école où sont ses enfants et se fait cueillir comme un forcené. Il finit « au trou » dont il ne sort que par l’intervention providentielle de son ange gardien qui paye la caution ! La société apparaît comme un système perméable (la banque, l’école), où tout est permis, tout est possible ! Aucune autorité n’en fixe les limites. Le pauvre Doyle est non seulement dominé mais dépassé ! Le « juge », cette éternelle référence du film américain qui place la Loi au niveau du sacré, est ici absent: il n’intervient que pour les enfants. Dans ce film, la loi est présentée comme un jouet entre les mains des juristes, ce en quoi le film peut paraître intéressant, mais en réalité, le film tend a remplacer la loi par Dieu. Notre avocat a des états d’âmes et prend avis auprès d’un prêtre qui lui explique ce qu’il en est du combat entre le bien et le mal. C’est là le sens implicite du film.
Le cadre du film.
L’histoire se déroule entre le tribunal (lieu de la pénitence) , les locaux du cabinet (lieu où se déroulent des activités un peu malhonnêtes) et l’autoroute (lieu de la rencontre entre des individus socialement étrangers l’un à l’autre): l’action est des plus pauvre, mis à part deux accidents et une inondation dans l’étage de la société.
Concernant les acteurs : l’avocat mène le jeu, mais son expression est infantile, son jeu pauvre, trop léger, ses arguments inconsistants, bref, il est dépourvu de crédibilité dans le rôle de l’avocat. Doyle humilié, écrasé, soumis, erre comme une sorte de statue qui avance sans but sous un imperméable et un chapeau, subissant les événements, confiné dans un rôle de victime dont il ne sort que tardivement. Il garde entre les mains le dossier rouge, souillé, symbole dérisoire de sa vengeance ou de sa chute, mais cet objet fétiche finit par ne plus avoir de sens à la fin du film. Ses menaces envers l’avocat ont un caractère frileux, alors qu’il détient un moyen efficace d’obtenir réparation. Devenu à son tour agresseur quand il découvre la machination et ses effets, il n’est convainquant pour autant car le sabotage est plus allusif que réel.
Conclusion:
La moralité du film, c’est peut-être que la paternité est l’avenir du pauvre tandis que l’argent, les bateaux et le pouvoir constituent l’avenir du riche. C’est donc un film qui met en avant un moralisme naïf, chargé de références idéologiques indigestes. Les rôles sont stéréotypés et lassent par le peu de crédibilité des situations (interdire à un homme de voir ces enfants par la volonté d’une femme, ou par le seul fait de le dénigrer auprès d’une directrice d’école) – Le film lasse également par des artifices faciles (le recours à l’ordinateur comme « machine diabolique ») – il lasse par trop d’invraisemblances et par un scénario dont le ressort (le dossier rouge) est très répétitif ! Un de ces films qui n’est qu’un vecteur idéologique médiocre des standards de la société d’outre atlantique.

philippe herbe
philippe herbe
Invité.e
4 février 2010 19 h 01 min

critique trop modérée dans la conclusion : ce film est un navet bourré d’une idéologie émanant d’une industrie manipulatrice ; les coups tordus n’ont pas excité mon appétit, ils m’ont navré, la descente aux enfers de Doyle est fumeuse, tirée par les cheveux, dénuée de crédibilité, c’est du cinéma pour ado encore crédule. L’ascension sociale de Benek un pur produit publicitaire destiné à faire croire qu’au USA, un pauvre garçon issu des banlieues à toutes ses chances de réussite, les personmnnages sont stéréotypés, le jeu des acteurs raplapla, c’est non seulement rasant, mais on peut dire que c’est « stupide ». Quand aux références religieuses: c’est une croisade pour la recherche du salut et de la rédemprion !

Happy Doll
Happy Doll
Invité.e
18 décembre 2009 11 h 40 min

aucun intérêt! :-)

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